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Peut-on expliquer une oeuvre d'art ?

Publié le 17/12/2005

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ne peut-on pas, indépendamment du mystère de la création, expliquer, donner les raisons à la base du statut artistique d'une oeuvre ? Le fait est qu'en prenant l'exemple de la beauté de l'oeuvre d'art, on se rend compte qu'une fois encore l'oeuvre d'art échappe à l'explication. Mais alors, si l'oeuvre d'art ne s'explique pas, de quoi s'occupent toutes les disciplines qui concernent l'oeuvre d'art ? Ne contribuent-elles pas d'une certaine manière à une « explication » ? Deuxième partie : Les contributions à l'explication Il faut inévitablement penser à interroger les diverses disciplines qui s'occupent de l'oeuvre d'art. Que vise l'histoire de l'art par exemple ? que vise la sociologie de l'art ? la philosophie de l'art ? Il faudrait se demander en quel sens le fait de décrire la technique d'un peintre, le de comprendre les raisons sociales de l'émergence d'une oeuvre, le fait de s'interroger sur l'idée du beau, sont des « explications » de l'oeuvre d'art. Voici un texte de sociologie pour vous orienter dans ces questions :   BOUDON, Le sens des valeurs, « de l'objectivité des valeurs artistiques ».

• Réfléchir sur ce que peuvent signifier les termes « comprendre « et « expliquer «.  — Expliquer (du verbe latin « explicare « : déplier) c'est rendre compte d'une réalité de façon qu'on puisse la comprendre (en un certain sens).  La compréhension qui passe par l'explication utilise les voies de l'analyse et de la synthèse.  Elle passe par la recherche des causes (pourquoi, par quoi) et la recherche des fins (pourquoi : en vue de quoi).  — Les recherches d'inspiration phénoménologique opposent « l'explication « à « la compréhension « comme un mode de connaissance analytique et discursif qui sépare un tout en ses éléments pour le reconstruire (du moins intellectuellement) à un mode de connaissance d'ordre intuitif,  synthétique.  Cette compréhension n'est pas autre chose que la saisie d'un sens, une appréhension globale du mode d'apparaître propre à un « objet «.  • Remarquer que les deux premiers sujets ne portent pas sur la possibilité ou non de comprendre une œuvre d'art mais sur ce que cela peut signifier : « Comprendre une œuvre d'art «.  • A l'inverse, il convient de noter que le troisième sujet porte sur la possibilité « d'expliquer une œuvre d'art «. On peut faire valoir que c'est tout le problème de l'explication qui se pose mais à travers l'étude d' « objets « quelque peu particuliers peut-être. 

« a) L'artiste est incapable d'expliquer son oeuvre. Le fait de s'intéresser à l'intention de l'artiste est peut-être un moyen d'expliquer l'oeuvre d'art.

Le fait de sedemander, face à une oeuvre, quelle était l'intention de l'auteur peut parfois permettre de la comprendre.

Toutefois,l'auteur lui-même est-il capable d'expliquer son oeuvre ? KANT, Critique de la faculté de juger , §47. « Newton pouvait non seulement pour lui, mais pour tout autre, décrire clairement, et déterminer pour ses successeurs, les démarches qu'il eut à faire depuis les premiers éléments de la géométrie jusqu'à ses grandes etprofondes découvertes ; mais aucun Homère, aucun Wieland ne pourrait montrer comment ses idées riches enpoésie et pourtant lourdes de pensées surgissent et s'assemblent dans son cerveau, car lui-même ne le sait pas et ilne peut donc l'enseigner à un autre.

En matière de science par conséquent il n'y a entre le plus grand inventeur etl'imitateur, l'apprenti le plus laborieux, qu'une différence de degrés, mais il y a une différence spécifique entre lui etcelui que la nature a doué pour les beaux-arts ; on ne veut pas pourtant diminuer ces grands hommes auxquelsl'humanité doit tout, par rapport à ceux qui par leur talent pour les beaux-arts sont des favoris de la nature.

Letalent des premiers consiste à faire progresser toujours davantage les connaissances, et les avantages pratiquesqui en dépendent, comme à instruire les autres dans ces mêmes connaissances et c'est là une grande supérioritésur ceux qui méritent l'honneur d'être appelés des génies ; pour ceux-ci l'art s'arrête quelque part ; il a ses limitesqu'il ne peut dépasser, qu'il a sans doute atteintes depuis longtemps et qui ne peuvent plus être reculées ; de plusune telle maîtrise ne peut se communiquer, elle est dispensée directement à chacun par la main de la nature ; elledisparaît donc avec l'un jusqu'à ce que la nature confère à un autre les mêmes dons ; et il ne reste plus à celui-cique d'avoir un modèle pour laisser se manifester de semblable manière le talent dont il a conscience.

» Le génie est un don ; il ne s'explique pas, selon Kant.

Un artiste ne saurait rendre raison des mécanismes de la création. b) La beauté ne s'explique pas Sans vouloir réduire l'oeuvre d'art à ce qui a une beauté particulière, il n'en reste pas moins que la beauté est une caractéristique classique de l'oeuvre d'art.

Même si un artiste ne sait pas expliquer la production de l'oeuvred'art, il n'en reste pas moins que le secret de la beauté de l'oeuvre réalisée est peut-être, elle, explicable. A la lecture du texte de Kant qui suit, nous serons toutefois amenés à en douter, puisque Kant fait de la beauté l'objet d'un jugement « esthétique » (fondé sur le sentiment), et certainement pas d'un jugement « logique »(qui s'appuie sur une connaissance). KANT, Critique de la faculté de juger , §6 « §6.

Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objet d'unesatisfaction universelle. « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ». La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvonsl'éprouver que si nous sommes dans un certain état d'esprit par rapport àl'objet.

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avonspas le souci de l'utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, quiporte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique),de l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve unesatisfaction charnelle qui est d'un autre ordre que la satisfaction esthétique),du bien ( celui qui apprécie une œuvre engagée en raison de son caractèremoral, éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).

Le beaun'est ni l'agréable ni le Bien.

Certes une satisfaction peut être morale etesthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'estpas morale.

A l'encontre de Platon , Boileau, Hegel , Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus le pur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluent pas.

Et de cela Hume ne peutrendre compte.

De même qu'une œuvre d'art immorale peut être belle, de même, peut l'être une œuvre désagréable,qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable (par les sonorités, le passé qu'elle évoque)n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté et agrément.

Par conséquent, leplaisir esthétique est le seul plaisir libre.

Il n'est pas l'effet de la satisfaction de quelque chose, du besoin du corpsou d'une impératif de la raison.

Libre parce que désintéressé. Cette définition du beau peut être tirée de la précédente, qui en fait l'objet d'une satisfaction dégagée de tout. »

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