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Peut-on juger d'une chose par la conscience qu'on en a ?

Publié le 18/12/2005

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conscience
Par cette opération, l'homme peut parvenir aux éléments simples, clairs et évidents de la réalité : la conscience est alors le moyen d'assurer le jugement que l'on a sur les choses.   II  Le jugement comme forme de la conscience : Kant et Husserl   -Kant va plus loin que Descartes dans la Critique de la raison pure : non seulement la conscience est ce qui permet d'accéder au jugement légitime (évidence des éléments simples), mais le jugement est la structure même de la conscience. Toute conscience est donc d'abord et toujours jugement, même la simple conscience perceptive : le jugement dans l'expérience courante consiste ainsi à rendre possible l'expérience de l'objet dans le temps et l'espace. Cependant, ce jugement se limite à la sphère du sensible : cette extension du jugement se fait au prix de la connaissance de la substance, inatteignable selon Kant, contrairement à Descartes.   -Husserl étend lui le jugement à tout le domaine de la conscience (Idées directrices pour une phénoménologie) : toute conscience est nécessairement conscience d'un objet, et tout objet n'a de sens que pour une conscience. La co-extension (même domaine d'application) de la conscience et du jugement est permise par l'abandon chez Husserl de la substance (chose en soi) que Kant mettait hors de portée du jugement : pour Husserl, la chose en soi n'est rien d'autre que la somme des apparences sensibles de cette chose, dont la conscience peut juger.      III  La conscience comme inadéquation du jugement : Nietzsche et Bergson   -Nietzsche : le fait que la forme même de la conscience soit le jugement n'implique pas nécessairement que ce jugement soit adéquat. Il peut être le seul jugement possible, mais néanmoins être critiqué. C'est ce que fait Nietzsche dans Le gai savoir : il explique notamment que la conscience de soi conduit à une erreur de jugement sur soi-même (chacun est à soi-même le plus lointain). La conscience permet finalement de juger de la réalité dans la mesure où son jugement doit lui-même être remis en cause, notamment par le recours à des critères infra-conscients (moins conscients).

La conscience semble être la forme même du rapport qui nous unit au monde : c’est elle qui nous donne accès à l’extériorité de ce monde en tant qu’extérieur. Dès lors, la possibilité de juger de ce monde, c’est-à-dire de déterminer la nature réelle de celui-ci, et de vérifier sa validité, doit être nécessairement dépendante de la conscience. Mais ceci ne suffit pas pour expliciter la réelle teneur de ce lien, et ses possibilités légitimes. Car la conscience relève-t-elle nécessairement du jugement, ou bien d’une autre forme de rapport au monde ? Et si elle permet effectivement de juger, en quoi ce jugement peut-il être adéquat, ou non ?

conscience

« On trouve cette citation dans la seconde partie des « Méditations cartésiennes » (1929).

Husserl (1859-1938) est le fondateur de la phénoménologie et le précurseur de ce que l'on nomme l'existentialisme.Le mot d'ordre de la phénoménologie est le retour aux choses mêmes.

Il s'agitde se battre contre une conception positiviste de la science et contre lesfaux savoirs, pour s'interroger à nouveaux frais sur la façon dot les chosesnous apparaissent.Notre citation apparaît dans les « Méditations métaphysiques ».

Le titre dit assez que Husserl entend se réapproprier le projet cartésien de fonder les sciences.

Mais il tente aussi, dans ce qu'il nomme « les temps de détresse », de fonder une véritable science de l'esprit, en se battant à la fois contre le« psychologisme » et contre le modèle des sciences objectives de la nature. « Partout à notre époque se manifeste le besoin pressant d'une compréhension de l'esprit […] Ma conviction est que la phénoménologie a faitla première fois de l'esprit en tant qu'esprit le champ d'une expérience etd'une science systématique, et opéré par-là le retournement total de la tâchede la connaissance. » On retrouve donc, au départ de notre texte, la même exigence derigueur, de radicalité que chez Descartes .

Husserl aussi pratique une sorte de doute qui consiste à suspendre notre croyance naïve et naturelle aumonde et à son existence.

Lui aussi découvre comme première certitude le« Je pense ». Mais Descartes était pressé de fonder la science de son temps, et s'il découvrait le dualisme, il faisait de la conscience une chose qui pense.

Descartes établissait une sorte de parallèle entre la « chose étendue », le corps, et la « chose qui pense », la conscience. Husserl reste attentif à une propriété remarquable de la conscience : « Toute conscience est conscience de quelque chose ». Chaque fois que je pense, je pense bien à quelque chose.

Cela veut dire que le « Je », la conscience vise toujours autre chose qu'elle-même.

La conscience, si l'on veut, n'est jamais enfermée en elle-même, elle est toujours lemouvement de se dépasser vers autre chose, vers un objet.

Que la conscience soit toujours en mouvement versautre chose, cela signifie que toute activité psychique est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même.

On nepeut plus, comme tendait à le faire Descartes , assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité. Précisément, ce qui différencie la conscience de toutes les choses, de tous les objets –qui sont ce qu'ils sont- c'est son caractère dynamique, qui fait qu'elle est toujours rapport à autre chose qu'elle-même, dépassement,mouvement, vers un autre.

La pensée porte toujours un rapport au monde.

Etre conscient, c'est d'abord êtreprésent au monde.Les existentialistes (surtout Sartre ) seront particulièrement attentifs à ce que Husserl nomme « intentionnalité », et qui désigne ce caractère de la conscience d'être toujours conscience de .

Voici comment Sartre commente cette formule : « Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi , vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui .» La pensée est décrite ici en terme de mouvement, de dynamique, et non plus de « moite intimité ».Non seulement il n'y a pas de commune mesure entre les propriétés de la matière et celles de la pensée, mais il fautajouter que les choses et la conscience n'ont pas la même manière d'être.

L'existence propre de la conscience estcette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-làmême, elle est présente.Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.

Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube ».

Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.

Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.

Je vois deux faces du cube, mais j'anticipesur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues.

Autrement dit, une autre caractéristique de laconscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui lesera.

Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps.Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autrechose, de viser autre chose.

Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a unesignification pour moi (je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité dedépasser ce qui lui est simplement donné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures.

Le but et l'ambition de la phénoménologie sont le retour aux choses mêmes.

Parlant de la révolution d' Einstein , Husserl déclare : « Ainsi Einstein ne réforme pas l'espace et le temps où se déroule notre vie d'être vivant ». Loin de comprendre ceci comme une attaque contre les sciences (auxquelles fut formé Husserl ), il faut le comprendre et comme une attaque contre le scientisme, et comme la nécessité d'un retour aux questions centralesdu sens : « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.

Dans la détresse de notre vie cette science n'a rien à nous dire.

Les questions qu'elles excluent par principe sont précisément les questions qui sont lesplus brûlantes à notre époque malheureuse ce sont des questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens detoute existence humaine. » L'ambition de la phénoménologie est donc de questionner le sens, de retrouver le sol où se déroule notre vie d'êtrevivant, de fonder une science de l'esprit en tant qu'esprit.

Celle-ci commence par la découverte de cette propriétéparticulière de la conscience d'être toujours présence et rapport au monde, et non intimité fermée sur elle-même.

Ence ses, la pensée existentialiste en est l'héritière, et la leçon de Husserl vaut toujours.. »

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