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Peut-on concevoir la vie sans penser à la mort ?

Publié le 16/02/2011

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• Au niveau biologique peut-on penser la vie sans référence à la mort ? — Peut-on penser la vie sans l'idée d'un dépérissement organique nécessaire au cycle vital? — Peut-on penser correctement la vie sans mettre à jour et prendre en compte le caractère inéluctable et nécessaire de la mort en tant que phénomène biologique? • S'il s'agit des êtres humains, peut-on penser la vie sans référence à la mort ? — Remarquer qu'il s'agit avant tout ici de la mort en tant qu'une catégorie du vécu de conscience, un vécu de conscience tout à fait particulier. — Distinguer entre « est-il légitime de penser la vie sans référence à la mort ? « et « est-il en notre pouvoir de penser la vie sans référence à la mort ? «

« je suis en vie.

La mort, inaccessible à l'entendement, est un concept dont la raison n'a pas à se préoccuper.] Il faut vivre pour penser et penser pour vivreC'est parce que je suis en vie que je peux penser la vie.

C'est toujours parce que je suis en vie que jem'interroge sur le sens de mon existence et de mes actes.

Ainsi que le dit Wittgenstein, «la mort n'est pas unévénement de la vie» (Tractatus logico-phihsophicus).

Si l'on considère que l'éternité n'est pas une duréeinfinie, mais une intemporalité, alors, «celui-là vit éternellement qui vit dans le présent.» (id.) Le désir nousprojette sans cesse vers le moment suivant, dans une insatisfaction fondamentale.

Le bonheur consisteraitdans l'extinction du désir.

Le plaisir, lui, est toujours dans l'instant et est tout ce qu'il peut être, quand ledésir d'un plus grand plaisir ne vient pas s'y mêler.

Un plaisir pur nous ferait « sortir » du temps : n'est-ce paslà une éternité à notre mesure ? La mort n'est rien pour nousEpicure a dit ceci: «Tant que nous sommes, la mort n'est pas là, et une fois que la mort est là, alors nous nesommes plus» [Lettre à Ménécée).

Pour quiconque est en vie, la mort n'est rien, et pour quiconque est mort,la vie n'est plus rien.

Autrement dit, l'homme ne peut que penser la vie.En effet, la métaphysique matérialiste d'Epicure va permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandescraintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'estprécisément le saut dans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusémentque des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Leschrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dansles flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysiquematérialistes nous libère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous lesêtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes quise séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui quiest blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mortn'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennentde l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite dematière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi sedécompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est lapremière à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée etde mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps àcommencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : «Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans lasensation, et que la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la sourcede toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de toutmal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicurecomme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition dessensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie dela conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisquelorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais quec'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dansla vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. Pour la raison, la mort n'est qu'une fictionTout ce que je puis dire sur la mort renvoie immanquablement à ce que j'ai vécu et à ce que je vis.

Mieuxvaut donc arrêter de discourir sur elle.

La pensée classique, celle qu'incarne Descartes, occupée àappréhender la réalité au moyen d'idées «claires et distinctes», ne s'est pas attardée à définir une notion quin'a aucun contenu rationnel. "Le philosophe ne pense à aucune chose moins qu'à la mort et sa philosophie est une méditation dela vie, non de la mort" SPINOZA La philosophie de Spinoza est une ontologie optimiste : pour lui perfection et réalité, vertu et puissance sontmême chose.

Le bonheur absolu existe ici-bas dans la communion intellectuelle avec l'essence des choses.

Nil'erreur, ni le mal, ni la mort n'offrent la moindre prise à une pensée positive ; ils ne se définissent qu'à partirde l'Être dont ils sont défaut, privation ; la pensée de la mort est contradictoire, c'est une pensée folle carprétendre penser le rien revient très exactement à ne rien penser ; chacun de nous est une essenceparticulière affirmative qui tend obstinément à « persévérer dans son être »; et il faut bien comprendre que ce« conatus », cet effort vers la plénitude de l'existence n'a rien à voir avec un peureux et douillet instinct deconservation.. »

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