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Peut-on etre l'historien de son temps ?

Publié le 16/12/2005

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temps
L'historien doit mettre à distance de l'histoire, du passé pour pouvoir l'observer et l'analyser. Il est, en effet, impossible d'analyser son objet quand on y participe encore. Le rôle de l'historien est donc de déchiffrer, d'expliquer et de comprendre le passé. C'est pour cela qu'il prend des distances par rapport à son objet et ne peut dès lors connaître son propre temps. Dans ses leçons sur la philosophie de l'histoire, Hegel affirme que l'historien ne fait pas que rapporter les événements, en être témoin. Il insiste sur l'insuffisance de l' "histoire originale", c'est-à-dire de la simple chronique événementielle établie par le témoin direct des événements. L'historien ne veut pas rapporter, il veut comprendre. De même, Marrou définit l'histoire comme la "connaissance du passé humain" et dans cette expression il insiste sur le terme connaissance, qui n'est ni narration, ni récit. Connaître pour l'historien, c'est "s'élever au-dessus de la poussière des petits faits, de ces molécules dont l'agitation en désordre a constitué le présent pour y substituer une vision ordonnée, qui dégage les lignes générales, des orientations susceptibles d'être comprises." Il n'y a donc d'histoire que rationnelle, que s'il y a reprise active du passé par l'historien.
 
L'historien est celui qui à travers le récit des événements du passé, analyse, classe et étudie ce passé. L'histoire dont il s'agit n'est pas fantaisiste ou anecdotique, elle n'est pas l'effet d'une inspiration artistique, littéraire mais l'effet du travail d'une raison, d'une construction intellectuelle. L'historien qui étudie l'histoire et qui en propose une connaissance rationnelle et objective, mobilise une certaine méthodologie. L'historien n'est donc ni un simple chroniqueur ni un simple recenseur des événements.
L'histoire est une discipline qui porte sur un passé, un temps révolu, temps dont l'historien précisément n'est pas le contemporain. Le passé est en effet, un critère majeur pour la définition de l'histoire, comme enquête. Pourtant, l'historien qui se penche sur son temps n'a-t-il pas toutes les données à disposition pour son étude? N'a-t-il pas une vision globale là où les autres n'ont qu'une vision fragmentaire basée sur des rares documents? De plus, tout historien est marqué par la mentalité de son époque. Dès lors, l'historien qui prend l'actualité comme objet d'étude n'a-t-il pas les mêmes contraintes que les autres historiens?
 

  1. L'historien a une profusion de documents à sa disposition
  2. On ne peut avoir de recul sur ce qui se passe dans notre présent
  3. Aucun historien ne peut être totalement objectif



 


temps

« bombes atomiques.

On comprend dès lors que Marrou puisse écrire : « L'histoire est la réponse… à une question que pose au passé mystérieux la curiosité, l'inquiétude, certains diront l'angoisse existentielle. » Mais sans vouloir minimiser cette découverte contemporaine de la subjectivité historique, il nous reste àl'interpréter.

Loin d'en tirer parti pour rejeter l'idéal d'objectivité rationnelle formulé (en termes peut-être tropétroits) par Langlois et Seignobos , nous la mettrions volontiers au service de l'idéal rationaliste.

La prise de conscience des difficultés extrêmes de l'objectivité en histoire est pour l'historien une invitation à redoubler deprécautions, une mise en garde contre lui-même.

La prise de conscience de la subjectivité peut alors êtreconsidérée comme un moment dans la conquête de l'objectivité.

Si Langlois & Seignobos n'ont pas soupçonné toutes les difficultés de la tâche, n'ont pas reconnu tous les pièges de l'irrationnel, nous ne dirons pas qu'ils furenttrop rationalistes mais qu'ils ne le furent pas assez.

Et si toute perspective historique (comme chacune desgéométries possibles) implique inévitablement un système de postulats, en « explicitant autant qu'il le peut ses postulats », l'historien accomplit un progrès vers la rigueur scientifique.

Comme Marrou l'a brillamment montré, la découverte de la subjectivité historique, bien loin de légitimer le truquage des matériaux de l'histoire, doit donner àl'historien le sentiment plus vif de sa responsabilité, et lui imposer l'honnêteté la plus stricte.

