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Peut on se connaître soi même ?

Publié le 14/04/2005

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Il semble alors qu'une partie de mon psychisme de dérober à moi-même. Puis-je alors encore dire que je peux me connaître moi-même, dans le for intérieur de ma subjectivité ? 11. Il est impossible de se connaître , parfaitement* Notre position «à l'intérieur» de nous-même n'est en réalité pas une aide mais un obstacle. Car nous manquons de recul et donc d'objectivité. Pour connaître un objet, il faut pouvoir en être spectateur. Or, cette distance de moi à moi semble impossible. Je suis à la fois acteur et spectateur de moi-même. Par ailleurs, la connaissance que j'ai de moi n'est-elle pas pétrie d'illusion et de mauvaise foi. Le mensonge à soi-même est la chose du monde la mieux partagée.

« moi et moi-même.

Ainsi pour Hegel une conscience ne peut être véritablement une conscience que si elle estreconnue comme tel par une autre conscience.Sartre, dans L'Être et le Néant (3e partie, ch.

I, I), pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise deconscience de soi.

Il en fait la démonstration par l'analyse de la honte.

J'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui,par exemple si je suis surpris à faire un geste maladroit ou vulgaire.

La honte dans sa structure première est hontedevant quelqu'un.

Elle est immédiate, non réflexive.

La honte est un frisson immédiat qui me parcourt de la tête auxpieds sans préparation discursive.

L'apparition d'autrui déclenche aussitôt en moi un jugement sur moi-même commeobjet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui.

La honte est, par nature, reconnaissance.

Je reconnais que jesuis comme autrui me voit.

La honte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables.

Ainsi j'aibesoin d'autrui pour saisir à plein toutes les structures de mon être.

Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'estpas moi et que je ne suis pas.

La présence d'autrui explicite le «Je suis je» et le médiateur, c'est-à-direl'intermédiaire actif, l'autre conscience qui s'oppose à ma conscience, c'est l'autre.

Le fait premier est la pluralitédes consciences, qui se réalise sous la forme d'une double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autruiet autrui n'est pas moi.

C'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre comme l'autre est ce qui m'exclut enétant soi.Avec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font preuve.

Lamême analyse pourrait être faite, comme Sartre lui-même le suggère, sur la fierté ou l'orgueil, et ce serait un bonexercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaît tributairede Hegel, qui a montré, dans la Phénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoir pouraboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de la formulede Sartre, c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de la connaissance desoi et qu'elle en apparaît comme le fondement. « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreillecontre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seul [...] Celasignifie d'abord qu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience.

Rien donc,à quoi je puisse rapporter mes actes pour les qualifier.

Ils ne sont nullementconnus, mais je les suis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leurtotale justification.

Je suis pure conscience des choses [...].

Cela signifieque, derrière cette porte, un spectacle se propose comme « à voir », uneconversation comme « à entendre ».

La porte, la serrure sont à la fois desinstruments et des obstacles : ils se présentent comme « à manier avecprécaution » ; la serrure se donne comme « à regarder de près et un peu decôté », etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ; aucune vuetranscendante ne vient conférer à mes actions un caractère de donné surquoi puisse s'exercer un jugement : ma conscience colle à mes actes, elle estmes actes ; ils sont seulement commandés par les fins à atteindre et par lesinstruments à employer.

Mon attitude, par exemple, n'a aucun « dehors », elleest pure mise en rapport de l'instrument (trou de la serrure) avec la fin àatteindre (spectacle à voir), pure manière de me perdre dans le monde, de mefaire boire par les choses comme l'encre par un buvard [...].Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

Qu'est-ceque cela veut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans mon être et quedes modifications essentielles apparaissent dans mes structures [...].D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie. C'est même cette irruption du moi qu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire[...] ; pour l'autre je suis penché sur le trou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent.

[...] S'il y a unAutre, quel qu'il soit, où qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moique par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence del'autre.

» Sartre, « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp.

305-306.

Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience.

Dans le premier, une conscience solitaire estoccupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une serrure ce qui se passe derrière la porte.

Cette conscience estalors entièrement livrée à la contemplation du spectacle jusqu'à s'y fondre; elle est tout entière ce spectacle qu'elleregarde, elle est la série des actes motivés par la jalousie (se pencher, ne pas faire de bruit, regarder).

Cetteconscience ne se connaît même pas comme jalouse (ce qui supposerait un recul réflexif): elle est rapport au mondesur la mode de la jalousie.

La conscience n'a pas de consistance propre qui lui permette de s'appréhender commemoi; elle se confond immédiatement avec toutes ces choses sur lesquelles elle s'ouvre.Brusquement surgit un autre (j'entends des pas, on me regarde): je suis surpris, il va penser que moi, je suisjamoux.

C'est alors (dans le cadre d'une expérience de la honte d'avoir été surpris) que ma jalousie prendconsistance (et par là-même aussi mon être comme jaloux); elle n'est plus seulement une manière diffuse d'agir dansce monde: elle est cette qualification de ma personne, ce jugement sur moi porté par un tiers.

Je suis quelqu'un, jene suis plus une pure ouverture sur le monde: on me détermine comme un homme jaloux (on me donne une "nature",je deviens "quelque chose" sous le regard de l'autre (autrui me chosifie).Mais au moment où je deviens quelqu'un, je suis dépossédé de moi-même: c'est à l'autre de décider si je suis uncurieux, un jaloux ou encore un vicieux.. »

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