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Peut-on être heureux sans croire en quelque chose ?

Publié le 23/02/2004

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Freud dans l'Avenir d'une illusion décrit cet acte de croyance comme refuge dans la fiction utile et nécessaire - pour Kant, il faut agir " comme si... " pour espérer bien agir et prétendre au bonheur -, mais fiction qui ne peut satisfaire que le philosophe : quel homme ordinaire accepter le pari de la croyance en un bonheur incertain et à venir (Cf. le pari de Pascal) ?   III. Le mythe du bonheur et la croyance nécessaire   La fiction que représente le bonheur à venir, constitué dans et par la croyance, peut aisément être dénoncée comme non-sens en en exhibant les contradictions. Et d'abord peut être démontrer qu'il faut toujours croire en la possibilité (réelle) de l'objet de croyance. La croyance est ainsi toujours déjà rationalisée lorsqu'elle est pensée en termes de finalité. Et l'on imagine savoir dans la certitude de la croyance éprouvée. De tels arrières mondes, Nietzsche en dénonce l'aspect néfaste. Ils ne sont que la construction de bonheur illusoire puisque jamais présent - illusion de la mauvaise conscience lourde de l'héritage du péché d'origine (Augustin). Croire devoir-croire pour être heureux constitue le bonheur dans son inactualité.

Dans son ordination des croyances(De utilitate credendi), Augustin à partir de Jean 6, 29 en distingue les types relativement à la fonction prépositionnelle qui leur est accolée – croire en quelque chose, croire à quelque chose, et l’intransitif croire quelque chose. Croire à quelque chose se dit de l’adhésion à un contenu propositionnel. La formulation de l’énoncé interroge le statut des propositions de foi (c’est-à-dire des contenus propositionnels suscitant l’adhésion dans la croyance) comme condition de possibilité du bonheur. La relation causale ainsi développée a une dimension finalisée : croire à quelque chose pour être heureux. Ce caractère téléologique de la croyance implique de penser la temporalité du bonheur comme non-actuelle. Mais ce bonheur projeté et espéré, dont le non-avènement présent est constitutif de la croyance, est-il ce qu’on entend par “ être heureux ” ? Le problème se situe alors dans la contradiction temporelle apparente entre le bonheur (dont l’atteinte dépendrait d’une croyance à quelque chose) et le “ être heureux ” actuel : en somme, cela consiste à interroger la possibilité d’un bonheur qui soit présent.

 

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