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Le personnage de SHERLOCK HOLMES

Publié le 22/02/2012

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Arthur Conan Doyle est né en 1859 à Edimbourg. Après ses études de médecine, il exerce à Portsmouth tout en commençant à écrire. C'est en 1887 qu'il publie Une étude en rouge, créant le personnage de Sherlock Holmes en s'inspirant, s'y l'on en croit la tradition, d'un médecin excentrique d'Edimbourg. Le succès n'est pas énorme mais, sur les propositions d'un éditeur américain, Conan Doyle récidive en 1890 avec Le Signe des quatre. Le magazine hebdomadaire Strand lui propose alors de mettre son héros en scène dans de courts récits constituant chaque fois une histoire complète. Dès le début, c'est le succès avec Un scandale en Bohême (1891). Désormais Conan Doyle est prisonnier de Holmes. Il écrira une vingtaine de récits puis, lassé, essaiera de le tuer en 1893, dans La Mort de Sherlock Holmes, mais devra le ressusciter sous la pression du public et ne l'abandonnera qu'en 1927. Holmes aura finalement été le héros de près d'une centaine d'aventures.

« Outre les histoires de Sherlock Holmes, Conan Doyle a écrit de nombreux ouvrages à cadre historique, dont certains,comme La Compagnie blanche (1890), sont encore aujourd'hui en Angleterre de grands classiques de la littératureenfantine.

Il participa aussi à la Première Guerre mondiale et prit position pour la guerre des Boers.

Mais la célébritéde Sherlock Holmes a pratiquement occulté tout le reste de son oeuvre.Conan Doyle n'a pourtant inventé ni le roman policier, ni le personnage de détective amateur.

Son oeuvre estlargement inspirée de deux auteurs : l'Américain Edgar Allan Poe (1809-1849) et le Français Emile Gaboriau (1832-1873).C'est Edgar Poe qui créa le personnage du détective qui, par la puissance de son esprit, résout les affaires les pluscompliquées.

Deux contes de ses Histoires extraordinaires, « Le double assassinat dans la rue Morgue » et « Lalettre volée », mettent en scène ce personnage, un Français baptisé le chevalier Dupin.

Doué d'une grande capacitéd'observation, raisonnant avec une froideur analytique, Dupin est capable de reconstituer le cheminement despensées de son ami rien qu'en observant ses actes.

Il aide la police parisienne à résoudre des affaires délicates, qu'ilélucide par un mélange d'intuition et de rigueur logique.S'inspirant de Dupin, Emile Gaboriau crée en 1866 le roman policier avec un récit intitulé L'Affaire Lerouge.

On y voitapparaître M.

Lecoq, prototype du «fin limier» habile à exploiter le moindre indice.

Le très grand succès de cepersonnage poussera Gaboriau à le faire revivre dans Le Crime d'Orcival et Le Dossier 113 (1867), et à créer ainsi unnouveau genre littéraire.A titre de curiosité, on peut signaler un lointain exemple de détective : le juge chinois Ti (630-700).

Sa réputation,acquise alors qu'il était magistrat de district, perpétua sa mémoire parmi le peuple chinois.

A partir des années 1950,le sinologue hollandais Van Gulik, s'inspirant de la littérature criminelle de la Chine ancienne, imagina des récitsd'enquêtes fictives du juge Ti, le Sherlock Holmes chinois. Les aventures de Sherlock Holmes ont été rédigées en Angleterre à la fin du XIX' siècle, à une époque qui mêlecurieusement foi dans la science et aspirations spirituelles.Rappelons que les années de naissance de Sherlock Holmes voient aussi se répandre les théories de Darwin surl'évolution des espèces (1859), les progrès de la médecine avec Claude Bernard (1813-1878) et Pasteur (vaccincontre la rage en 1885), et ceux de la physique théorique et pratique avec Maxwell (1831-1879) et Hertz (1857-1894).

Médecin, Conan Doyle ne pouvait ignorer ces progrès.Holmes applique à la résolution de problèmes policiers les principes définis par Claude Bernard pour la médecineexpérimentale : analyse de l'ensemble des phénomènes, hypothèse sur leurs relations, vérification...Holmes qualifie lui-même sa méthode « d'élémentaire ».

C'est-à-dire qu'il se borne, suivant un processus scientifiqueclassique, à bâtir une théorie intégrant l'ensemble des faits constatés.

Sa supériorité sur les autres enquêteurs vientde ce qu'il sait observer tous les faits, sans en laisser échapper un seul.

Comme il l'explique à Watson, il faut«envisager toutes les hypothèses et éliminer celles qui sont impossibles.

Celle qui reste, aussi invraisemblable qu'ellepuisse paraître, doit être la bonne».Observer tous les faits, c'est là la principale difficulté.

Ainsi, dans l'une de ses enquêtes, Holmes parle à Watson de« l'incident du chien »..

Or aucun témoin n'a mentionné que le chien de garde se soit manifesté.

Justement, répondHolmes, c'est là l'incident.

Si le chien n'a rien dit, c'est que le meurtrier était connu de lui ou n'est pas venu dudehors.

Ici, c'est le non-événement qui constitue un fait.Watson a monté des centaines de fois l'escalier du 221, Baker Street.

Mais, comme son ami le lui fait remarquer, ilne sait pas combien cet escalier comporte de marches.

Il a vu, il n'a pas observé.

Selon Holmes, l'observation justedes faits fournit en soi la clé du mystère; il suffit ensuite de bâtir une théorie intégrant tout ce qui a été vu pouravoir la solution. Cette démarche, d'une grande rigueur scientifique, néglige tous les aspects psychologiques qu'implique un actehumain pour n'en retenir que le mécanisme.

C'est un matérialisme froid et inhumain.

Elle fait de Sherlock Holmes unêtre désincarné, déplaisant et ambigu, qui s'oppose curieusement à un Watson naïf mais plein de chaleur et debonhomie.En opposition à Holmes, l'écrivain catholique anglais G.K.

Chesterton créa en 1911 le personnage du père Brown.Petit prêtre rondouillard et sympathique, sans prétention mais d'une très grande vivacité d'esprit, le père Brownrésout des affaires criminelles par la psychologie.

Exacte contrepartie de Holmes, il refuse de considérer les faitslorsque ceux-ci contredisent ce qu'il ressent à propos de tel ou tel individu.

Et si fort est le pouvoir de la grâcedivine qu'il se trouve toujours avoir raison. Succès et avatars A partir de ses premiers courts récits, Conan Doyle connut avec Sherlock Holmes un succès tel qu'il ne tarda pas àle trouver envahissant.Depuis, ce succès n'a fait que croître.

Sherlock Holmes compte dans le monde des millions d'admirateurs, le 221,Baker Street a été transformé en musée et des biographies ont été consacrées à ce personnage imaginaire commes'il avait vraiment existé.Sur le plan littéraire, les personnages de détectives amateurs sont aujourd'hui légion; et il en est peu qui ne doiventquelque chose au personnage créé par Conan Doyle.Au cinéma, on compte environ 200 adaptations des aventures de Sherlock Holmes.

Les acteurs les plus fameux dansce rôle sont l'Américain John Barrymore (1922) et les Anglais Basil Rathbone (1939 à 1946) et Peter Cushing (1959),qui l'interprétèrent chacun une vingtaine de fois.

Citons, parmi les adaptations les plus attachantes, La Vie privée deSherlock Holmes, réalisé en 1970 par Billy Wilder.. »

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