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Peut-on etre indifférent a l'égard d'autrui ?

Publié le 16/12/2005

Extrait du document

En l'autre, je ne considère que mes propres affaires. Mon but n'est pas de vivre avec autrui mais de m'allier à un associé. B - Qui se ressemble s'assemble¦ Néanmoins, l'autre n'est pas seulement l'être avec lequel je suis contraint de coexister. C'est aussi celui auquel je m'identifie et pour lequel j'éprouve de la sympathie. Une certaine proximité s'établit alors entre lui et moi. Mais, comme le fait remarquer Rousseau, la sympathie ne s'adresse pas nécessairement à un être humain, car je peux me sentir proche d'un animal. Ce que la sympathie vise ce n'est pas autrui proprement dit, mais un proche, quel qu'il soit.¦ Pourtant, autrui ne se réduit ni à un associé, ni à un proche : Ménédème et Chrémès ne sont liés ni par l'intérêt, ni par une affection spontanée l'un pour l'autre. Qu'est-ce donc qui les réunit ? Tous deux sont des hommes, ils ont la même nature.

« comme le fait remarquer Rousseau, la sympathie ne s'adresse pas nécessairement à un être humain, car je peux me sentir proche d'un animal.

Ce que la sympathie vise ce n'est pas autruiproprement dit, mais un proche, quel qu'il soit.¦ Pourtant, autrui ne se réduit ni à un associé, ni à un proche : Ménédème etChrémès ne sont liés ni par l'intérêt, ni par une affection spontanée l'un pourl'autre.

Qu'est-ce donc qui les réunit ? Tous deux sont des hommes, ils ont lamême nature.

Ils sont liés par une communauté d'essence.

Autrui c'est doncmon semblable, c'est-à-dire tout représentant de l'espèce humaine et c'estsur cette commune nature que se fonde l'humanisme moderne et les droits del'homme.

Tout homme est mon semblable et il a les mêmes droits que moi(droit à la liberté, à la sécurité...).

Toutefois, l'adage «qui se ressembles'assemble» ne suffit pas à expliquer pourquoi mes liens avec autrui semblentnécessaires et indissolubles.

Cette parenté n'est-elle pas bien lointaine etsurtout bien abstraite pour établir une véritable communauté entre tous leshommes ? C - Sans altérité, pas d'identité ¦ La notion de « semblable » ne doit pourtant pas exclure toute idée dedifférence entre autrui et moi-même.

Considérer autrui comme un êtreentièrement identique à soi-même, c'est abolir toute séparation et donc toutealtérité.

En réalité, la relation à autrui implique à la fois entre distance etproximité une proximité et une distance : il ne peut y avoir de lien qu'entredeux êtres à la fois distincts et analogues.¦ Dans cette ambivalence même réside ce qui nous rend la vie avec autrui absolument indispensable.

Commentpourrais-je acquérir sans l'aide d'autrui une idée de moi-même ? Certes, mes réalisations techniques attestentl'effectivité de mon action.

Mais cela ne suffit pas pour se connaître soi-même : pour savoir ce que je suis, j'aibesoin d'un être semblable à moi et qui me reconnaisse comme semblable à lui.

Par comparaison et parrapprochement j'apprend ce que je suis : un homme.

Inversement, pour savoir qui je suis, j'ai besoin de connaître cequi me distingue des autres hommes.¦ Similitude et différence, proximité et distance, voilà ce qui, en autrui, me révèle à moi-même.

La relation à autruiest donc plus qu'un mal nécessaire, elle est constitutive de notre identité.

N'allons pas chercher plus loin la raisonpour laquelle nous ne pouvons pas vivre sans autrui : il est la condition nécessaire à l'instauration d'une existencevéritablement humaine.

2.

CONFLIT ET ALTÉRITÉ ¦ L'attitude de Chrémès paraît ainsi bien naturelle.

Par ses questions et par sa sollicitude un peu envahissante, iln'essaye pas seulement de « briser la glace ».

Il entend affirmer l'existence d'une communauté entre tous leshommes.

Pour cette raison, la réplique : « Je suis homme...

» qu'il donnera à son voisin est devenue le mot d'ordrede l'humanisme moderne.

Seulement, entrer en relation avec autrui est-ce uniquement manifester à son égardl'empressement bienveillant d'un Chrémès ? L'incompréhension ou le conflit ne sont-ils pas les modalités les pluscourantes de notre rapport aux autres ? Mais alors, peut-on encore affirmer qu'autrui m'est indispensable ? A - Le barbare n'est pas mon semblable ¦ Autrui, nous l'avons dit, n'est pas nécessairement un proche.

Autrui c'est n'importe quel autre homme.

Néanmoins,bien souvent il ne me semble pas être mon prochain, « mon semblable, mon frère » selon l'expression de Baudelairedans Les Fleurs du mal.

Il se signale avant tout par son altérité radicale.

Il est même si différent qu'il estfréquemment incompréhensible, ses actions, ses paroles me semblent souvent absurdes, dénuées de sens ouétranges.

Son étrangeté peut alors susciter la peur, la réprobation ou l'agressivité.

Sa singularité sa différencemasque à mes yeux nos similitudes : il n'est plus mon semblable mais l'étranger ? Complètement différent.¦ Par exemple, les différences entre cultures sont habituellement regardées comme des abîmes.

Face à cesdissemblances manifestes, l'attitude la plus ancienne et la plus répandue, remarque Lévi-Strauss dans son rapport àl'Unesco sur le racisme : Race et Histoire, a toujours été de nommer « hommes » uniquement ceux qui sontsuffisamment semblables à moi.

Mais on ruine de la sorte l'idée d'une communauté humaine universelle où touthomme est autrui c'est-à-dire un semblable.

Car alors « l'humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupelinguistique, parfois même du village ».

Les Grecs nommaient par exemple « barbares » les peuples qui ne parlaientpas leur langue.

Un barbare est en effet trop « autre » pour être encore « autrui ».

Entre lui et moi toute relationsemble impossible.

Seul demeure un face-à-face tendu. B - L'enfer, c'est les autres ¦ Les différences culturelles ne sont qu'un cas particulier de cette fracture qui passe entre moi et tout autre.

Etc'est dans cet écart que naissent conflits et souffrances.

Par exemple, le regard d'autrui peut être impitoyable.

Enme scrutant avec détachement, il peut me transformer en chose.

Parce qu'il me nie en tant qu'homme, le regardd'autrui devient insupportable.

Et c'est alors que l'on s'écrie, à la suite de Garcin, dans Huis clos, que « l'enfer, c'est. »

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