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Peut-on identifier oeuvre et travail ?

Publié le 13/03/2004

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travail
  En ce cas, l'homme pourrait « être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, car ce sont des inventions originales et non imitées». De même, voir dans l'oeuvre un simple jeu, un simple travail d'illusionniste est méconnaître l'activité artistique.  En déclarant: « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable d'une part, et le contenu vrai des événements de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute, celle de l'esprit. » Hegel retrouve en partie une leçon d' Aristote; l'art débarrasse les événements réels de leur contingence, de leurs impuretés, d'un fatras de détails, pour en dévoiler l'essence et la vérité. Ce qu'il y a d'apparence dans l'art n'est pas de l'ordre de l'illusion et du mensonge, mais au contraire, de l'essentiel. L'art épure le réel (immédiat) pour en dévoiler l'essence. La mise en évidence du caractère hautement spirituel de l'art ne reste pas chez Hegel un simple constat théorique.  Outre les analyses d'oeuvres présentes dans l'Esthétique, des études d'oeuvres littéraires ponctuent tout le second tome de la « Phénoménologie de l'esprit »: l' « Antigone » de Sophocle, le « Neveu de Rameau » de Diderot, « Michel Kohlhaas » de Kleist ou « Les Brigands » de Schiller servent à étudier les moments à la fois historiques et logiques qui ont présidé à leur création.  Et Hegel se fait fort de démontrer l'intérêt philosophique majeur de tels écrits. Cependant, la richesse et la présentation sensible qu'offre l'art en constituent aussi les limites.
travail

« est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation, quelque chose qui vientbien de l'homme et non de l'instinct, cad de la nature.

A partir de ce projet, il fautaussi la volonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse.Enfin il faut mettre en branle une habileté, une force, un talent physique. Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités(imagination, conception, déduction, volonté, habileté, force).

Cet investissement faitde l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, et cela confère de lavaleur à l'objet et le rend respectable.

Si l'objet fabriqué –même mal- par le plusmauvais artisan, vaut mieux que la cellule la plus réussie de l'abeille la plus experte,c'est que, dans le premier, on contemple de l'humain, l'activité humaine objectivée.En ce sens, le travail est humain, et même uniquement humain. Il s'ensuit deux choses.

D'abord, par le travail l'homme s'éduque, se forme,s'humanise.

Que le travail soit pénible, astreignant, fastidieux, n'y change rien.

Faceà l'étymologie du terme « travail » (« tripalium » = instrument de torture) ou de la malédiction biblique (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »), les modernes, et surtout Hegel puis Marx , rétorquent que c'est par le travail que l'homme se fait homme, passe d'une activité instinctive à une activité pensée, d'une spontanéitéanimale à une discipline rationnelle. Mais ce premier point est corrélatif du second.

Le travail humain requiert la disciplineet la mise en oeuvre de toutes nos capacités intellectuelles & physiques.

On nesépare pas ici la conception du travail de son exécution ; l'esprit se forme en mêmetemps que le corps.

Il faudrait ajouter que cette forme d'activité n'est pas séparablede formes de socialisation, du développement du rapport à autrui.

Enfin, et il fautinsister sur ce point, l'homme peut être fier de son travail dans la mesure où il estbien le sien, cad un objet produit par ses qualités et qui en quelque sorte lesobjective. A ce que le premier Marx décrit comme une sorte « d'essence » du travail (terme qu'il reniera ensuite, en affinant sa conception de l'histoire, de la technique et desrapports de production), il faut alors opposer les formes modernes de production. Pour comprendre ce que dit Marx , il faut se souvenir que les débuts du capitalisme ont été sauvages ; qu'un théoricien comme Smith écrivait calmement : « Dans les progrès que fait la division du travail, l'occupation de la majeure partie deceux qui vivent de ce travail, cad de la masse du peuple, se borne à un très petitnombre d'opérations simples [...] Or l'intelligence des hommes se bornenécessairement par leurs occupation ordinaires.

Un homme qui passe toute sa vie àfaire un petit nombre d'opérations simples [...] n'a pas lieu de développer sonintelligence, ni d'exercer son imagination [...] et devient généralement aussi stupideet ignorant qu'il soit possible à une création humaine de la devenir. » (« La richesse des nations », 1776) Les formes modernes de travail consistent (si l'on s'en réfère à Taylor et à Ford ) à décomposer les opérations nécessaires à la fabrication d'un objet & à attribuerchacune d'elles à un ouvrier.

Cette forme de division du travail, si elle favorise laproduction dans des proportions exponentielles, fait que d'une part la conception del'objet et son exécution sont deux tâches séparées, attribuées à des hommes biendistincts (ce qui suppose que certains ne sont plus que des exécutants purs &simples, travaillant avec des machines & à leur rythme), et que, d'autre part, l'objetn'est plus produit littéralement par personne.

Non seulement un homme ne produitplus un objet du début jusqu'à la fin, mais on ne peut plus parler de travail d'équipedans la mesure où l'organisation du travail est imposée de l'extérieur et que chacunexécute sa tâche isolément. Cet anonymat, cette séparation de la conception et de l'exécution, cette impositiond'une tâche abrutissante & répétitive, Marx la décrit en 1844 comme une véritable perversion du travail. L'ouvrier est dépossédé de son travail, et cela à plusieurs titres.

D'une part en ce queson salaire ne correspond pas au travail fourni, mais permet seulement de restaurer laforce du travail.

D'autre part en ce que l'ouvrier ne peut en aucun cas reconnaîtrepour sien, comme son oeuvre, un objet fabriqué dot il n'a fourni qu'une partie infime.Non seulement nulle fierté n'est possible, mais nulle reconnaissance.

« Le travail est extérieur à l'ouvrier [...] il n'est plus son bien propre mais celui d'un autre. » L'ouvrier « mortifie son corps & ruine son esprit », cela se conçoit aisément.

Le corps. »

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