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Peut-on dire de l'esprit qu'il est matériel ?

Publié le 27/02/2008

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Donc apparemment, il n?est pas possible de dire que l?esprit est matériel puisque ces deux termes s?opposent et définissent des idées totalement différentes, sans aucun point commun entre elles. Descartes pose que la matière étendue (grandeur, figure, mouvement) et que l?esprit est une substance pensante qui relève d?un autre ordre de réalité, indépendant de la matière. Il est inétendu et immatériel. De plus, pour Descartes, la pensée est première par rapport à la matière puisque c?est la seule chose dont on ne peut douter : « je pense donc je suis ». Il y a donc bien un dualisme entre la matière et l?esprit et même si en l?homme, ces deux éléments sont regroupés, l?esprit est indépendant et différent de la matière du corps. Il est « comme un pilote en son navire ». De plus, dans la perspective spiritualiste, l?esprit est transcendantal. Dimension religieuse : dans la religion chrétienne, l?esprit est ce qui préexiste et ce qui survit au corps. Alain, Les Dieux : «  Quelles que soient les limites, l?esprit nous attend au-delà, comme en deçà. [?]L?esprit n?est ni dedans, ni dehors, il est le tout de tout[?] Si loin qu?on étende l?être, l?esprit est plus grand ».
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« Jean-Pierre Changeux est neurobiologiste, il étudie les processus chimiques et endocrinologiques qui permettent decomprendre le fonctionnement du système nerveux central.

Son objectif est de montrer que le dualisme traditionnelentre l'activité mentale et l'activité neuronale n'a pas de pertinence.

A bien des égards, le titre de l'ouvrage d'où lacitation est extraite est révélateur de la position qu'il défend, mais aussi des problèmes philosophiques qu'elle induit.Parler de « l'homme neuronal » revient explicitement à considérer que toute activité intellectuelle se ramèneessentiellement au corps et, plus précisément ici, aux mécanismes physico-chimiques à l'œuvre dans et entre lescellules nerveuses.

La pensée n'est donc rien d'autre qu'une sorte de sécrétion du cerveau et toute tentative visantà lui attribuer une nature autonome est absurde.

Changeux revendique donc la réduction de l'esprit à des conditionsstrictement matérielles en estimant qu'une telle identification s'impose.

Ne pas le reconnaître revient à construire unobstacle épistémologique à la connaissance de l'homme.

Pourtant, sa thèse repose sur des arguments contestableset présente même un parti pris idéologique, bien qu'il s'en défende.

S'il est évident que sans le cerveau la pensée nepeut exister, est-ce à dire pour autant qu'elle n'est qu'une émanation de la matière cérébrale ? Ne suppose-t-ellepas d'autres conditions ? L'homme n'est pas seulement la somme de ses gènes ou le simple effet des échanges entreses neurones.

Si c'était le cas, alors il faudrait totalement exclure l'hypothèse de la liberté et revendiquer undéterminisme généralisé.

A cet égard, la neurobiologie pourrait remplacer l'anthropologie, mais que deviendraientalors ces autres conditions de la pensée que sont la culture, l'éducation, le langage, les sentiments et les affects ?Par ailleurs, comment continuer à faire sa place à la morale si notre esprit se réduit à nos cellules nerveuses et àleurs combinaisons ? Faut-il estimer que l'adhésion à des principes éthiques ne s'explique que par les courantsélectriques qui parcourent les neurones ou les effets de la chimie ? On ne saurait trouver le fondement del'engagement moral dans ce type de causalité mécanique, ni l'explication du génie de Beethoven, ni de l'amour dedeux êtres sans ruiner la dignité et la spécificité de l'esprit humain. Ces approches matérialistes sont réductionnistes.

L'esprit est réduit à ce qui est matériel. 3- Conséquences de cette approche sur le concept d'esprit : Remise en question du statut même de la notion d'esprit.

L'esprit devient une métaphore, il perd la dimensionspirituelle qui était la sienne.Changeux et Ricœur, La Nature et la Règle : « Une approche naturaliste ne peut inclure la référence à de quelconque forces occultes ou àquelques mystères des origines.

Comme l'enseignaient déjà Spinoza puis Auguste Comte, lescientifique doit se dégager de tout recours à la métaphysique comme de tout anthropocentrisme etadopter le mode de pensée qui est celui des sciences expérimentales.

[…]Le mythe, traditionnel dansla culture occidentale, de l'existence d'un Esprit immatériel et immortel, qui prédestinerait au destin denotre vie, est encore bien ancré dans nos mentalités […] Depuis la mort du vitalisme et avec lesavancées de la biologie moléculaire, le cerveau reste le lieu privilégié des conflits, souvent occultes,entre Science et Foi ». De cet extrait, il ressort que la compréhension traditionnelle et religieuse de l'esprit comme une entitésupérieure et irrationnelle est un obstacle pour la neurobiologie.De plus, si tout s'explique de façon scientifique, et que tout résulte de processus biologiques, alors la notiond'esprit devient inutile.

Pour décrire ce phénomène, Ryle, qui appartient au courant du béhaviourisme, parle du« fantôme dans la machine ».

On considère que l'esprit commande nos comportements alors que ces dernierssont les seuls éléments importants à prendre en compte.

Pour Ryle, la conception dualiste cartésienne acontribué à détruire la notion d'esprit en cherchant à le penser comme une chose : « Descartes et sessuccesseurs ont adopté une échappatoire.

Puisqu'il fallait se garder d'interpréter les termes de la conduitementale comme désignant le déroulement de processus mécaniques, il fallait les interpréter comme rapportantdes processus non mécaniques […] L'esprit était considéré comme une « chose » différente du corps ».

(Cf.Ryle, La notion d'esprit ). Ainsi, ni la conception matérialiste (qui réduit l'esprit à la matière), ni la conception spiritualiste (qui valorisel'esprit par rapport à la matière), ne sont satisfaisantes.

Elles entretiennent toutes deux ce conflit entre l'espritet la matière.

Selon Ryle, l'esprit est une habitude de langage qui ne renvoie qu'à des comportements nonmystiques.

C'est une illusion, un mythe. Conclusion : Ainsi, si de prime abord, il semble qu'il ne soit pas possible de dire de l'esprit (de par sa nature spirituelle) qu'il estmatériel, on s'aperçoit que la science moderne permet d'appuyer les théories avancées par la pensée matérialiste.En ce sens et à la lumière de la neurobiologie qui dévoile le fonctionnement des processus de la pensée et ducerveau et qui met au jour le lien entre l'esprit et la matière, on peut dire que l'esprit est matériel.

Cependant, ilapparaît au bout du compte que c'est le terme même d'esprit qui est problématique.

En effet, parler de l'esprit estune habitude de langage qui nous vient de l'héritage religieux et spiritualiste.

De ce point de vue, l'esprit est unmythe.. »

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