On ne peut avoir de recul sur ce qui se passe dans notre présent L'historien n'est ni un journaliste, ni un chroniqueur, ni même un simple narrateur.

Il ne s'agit pas pour faire del'histoire de décrire ou de relever des faits dans leur déroulement actuel, comme il ne s'agit pas de recenser leurchronicité.

L'historien doit mettre à distance de l'histoire, du passé pour pouvoir l'observer et l'analyser.

Il est, eneffet, impossible d'analyser son objet quand on y participe encore.Le rôle de l'historien est donc de déchiffrer, d'expliquer et de comprendre le passé.

C'est pour cela qu'il prend desdistances par rapport à son objet et ne peut dès lors connaître son propre temps.Dans ses leçons sur la philosophie de l'histoire, Hegel affirme que l'historien ne fait pas que rapporter lesévénements, en être témoin.

Il insiste sur l'insuffisance de l' "histoire originale", c'est-à-dire de la simple chroniqueévénementielle établie par le témoin direct des événements.

L'historien ne veut pas rapporter, il veut comprendre.

Hegel a distingué trois formes de l'histoire : l'histoire originale, l'histoireréfléchie et l'histoire philosophique.

L'histoire originale, dont les fondateurssont Hérodote et Thucydide, est une description des actions, desévénements et des situations par ceux qui les ont vécus et qui y ont prispart.

Cette histoire est non réflexive du fait de la communauté de cultureentre l'historien et les événements qu'il raconte.

Habité par l'esprit même del'événement, il n'a pas besoin de le transcender pour le raconter.

C'est aucontraire en transcendant l'actualité de l'historien que l'histoire réfléchie vatraiter du passé reculé, comme étant actuel en esprit.

L'histoire réfléchieélabore les matériaux, et ce travail d'élaboration relève d'un esprit distinct del'esprit du contenu élaboré.

Cette histoire renonce à la représentationindividuelle du réel.

Elle produit de nombreuses abstractions en simplifiant ledonné pour ne retenir que l'essentiel.

L'histoire philosophique enfin s'appliqueà l'histoire réfléchie, s'efforce de montrer comment l'Idée est la vérité quimène les peuples et le monde.

Elle dégage l'Esprit comme volonté raisonnableet nécessaire qui a guidé et qui continue de guider les événements du monde.

De même, Marrou définit l'histoire comme la "connaissance du passé humain"et dans cette expression il insiste sur le terme connaissance, qui n'est ninarration, ni récit.

Connaître pour l'historien, c'est "s'élever au-dessus de lapoussière des petits faits, de ces molécules dont l'agitation en désordre a constitué le présent pour y substituer une vision ordonnée, qui dégage les lignes générales, des orientationssusceptibles d'être comprises." Il n'y a donc d'histoire que rationnelle, que s'il y a reprise active du passé parl'historien.

» Aucun historien ne peut être totalement objectif Pour que l'historien soit objectif, il faudrait, selon Fénelon, qu'il ne soit d'aucun temps, ni d'aucun pays.

On saitaujourd'hui que cela est impossible, toute conscience de l'histoire est une conscience dans l'histoire.

L'auteur appartient à une culture déterminée différente de celle des époques dont il traite et reçoit le passé à travers lamentalité de cette culture.Dès lors, tout historien se doit d'essayer de se dégager de son époque, de ses coutumes, de prendre du recul :l'historien qui étudie une civilisation, comme celui qui tente de comprendre son temps.Fénélon disait encore que les historiens de métier transcendent l'actualité dans laquelle ils vivent et qui "traitent leplus reculé comme actuel en esprit."Dès lors, l'historien qui se penche sur son temps, doit essayer comme pour tout objet d'étude de s'extraire de sonactualité et de prendre du recul pour sa réflexion.En définitive, subjectivité et objectivité sont, en histoire, dans un rapport étroit, mais cela ne lui enlève pas saprétention scientifique.

L'historien se base toujours sur des documents dont il vérifie l'exactitude et la vérité.

Iltente de trouver des lois de causes à effets dans les évènements.. »

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