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Peut-on dire que l'Etat possède le monopole de la violence légitime ?

Publié le 13/12/2005

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En d'autres termes, est-ce parce qu'il est en position de force que l'Etat est légitime ? N'y a-t-il pas d'autres raisons qui rendent l'autorité de l'Etat légitime ?           Seconde partie : La légitimité de l'Etat     Dans cette seconde partie, on montrera la légitimité de l'Etat de droit. Est-ce parce que l'Etat est dans un rapport de force favorable qu'il est légitime ? Il convient de remonter aux fondements de l'Etat.   Deux textes pour vous aider :   HOBBES, Léviathan             « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. »     HEGEL, Propédeutique philosophique, Ed. de minuit, 1963, p. 55.   « L'état de nature est l'état de rudesse, de violence et d'injustice.

 

Le sujet sur lequel on vous propose de réfléchir est construit à partir de la définition de l'Etat que donne Max Weber dans " le savant et le politique ". Si l'Etat est défini de la sorte c'est parce qu'il n'apparaît qu'avec l'émergence d'un organe du pouvoir politique distinct du corps social. Il prétend alors arbitrer les différents entre les individus ou les groupes et régler les conditions de leur vie en commun. Dans ces conditions, un tel pouvoir nécessite un usage de la force. Weber dit ainsi : " S'il n'existait que des structures sociales d'où toute violence serait absente, le concept d'Etat aurait alors disparu ". L'Etat est donc ce qui seul aurait le droit de faire usage de la violence. C'est pourquoi il possède alors le monopole de la violence légitime. Toutefois, la formule de Weber est un peu différente, il ne dit pas que l'Etat possède le monopole de la violence légitime, mais " qu'il revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence légitime ". Cette petite distinction n'est pas sans importance. Posséder le monopole de la violence légitime c'est reconnaître que l'usage de la violence est vraiment légitime. Revendiquer pour son propre compte, c'est déclarer comme légitime l'usage que l'on fait de la violence. Or, on peut présenter un acte, une action comme légitimes sans qu'ils le soient. En effet, ne peut-on pas remettre en cause cette légitimité ? L'Etat n'est-il pas finalement l'expression du droit du plus fort ? Il faut alors peut-être s'interroger sur ses origines. Quels sont les liens entre le rôle de l’Etat et la nécessité d’employer la violence ?

Il faut donc, d’une manière générale, interroger la légitimité de la violence exercée par l’Etat. Mais on peut aussi interroger la notion de monopole : peut-être y a-t-il d’autres instruments de violence légitime. Cette perspective semble plus difficilement défendable, car il faudrait démontrer qu’une violence peut être légitime. Mais après tout, n’est-ce pas ce que l’on peut chercher à démontrer à propos de l’Etat ?

« ROUSSEAU, Du contrat social , livre I, chap.3. « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'ilne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir.

De là le droit duplus fort ; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi enprincipe : mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est unepuissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de seseffets.

Céder à la force est un acte de nécessite, non de volonté ; c'est toutau plus un acte de prudence.

En quel sens pourra-ce être un devoir ?Supposons un moment ce prétendu droit.

Je dis qu'il n'en résulte qu'ungalimatias inexplicable.

Car sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effetchange avec la cause ; toute force qui surmonte la première succède a sondroit.

Sitôt qu'on peut désobéir impunément on le peut légitimement, etpuisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'onsoit le plus fort.

Or qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'ilfaut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir, et si l'on n'est plusforcé d'obéir, on n'y est plus obligé.

On voit donc que ce mot de droitn'ajoute rien a la force ; il ne signifie ici rien du tout.

Obéissez auxpuissances.

Si cela veut dire, cédez a la force, le précepte est bon, maissuperflu, je réponds qu'il ne sera jamais viole.

Toute puissance vient de Dieu,je l'avoue ; mais toute maladie en vient aussi.

Est-ce à dire qu'il soit défendud'appeler le médecin ? Qu'un brigand me surprenne au coin d'un bois, nonseulement il faut par force donner la bourse, mais quand je pourrais la soustraire suis-je en conscience obligé de la donner ? Car enfin le pistolet qu'il tient est aussi une puissance.Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes.

» Rousseau explique dans ce texte que le droit du plus fort n'est pas un droit légitime.

Etant donné que le rapportentre le plus fort et le plus faible est changeant, le plus fort peut devenir le plus faible.

Selon Rousseau, c'est pourse protéger de la fragilité du rapport de force que celui qui est en position de force à un moment doit « transformersa force en droit et l'obéissance en devoir.

» Le prétendu « droit » du plus fort n'en est pas un.

En effet, il ne s'agit pas d'un « droit », mais d'un rapport de faitdéguisé en droit.

Si l'Etat prétend détenir le monopole de la légitime violence, ne fait-il pas l'erreur de ceux qui prétendent que le droitdu plus fort puisse être un droit ? A partir de la critique du pseudo droit du plus fort, on peut être amené, dans cette première partie, à soutenir lathèse selon laquelle la violence légitime (dont il s'agit de trouver des exemples) n'est en fait pas légitime.

On peut aussi distinguer conceptuellement les notions de « légitimité » et de « légalité » :Si les deux termes ont la même origine ( lex, le mot latin qui signifie « la loi »), il y a néanmoins une nuance importance qui les différencie.La légalité désigne soit la conformité à la loi, soit l'ensemble des lois qui déterminent comme licites ou illicites descomportements.La notion de légitimité a une extension plus large que celle de légalité.

Alors que la légalité définit des obligations etdes contraintes, la question de la légitimité conduit, elle, à s'interroger sur les fondements des obligations etcontraintes.La question de la légitimité est une interrogation à propos du bien-fondé, de la justification d'un état de fait.

Onpeut ainsi interroger la légitimité de ce qui est légal.

Ainsi, ne peut-on pas dire que l'Etat est violent en toute légalité , mais au fond sans réelle légitimité ? TRANSITION : Il semble donc d'un côté que l'Etat puisse utiliser la violence, mais qu'en même le fait de légitimer cette violence revient à légitimer le droit du plus fort.

Pour autant, l'Etat est-il effectivement légitimé par l'emploi dela force ? En d'autres termes, est-ce parce qu'il est en position de force que l'Etat est légitime ? N'y a-t-il pasd'autres raisons qui rendent l'autorité de l'Etat légitime ? Seconde partie : La légitimité de l'Etat Dans cette seconde partie, on montrera la légitimité de l'Etat de droit.

Est-ce parce que l'Etat est dans un rapportde force favorable qu'il est légitime ?Il convient de remonter aux fondements de l'Etat.. »

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