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Peut-on être libre sans exercer sa citoyenneté ?

Publié le 08/02/2004

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II. La liberté ne dépend pas naturellement de la citoyenneté, par contre elle a besoin de cette dernière, dans l'état social (Rousseau). -L'homme de la nature est libre et égal aux autres hommes dispersés dans la nature. La liberté est donc celle de l'indépendance par rapport aux autres individus, et cette indépendance est extérieure et préalable à la citoyenneté. -Après le pacte social, les lois de la cité constituent l'expression directe de la Volonté générale, qui détermine les lois qui devront réguler l'activité du vivre-ensemble ; c'est dans cette auto-régulation que réside la liberté retrouvée, chez l'homme social. En ce sens, l'égalité du contrat social fonde la possibilité d'une liberté individuelle retrouvée, au sein d'une égale aliénation de la liberté naturelle de tous envers tous. En ce sens, la citoyenneté constitue la condition de possibilité d'une liberté retrouvée, chez l'individu destitué de sa condition naturelle. III. La liberté constitue une condition humaine absolue, antérieure à la citoyenneté (Sartre).   -La liberté constitue l'expérience authentique originaire, celle de l'appréhension de la structure contingente de la réalité : "L'essentiel, c'est la contingence", comme le dira Roquentin, dans la Nausée.

« animal a des idées puisqu'il a des sens […] et l'homme ne diffère à cet égard de la bête que du plus ou moins.

»Mais, alors que l'animal est régi par l'instinct, par des règles de comportement innées, fixées par la nature, l'hommeest libre : « et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme ».

Ce quifait la grandeur de l'homme , sa spécificité, sa spiritualité, ce qui le définit en propre, ce n'est plus la raison, c'est laliberté.A partir de ces fondements, mis à jour dans le « Discours sur l'origine et les fondements parmi les hommes » (1755),Rousseau va s'employer à démontrer tous les arguments qui tentent de justifier l'esclavage privé et la sujétionpolitique.Il entend d'abord réfuter le parallèle établi par Grotius (1583-1645) entre l'esclavage privé et la soumission despeuples.

Si l'on pouvait comprendre qu'un homme se vende pour pouvoir survivre, il n'en resterait pas moinsincompréhensive qu'un peuple se donne à un maître qu'il devra nourrir.

Rétorquer que le peuple gagne au moins sasécurité revient à dire, selon Rousseau, que les compagnons d'Ulysse étaient en sécurité dans l'antre du Cyclope :ils attendaient tranquillement d'être dévorés chacun à leur tour.

Enfin, même si u peuple pouvait se donner, il nepourrait en aucun cas engager la liberté de ses enfants, nés libres, car en admettant que l'on puisse disposer de saliberté, on ne peut engager celle des autres.Rousseau commence ici à démontrer les arguments fallacieux qui justifient l'emprise du pouvoir sur les hommes, etles privent de leur bien le plus précieux au nom d'une prétendue sécurité.

Mais il va plus loin en montrant que mêmeun contrat de soumission est, en fait, juridiquement nul, moralement inconcevable.Un contrat suppose un échange de biens entre contractants, or renoncer à sa liberté, c'est renoncer à tout, c'estéchanger un bien un bien infini (ma liberté) contre un avantage qui sera par définition disproportionné.

Si je donnetout, que pourra-t-on me restituer en échange ? Ce contrat est un contrat de dupe.

Je renonce à tous mes droits,je les donne à une autre qui en use à sa guise.

Qu'aurais-je à réclamer contre lui ? Que pourrais-je faire s'il veut menuire ? « C'est une convention vaine et contradictoire de stipuler d'une part une autorité absolue et de l'autre uneobéissance sans borne.

»Renoncer à ma liberté revient à promettre d'obéir inconditionnellement à un autre, donc à me considérer comme unsimple instrument, un simple objet, une chose dont l'autre peut disposer à sa guise.

Or, vouloir être un objet, unesclave, est impossible Je n'abdique pas alors simplement mes droits, mais que je renonce aussi à mes devoirs, queje me détruis comme être moral.

Si celui auquel j'ai promis d'obéir m'ordonne de faire une action que je juge atroce,de deux choses l'une, ou bien j'obéis, mais alors j'abdique tout jugement, me considère comme une machine, et menie comme être moral, je ne suis alors (à mes propres yeux) qu'un instrument animé, ou bien je refuse d'obéir etdans ce cas je fais éclater au grand jour que ce contrat de soumission est intenable, que je n'ai jamais puvéritablement vouloir obéir inconditionnellement.Ne pas être libre signifie ne pas accomplir sa volonté mais celle d'un autre.

Or, Rousseau montre que la liberté définitl'homme comme tel, et que nul e peut vouloir renoncer à sa liberté, cad nul ne peut vouloir véritablement sesoumettre.

Ce serait « renoncer à sa qualité d'homme », vain & contradictoire : autant dire qu'un homme voudraitdevenir un esclave, un instrument, une chose.

L'importance de la conception de Rousseau n'est donc pas tant demontrer que l'homme est naturellement libre que d'affirmer que cette liberté est inaliénable, et doit perdurer sous leslois, sous le pouvoir.

La liberté ne s ‘échange pas, on n'échange pas tout contre rien.

Sont ainsi disqualifiées toutesles théories qui, sous couvert d'assurer à l'homme sa sécurité, sa simple survie biologique, le privent en réalité del'essentiel.

Cette sécurité est illusoire, cette survie est dégradante, en tant qu'elle transforme l'homme en chose etle prive de toute moralité.

En ce sens, La pensée de Rousseau se veut libératrice : « Les esclaves perdent toutdans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir ; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leurabrutissement.

» Rousseau anticipe sur le premier article de la « Déclaration des droits de l'homme » : « Les hommes naissent etdemeurent libres et égaux en droits.

»Faire ainsi éclater l'illégitimité de toute forme d'esclavage ou de soumission impose de penser une forme d'Etat où laliberté soit préservée.

Mais Rousseau nous contraint aussi à nous interroger sur toutes les formes de servitudevolontaire, celle où les hommes « perdent tout dans les fers, jusqu'au désir d'en sortir ».

(Et les formescontemporaines, comme le totalitarisme, imposent sans doute de repenser la question à nouveaux frais). III.

La liberté constitue une condition humaine absolue, antérieure à la citoyenneté (Sartre). -La liberté constitue l'expérience authentique originaire, celle de l'appréhension de la structure contingente de laréalité : "L'essentiel, c'est la contingence", comme le dira Roquentin, dans la Nausée .

La liberté, c'est "la pâte même des choses", en tant que la conscience imprime au monde dont elle a conscience la marque de sa libertéconstitutive.

La liberté est donc moins liée à l'exercice de la citoyenneté qu'à une prise de conscience radicale de lacontingence de l'existence. -La liberté, c'est le fait pour la conscience de se désengluer du réel pour se pro-jeter vers l'éventail de ses proprespossibilités ( L'Etre et le Néant ).

La liberté, c'est le néant d'être (le pour-soi) à travers lequel l'être (l'en-soi) advient à l'être (à l'existence).

La liberté rend donc possible le réel en sa contingence essentielle, elle le fait advenir à l'êtreen tant qu'être-pour-la-conscience.

La liberté, c'est ainsi une puissance inconditionnée de faire être quelque chose: et c'est à partir de là seulement que l'action politique, dans sa relation avec la morale, devient possible.

La libertépréexiste donc à la citoyenneté qui permet la pleine expression de cette même liberté. Conclusion -La liberté implique la citoyenneté, car celle-ci en rend l'exercice possible, du moins dans l'état social.. »

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