Devoir de Philosophie

Peut-on être libre en se soumettant aux obligations de la loi morale ?

Publié le 25/01/2004

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morale
Définition des termes du sujet: LOI (n. f.) 1. - (Juridique) Prescription promulguée par l'autorité souveraine d'un pays et dont la transgression est poursuivie ; synonyme de loi positive ; par analogie, lois divines : décrets supposés émaner de la volonté divine et gouvernant tant la nature que les actions humaines. 2. - Par ext., règle suivie avec une certaine régularité dans une société, et dont la transgression est considérée comme une faute, même si elle n'est pas obligatoirement suivie de sanctions : les lois de l'honneur, les lois morales. 3.
morale

« hétéronome (ibid., § 8 ; «autonome» : qui pose lui-même sa loi ; «hétéronome» : qui reçoit sa loi d'un autre, autreêtre ou autre principe – ici la volonté soumise au désir).

Il est clair que les lois sociales sont par elles-mêmeshétéronomes ; dans la mesure où elles sont morales elles peuvent être posées par la volonté du sujet comme sespropres lois : elles sont alors autonomes pour ce sujet. 2.

Si la loi morale est la loi de ma raison, non subie comme une règle hétéronome, peut-on parler de « soumission»? Or la prosopopée du Devoir prononce ce mot de «soumission» et avoue que l'obéissance n'est pas toujoursréalisée.

C'est l'indice d'une division intérieure, dont la dualité de la volonté analysée par saint Augustin est uneexpression vécue (voir La volonté, sujet 3).

La première section des Fondements de la métaphysique des moeurs setermine en constatant : «L'homme sent enlui-même, à l'encontre de tous les commandements du devoir que la raison lui représente si hautement respectables,une puissante force de résistance : elle est dans ses besoins et ses inclinations, dont la satisfaction complète serésume à ses yeux sous le nom de bonheur» ; or la raison énonce la loi morale sans égard pour «ces prétentions siturbulentes, et par là même si légitimes en apparence...

» ; c'est de là que résulte une sorte de « dialectiquenaturelle », un penchant à sophistiquer contre ces règles strictes du devoir; dans les «principes de la raison purepratique », Kant emploiera le terme kopfvewirren Spekulationen (spéculations embrouillées d'un esprit tordu).La loi de la raison, «donnée comme un fait dont nous sommes conscients» (ibid.), loi universelle, prend chez leshommes la forme d'un impératif (un ordre), parce qu'ils peuvent avoir une « volonté pure» (étant raisonnables), maisnon une volonté sainte, comme celle de l'Être infini : une volonté sainte n'a rien en elle qui s'oppose à la loi morale;mais pour les hommes «la loi morale est un impératif». 3.

Le Devoir, obligation morale absolue, va-t-il se diversifier en devoirs particuliers, en plusieurs obligations ? Il nevise pas un objet, car celui-ci serait alors le but, et le devoir un moyen ; par exemple : si tu veux réussir à tonexamen, tu dois travailler, etc.

; si tu veux être heureux, tu dois veiller à ta santé, être complaisant, éviter dementir, etc.: toutes ces règles sont effectivement multiples ; ce sont des prescriptions, des conseils, etc.

; ellessont conditionnées par le but à atteindre : si tu veux ceci, tu dois faire cela ; l'impératif, le « tu dois », étantsubordonné à l'hypothèse, est lui-même hypothétique.Au contraire, la loi morale s'exprime par un ordre sans condition : c'est bien un «impératif catégorique ».

Sa formuleest simple, puisqu'elle n'inclut aucun objet, aucune condition ; elle est la loi de tout être raisonnable, et elle posedonc que la loi n'a aucune exception, qu'elle est universelle.

D'où sa formule :Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d'unelégislation universelle (ibid.; la maxime est le principe subjectif de l'action, la règle que l'on se donne).Les Fondements de la métaphysique des moeurs (Deuxième section) énumèrent des exemples d'application de cetteloi unique et universelle : si les «obligations de la loi morale » sont plurielles, c'est parce que la loi de la raison doitgouverner toutes nos activités, et non pas se mettre à leur service. 2.

Obligation et liberté 1.

Kant raisonne ainsi : si nous n'étions pas libres, nous ne serions pas soumis à l'obligation (l'animal est contraintpar ses instincts, son dresseur : il n'a pas de devoirs, au sens moral du terme).

Dans l'obligation morale, je m'obligemoi-même : mon être est à la fois le «je» qui pose l'obligation et le «moi» (m') qui y est soumis.

C'est pourquoi la loimorale est ce qui fait connaître la liberté, qui est à son tour la raison d'être de la loi.

Cette obligation intérieure estun fait : c'est le fait de la raison.

Elle se manifeste en nous par un sentiment particulier : le respect pour la loimorale ; Kant le tient pour le seul sentiment pratique (= moral), tous les autres étant «pathologiques» (pour lui :force des désirs qui tendent à nous entraîner par eux-mêmes, sans égard pour la loi morale ; ils nous rendentpassifs).

Nous ne faisons pasvolontiers notre devoir : «Le commandement que l'on doit faire quelque chose volontiers est en soi contradictoire»(« Des principes de la raison pure pratique »). 2.

La loi morale «terrasse la présomption », c'est pourquoi elle nous humilie (« des mobiles de la raison purepratique ») ; le sentiment de respect « s'applique toujours uniquement aux personnes, jamais aux choses» (ibid.).

Laloi morale ne provoque aucun plaisir ; cependant, elle élève, produit l'approbation de soi-même, parce qu'on aconscience d'avoir agi librement (ibid.).

Cependant Kant admet «l'amour de Dieu », «l'amour pratique des êtreshumains» (pratique = moral) ; mais leur réalisation se trouve au terme d'une direction que prend notre volonté, quine peut que tendre à cet amour pratique : nous devons nous en «rapprocher par un progrès ininterrompu, maisinfini» (ibid.) ; ce sera pour lui une sorte de preuve de l'immortalité de l'âme : cette proposition classique devient un«postulat de la raison pratique» (elle est requise en vue de l'exécution parfaite de la loi morale par une volontédevenant sainte, à la limite d'un progrès allant à l'infini). 3.

Le sentiment du devoir accompli, ou même la simple connaissance qu'il est possible de se délivrer de sespenchants par l'obéissance à la loi morale, provoque une grande satisfaction (Méthodologie de la raison purepratique; un tel sentiment n'est plus «pathologique ») : «Le coeur est soulagé»; il découvre «une puissanceintérieure qu'il ne connaissait pas bien jusque-là, la liberté intérieure...» (ibid.).

Ainsi, je puis avoir «la conscienced'une indépendance à l'égard des penchants et des circonstances, avoir conscience de la possibilité de me suffire àmoi-même...

».

Alors la loi morale trouvera «un accès plus facile, grâce à ce respect pour nous-mêmes dans laconscience de notre liberté» (ibid.).Nous constatons que, dans le même ouvrage, lorsqu'il passe à la pédagogie de la morale, Kant rectifie l'austéritérude de ses premières analyses ; il ne faudrait pas décourager les élèves...

La liberté n'est plus seulement poséecomme un principe permettant de comprendre l'existence du devoir : elle devient consciente ; la pratique morale. »

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