N'y a-t-il de personnalité que sociale ?

« 79 aux groupements humains : un syndicat ou une amicale ont une personnalité morale.

Le philosophe n'a fait qu'approfondir la notion du sens com­ mun en déterminant les caractères distinctifs de l'homme, et, par suite, les éléments constitutifs de la personnalité.

On peut les ramener à deux : la réflexion, qui permet de prendre con­ science de soi ; et la liberté, qui donne la maîtrise de soi et entraîne la responsabilité.

Ainsi nous pouvons donner de la personne la définition suivante : un être conscient de lui-même et maître de ses actes.

La personnalité sera donc le caractère de l'individu en qui sont réalisées les conditions essentielles à la constitution de la personne : et c'est bien le sens de ce mot dans la langue philosophique.

Mais dans le vocabulaire usuel, l'acception de ce mot est sensiblement autre: on dira d'un individu médiocre qu'il n'a aucune personnalité ; ne sont considérés comme personnels, que ceux qui émergent, qui se distinguent des autres par des traits marquants et sont tout autre chose que la simple repro­ duction d'un type courant.

Bref, au sens usuel du mot, la per­ sonnalité est le caractère de l'individu qui l'emporte sur la moyenne par des qualités supérieures ou par une originalité de bon aloi.

C'est sur l'homme tout entier que la société exerce son influence.

Elle contribue à former en nous la personne et à nous donner une personnalité au sens philosophique.

Mais elle contribue aussi à développer en nous une personnalité -au sens vulgaire du terme - c'est-à-dire à nous faire prendre un type qui nous distingue des autres et nous situe par rapport à eux.

Il.

- PERSONNE ET SOCIÉTÉ Etre une personne consiste essentiellement, avons-nous dit, à avoir conscience de soi et à être maître de ses actes.

Quel est le rôle de la société dans cette prise de conscience et dans 1 'acquisition de cette maîtrise ? A.

Si l'homme est capable de réfléchir sur lui-même, et par là de se rendre compte de son attitude personnelle dans les diverses conjonctures de son existence, de sa façon habi­ tuelle d'agir et de réagir, c'est qu'il est né avec ce pouvoir ; mais ce pouvoir n'était pas développé; en dehors de la société, il serait presque resté à l'état de pure puissance.. »