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Peut-on dire que la perception est une connaissance ?

Publié le 10/01/2004

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perception
, pour les discuter plus en profondeur. Faites apparaître la différence avec les théories modernes de la perception, en tant qu'expérience corporelle. BIBLIOGRAPHIEDESCARTES, Méditations Métaphysiques (Première Méditation).ALAIN, Les Passions et la Sagesse.MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la Perception.SARTRE, L'Etre et le Néant.HUSSERL, Méditations Cartésiennes.  I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?C'est un sujet classique sur la question de la valeur cognitive de la perception.Nos sens nous trompent-ils ?
perception

« Quand donc on dit qu'un bâton paraît rompu dans l'eau, à cause de laréfraction, c'est de même que si l'on disait qu'il nous paraît d'une tellefaçon qu'un enfant jugerait de là qu'il est rompu et qui fait aussi que,selon les préjugés auxquels nous sommes accoutumés dès notreenfance, nous jugeons la même chose.

Mais je ne puis demeurerd'accord de ce que l'on ajoute ensuite, à savoir que cette erreur n'estpoint corrigée par l'entendement, mais par le sens de l'attouchement ;car bien que ce sens nous fasse juger qu'un bâton est droit, outre celail est besoin que nous ayons quelque raison, qui nous enseigne quenous devons en cette rencontre, nous fier plutôt au jugement, quenous faisons ensuite de l'attouchement, qu'à celui où semble nousporter le sens de la vue : laquelle raison ne peut être attribuée au sens,mais au seul entendement.

René Descartes, Sixièmes réponses auxobjections adressées aux Méditations (1641) Ce que défend ce texte: Une des illusions d'optique les plus communes concerne celle que l'on obtientlorsqu'on plonge un bâton dans l'eau.

À l'endroit où celui-ci entre dans l'eau,nous voyons une petite brisure et il semble alors brisé.

Dans ce texte,Descartes revient sur cette illusion pour contester les conclusions qu'on entire parfois. Lorsqu'on dit qu'un «bâton semble brisé dans l'eau», en raison des lois de la réfraction, c'est exactement la mêmechose que si l'on disait qu'il nous apparaît tel qu'un enfant le perçoit.

Un enfant, en effet, croirait qu'il esteffectivement rompu, et nous nous mettons en quelque sorte à sa place lorsque nous prononçons cette phrase.Nous retrouvons là les réactions et les préjugés auxquels nous avons été habitués lors de notre enfance, oubliantnotre savoir d'adulte.

Car ce savoir d'adulte nous a appris qu'en réalité le bâton n'est pas brisé mais présente unphénomène de réfraction où la déviation («réfraction») d'un rayon lumineux, lorsqu'il passe de l'air à l'eau, semanifeste visuellement par cette apparence de cassure.

Or c'est ce rayon lumineux qui nous renvoie l'image dubâton, qui apparaît lui-même brisé.Descartes admet toutefois qu'on puisse, en reprenant des yeux d'enfants, prononcer une telle phrase, maisconteste l'affirmation qu'on donne par la suite pour expliquer comment cette illusion visuelle est corrigée et déjouée.On oppose alors la vue et le toucher, en affirmant que cette «erreur» est corrigée par le sens de l'attouchement.Nous passons notre doigt sur le bâton et constatons alors qu'il est droit et que la vue nous trompait.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: Cette explication n'est pas satisfaisante pour Descartes, qui s'oppose ici à tout empirisme, c'est-à-dire à toutedoctrine qui fait des sens la seule source de nos connaissances.En effet, on pourrait demander à bon droit, aux partisans de cette explication : pourquoi ferais-je davantageconfiance au toucher qu'à la vue? Qu'est-ce qui me prouve que c'est la vue et non le toucher qui me trompe? Surquel critère choisir le sens auquel j'accorderais ma confiance ?Ni l'odorat, ni l'ouïe ne peuvent ici, par un témoignage supplémentaire, me permettre de trancher en apportant le«surnombre».

Ce n'est donc pas le toucher qui corrige l'illusion mais bien l'entendement, car c'est l'intelligence quinous fournit quelques raisons de choisir le témoignage du toucher.C'est elle qui nous enseigne que « nous devons en cette rencontre [circonstance] nous fier plutôt au jugement quenous faisons ensuite de l'attouchement qu'à celui où semble nous porter le sens de la vue».

Ce point est capital etpeut être étendu à toute autre connaissance sensible.

En réalité, la sensation seule n'est jamais, par elle-même,une connaissance et ne nous garantit pas de l'illusion si elle n'est pas confirmée par le travail de l'entendement.C'est ce que n'ont pas vu les partisans de l'empirisme, qui affirment que toute connaissance provient des sens.

Enréalité, toute connaissance, même sensible, est «d'entendement», ce qui signifie qu'elle passe par le momentabstrait des concepts, comme ici ceux de la physique et de l'optique.

Ainsi, l'optique nous apprend que la lumière nese propage pas de la même manière dans l'air et dans l'eau.

Ces différences, qu'on appelle aujourd'hui « indices deréfraction », donnent lieu à des formules mathématiques, purement intelligibles, par lesquelles on les expose et lesexplique.Sans ce détour par l'intelligible, la connaissance sensible n'est pas une connaissance et peut nous entraîner aussibien sur le terrain de l'illusion que sur celui de la réalité.

Elle s'offre alors comme argument aux sceptiques quiprofitent de cette possibilité pour affirmer que nous ne pouvons rien connaître de sûr, oubliant ainsi que la vérités'établit grâce au travail de compréhension qui revient à l'entendement.

Toutes ces perceptions ne sont pas des connaissances mais des illusions, et les jugements que l'on porterait enprenant pour point de départ la perception ne sauraient valoir comme connaissance. B - LA PERCEPTION, CONNAISSANCE SUBJECTIVE ET TROMPEUSE. Qu'est-ce au fond que la perception ? Certainement, la réception passive des données sensibles ne suffit pas àdéfinir la perception.. »

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