Peut-on avoir la conscience tranquille ?

« Il n'est pas légitime d'avoir bonne conscience Il ne nous appartient pas de juger nos propres actions et de nous décerner à nous-mêmes des satisfecit.

La bonne conscience est mère de l'autosatisfaction.

Elle peut justifier des actions lâches sous couvert du devoir accompli.

La bonne conscience blan- chit les méchants L e délateur, qui, sous l'Occupation, dénon- çait les juifs à la Ges- tapo, le badaud qui, autrefois, assistait à des exécutions capitales comme il serait allé au spectacle, avaient sans doute bonne conscience.

Rien n'est plus dan- gereux que ces citoyens ordinaires qui, pre- «Nous avons tous souffert d'une certaine sorte de dames qui, par leur altruisme pervers, donnent plus d'en- nui que les égoïstes.» Gilbert Keith Chesterton, Ce qui cloche dans le Monde nant leurs haines pour des convictions légi- times, se blanchissent d'avance des pires vile- nies.

On ne peut pat, s'innocenter soi-même L a bonne conscience n'est qu'une forme d'autosatisfaction.

C'est l'attitude de celui qui n'a «rien à se reprocher», qui a tendance à faire preuve envers lui-même d'une indulgence infi- nie.

Soit il ne se pose jamais la question de savoir si ce qu'il fait est bien ou mal, soit il manque totalement de sens autocritique.

Avant de se juger soi-même favorablement, il faut se soumettre au juge- ment des autres.

La bonne cons ciente est égo'i.

L a bonne conscience peut justifier tous les égoïsmes.

Je peux tirer satisfaction d'avoir une bonne position, de gagner beaucoup d'ar- gent, de réaliser mes ambitions, tout en me montrant indifférent à la souffrance d'autrui.

Je ne peux pas avoir véritablement bonne conscience tant que d'autres autour de moi souffrent et que je ne fais rien pour les aider.

La bonne conscience ouvre la porte à l'autocomplaisance.

Il n'est pas bon de se juger trop favorablement soi-même sans se soumettre au jugement des autres.. »