Peut-on avoir droit à tout ?
Publié le 28/01/2004
Extrait du document
«
définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience de cette même tendance.
Ainsi ilest établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendons vers elle, la désirons, non pasparce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nousfaisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.
» (Éthique, III, P.
9, Sc.).
Ainsi le désir,reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à la nature, exprime directement l'essence del'être fini, ou puissance finie.
Il n'a aucune limite pour défendre ses droits personnels.
Or un tel état est absolument invivable.
Car si les autresont les mêmes droits que soi, on risque à chaque coin de rue d'être pillé, volé...
donc de ne plus pouvoir jouird'aucune liberté.
C'est pourquoi il est nécessaire que les hommes renoncent à certains droits (faire justice soi-même, par exemple) pour fonder un État de droit où la loi sera écrite, commune à tous et protectrice du biencommun.
Montesquieu l'exprime clairement dans L'Esprit des lois : « La liberté est le droit de faire tout ce que leslois permettent, et si un citoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'aurait plus de liberté, parce que les autresauraient tout de même ce pouvoir.
»
La liberté est le droitde faire tout ce queles lois permettent(De l'esprit des lois)
Si chacun dans un État était autorisé à faire tout ce quilui plaît, très rapidement naîtraient des conflits.
Le plusfort l'emporterait et le plus faible serait esclave.
L'absencede contrainte ne conduit donc nullement à la liberté.
Celle-ci ne peut exister que là où il y a des lois donnant àchacun des droits mais aussi des devoirs, conditions dudroit des autres.
Mais comment définir nos droits légitimes et surtout, comment faire en sorte que leur revendication ne soit passynonyme de restriction de la liberté ?
[II.
Être libre, c'est avoir tous les droits que fonde l'examen rationnel]
[1.
La liberté rationnelle]
Pour que l'étendue de nos droits soit à la fois maximale et légitime, il faut qu'elle soit fondée par quelque chose quinous appartienne à tous, au même titre, et nous permette de nous entendre sur notre intérêt commun.
Or c'est « lebon sens » ou la raison qui désigne « la chose du monde la mieux partagée » (Descartes, Discours de la méthode).Car la raison nous rend hommes et nous distingue des bêtes.
Nos droits peuvent et doivent donc s'étendre jusqu'oùs'étend notre raison.
On en donnera deux illustrations, une en politique et une en morale.
[2.
Illustration politique]
Pourquoi élisons-nous des représentants et à quoi servent les lois ? Nous les élisons pour qu'ils servent nos intérêtset les lois sont censées représenter l'intérêt commun.
Faisons donc l'hypothèse d'un État purement rationnel.Chacun y voterait en pensant, non à son intérêt personnel, mais à l'intérêt commun, qui est aussi le sien.
Son voisinagirait de même.
Les lois qui en résulteraient définiraient donc des droits communs, dans lesquels chacun sereconnaîtrait puisque chacun les aurait votés en jugeant que là était son intérêt.
C'est, de façon quelque peuschématique, la conception rousseauiste de la volonté générale.
Elle ne définit ni la volonté de chacun enparticulier, ni la somme de toutes les volontés, mais la volonté de chaque citoyen, en tant qu'il veut aussi le bien detous les autres.
Être libre politiquement dans ce cas, c'est avoir tous les droits définis par la loi.
Et cela n'est pointrestrictif, puisque chaque citoyen a jugé que ces droits représentaient au mieux ses intérêts..
»
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