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Peut-on se fier à l'évidence ?

Publié le 08/05/2012

Extrait du document

Il s'agit bien de s'interroger sur l'évidence. Elle consiste à affirmer le fait qui se suffirait à lui- même pour désigner le réel et sa justification. L'évidence est flagrante mais empiriste au détriment d'une autre évidence. En effet il s'agit de rendre évident, de mettre en évidence, dans une relation d'intelligence du fait, ce qui fait d'emblée évidence. En fait, il y a une évidence sensible, il y a une évidence intelligible.

 

L'évidence sensible s'affirme ici un peu populairement dans un énoncé qui rend le fait indiscutable, manifeste, flagrant. Il peut être d'ailleurs une expérience du monde ou de la pensée. Le fait convoqué s'impose de lui-même dans son actualité. Son évidence n'admet aucun doute. Il est le modèle de la croyance comme un rite, un stigmate : la preuve matérielle exhibée dans un tribunal, le résultat d'une démonstration logique, l'exemple sont autant de signes d'une telle nécessité. Ils sont des témoignages patents, éclairants, indicatifs, ils éblouissent même jusqu'à l'aveuglement.

« C'est pourquoi se convertir au vrai consiste à se détourner du fait.

Le donné sensoriel, l'expérience vécue ne fournissentqu'un sentiment de proximité, l'être-là familier du vrai de l'interprétation psychologique et d'une ontologie directe.

Cesdernières reposent sur la tendance, l'excitation, la force, l'intensité, l'insistance.

On finit par s'abandonner à "ce qui crève lesyeux".

On s'y adonne à un empirisme routinier, à l'affairement quotidien alors que s'imposent le passage, la graduation, leprocessus intermédiaire vers l'objet qui se donne dans des prédicats mais au delà de l'opacité de la chose.

Il y a là unprocessus qui s'inscrit dans un réseau de signes qui objectivent et identifient les choses.

Les sens et l'opinion n'apparaissentque comme des moments fugitifs.

Ils ne doivent pas prêter à des fixations obsessionnelles.

La raison dans ses combinaisonsexige le passage à la limite d'un "je pense" conquis au bout du doute."Je" n'est pas qu'ici et maintenant.

Il est une position de soi qui entend et s'entend.

Le discours du vrai est bien l'exercice dujugement qui perçoit pour comprendre dans l'immanence de la conscience.

Il quête le permanent, le toujours même et pourtoujours.

La raison consciente veut l'intelligibilité pleine.

Elle quitte, pour s'en séparer, l'hallucination compulsive des faits,l'investissement trop intense des images.

L'évidence "s'apparaît" pour s'imposer dans sa transparence sans hyperbole oupathos.

La sensation est incertaine, l'imagination est susceptible d'erreur, l'idée claire et distincte peut m'être inspirée par unMalin Génie.

Mais je ne peux douter que je doute.Il y a bien dans l'évidence du "bien sûr" mais conquis au bout de nombreux "peut-être".

Il y a un remplissement d'attente,d'adéquation, d'apodicticité.

Le donné immédiat n'est pas sans présomption, sans implicite culturel, sans psychologie.

Lesentiment d'évidence n'est pas sans illusion, sans coloration affective.

On comprend pourquoi science et philosophie veulentl'évidence à coup de théorie.

On doit justifier une évidence.

Elle doit se faire critique et objet de critique dans sa teneur envérité.

Une évidence première est ainsi déjà une évidence seconde.

Il y va d'un effort de gradation qui fait le désir de savoir.L'évidence n'est pas une illumination ou une affection qui sont des pièges du sentiment.

La référence sensorielle, la forcelinguistique de l'expression exigent toujours une reconstruction.

Le donné impliquera telle conclusion, en fonction de tellesprémisses, dans telles clauses de compréhension, sauf si des circonstances de réfutation et des conditions d'exception fontobstacle.

Le vrai se conquiert ainsi au bout d'une dialectique, dans une philosophie du non.

Mais la conquête n'est-elle pasinterminable parce que transgression perpétuelle et division de soi perpétuée ? La philosophie platonicienne a ainsi développé notre accès à la réalité selon des plans d'intelligibilité.

On connaît selon lessens ou l'opinion mais les hommes sont soumis ou n'y servent que le réel.

Pour savoir et comprendre, une rupture avec lesensible s'impose.

A cette condition se réalisent la connaissance rationnelle du réel et sa compréhension philosophique.

Laréalité ne prend sens que dans sa désubstantialisation et dans la dépsychologisation de la conscience qui y accède dans uneéducation qui intellectualise les règles.Le réel apparaît donc comme un réel feuilleté ; il s'organise en champs de pensée, en une interconceptualité qui fixe desconditions d'émergence, d'affectivité et de manifestation de la raison engagée dans l'expérience.

Il y a donc d'un côtél'évidence du fait et de l'autre l'évidence de la raison.

C'est l'opinion droite qui y signale des liens possibles.

Nos énoncés seconstituent sur le fond de l'évidence sensible, factice, contingente ; leur justification s'établit dans la communauté decommunication des évidences intellectuelles.La raison fonctionne entre ces arrière-plans et ces avant-scènes, ceux des évidences sensibles et des évidences reconstruites.Elle se signale dans une dialectique de la reconnaissance des sujets qui questionnent et répondent.

En fait, l'éducationphilosophique consiste à passer d'une évidence à l'autre.

S'y assume ainsi la division du sujet dans un surmontement duréalisme et de l'idéalisme.

Sachons néanmoins que la vérité aveuglante et éblouissante ne se constitue et ne s'approche qu'àpartir des propositions vraies.

La vérité ne relève pas du maître de vérité ou du dialecticien ; il faut la constituer comme uneentreprise raisonnée d'analyse des énoncés qui sont des relations indirectes à la vérité.

Se mettent en place ainsi une raisonépistémologique et une logique épistémique.

Il y a ainsi une évidence par défaut et une évidence par excès.

C'est l'une et l'autre que corrige la raison.

Trop de raison outrop peu de raison tue la raison.

La raison est engagée dans le travail de réflexion, entre réalisme et idéalisme.

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