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Peut-on au nom du succès scientifique jeter le discrédit sur la philosophie ?

Publié le 22/02/2012

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« L'évolution scientifique et technique remet-elle en cause la réflexion philosophique ? » Il s'agit donc d'interroger non seulement la compétence scientifique de la réflexion philosophique mais surtout sa rigueur scientifique c'est-à-dire le statut de la philosophie face à la modernité et l'actualité de la science, de la technique dans leur progrès. Il s'agit donc d'une confrontation entre deux types de discours. Mais est-il légitime de les opposer ?
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« dans une objectivité de ce type, si l'histoire n'a rien de plus à nous apprendre que le fait que toutes lesformes du monde de l'esprit, toutes les règles de vie, tous les idéaux, toutes les normes qui donnèrent àchaque époque aux hommes leur tenue, se forment comme les ondes fugitives et comme elles à nouveause défont, qu'il en a toujours été ainsi et qu'il en sera toujours ainsi, que toujours à nouveau la raison sechangera en déraison et toujours les bienfaits en fléaux ?" HUSSERL L'homme est animé du désir de savoir.

Il est le seul être qui s'interroge sur lui-même et sur l'univers qui l'entoure.

Ilne se contente pas d'être au monde, de vivre ce monde, il lui faut l'expliquer, le comprendre.

Certes, il veutcomprendre pour pouvoir agir, découvrir les lois de la nature qui lui permettront de s'en rendre « maître etpossesseur », selon les mots de Descartes, mais aussi et, dirons-nous, surtout pour satisfaire à une interrogationsingulière, surgie du plus profond de lui-même et qu'il ne peut réprimer, source d'inquiétude ou d'angoisse : «Pourquoi existons-nous ? » Ce qui revient à poser la question du sens du monde en général et de l'homme enparticulier.

Afin d'y répondre, l'homme invente des mythes et des religions: Toutefois, ceux-ci sont inaptes à_expliquer les lois de la nature.

L'homme se tourne alors vers la science qui l'instruit en effet, mais, de manièreparadoxale, en augmentant son désarroi.

Car la science se construit contre les mythes et les croyances, contre lesprésupposés anthropomorphiques grâce auxquels l'homme justifiait le monde et se justifiait.

Elle les détruit mais neles remplace pas.

Plus elle explique le monde, plus elle accroît la solitude de l'homme, lui infligeant, pour chaquenouvelle illusion dissipée, une nouvelle blessure narcissique et l'abandonnant seul dans un univers déserté et muet.Si bien que l'homme, après avoir placé en elle toute son espérance, finit par s'en défier et sombrer dans lescepticisme, voire par retomber dans un irrationalisme dont il s'était laborieusement dégagé.

La science, en effet,refuse, comme le souligne Husserl dans ce texte, de se prononcer sur le sens de ce qui est, prétendant que la véritéscientifique se limite à la seule constatation de ce qui est.« Les questions que la science exclut par principe, observe Husserl, sont les questions qui portent sur le sens oul'absence de sens de toute existence humaine.

» Quel est donc ce principe, ou plutôt quels sont -ces principes parlesquels la science rejette des questions qu'elle considère comme « philosophiques » ? Ce ne sont pas en réalité desprincipes immuables : ils varient selon les diverses sciences et leurs divers états.

Ainsi l'épistémologie positiviste d'A.Comte avait .voulu fixer à deux les principes fondamentaux de la science : le premier était que la science ne porteque sur les phénomènes et non sur la nature ou l'essence des choses ; le second, que la science renonce à saisir lemode de production des choses, c'est-à-dire la causalité, pour ne considérer que les lois.

En d'autres termes, lascience a pour but de lier entre eux les phénomènes, de les déterminer les uns par les autres, non de les « expliquer», l'explication relevant de « l'état théologique » ou de « l'état métaphysique ».

Mais le développement même de-lascience a invalidé ces principes, puisqu'il apparaît qu'elle est nécessairement conduite à expliquer causalement leslois qu'elle a établies, et à rendre compte de la production des phénomènes à partir de modèles théoriques desstructures sous-jacentes aux phénomènes, comme c'est le cas pour la physique nucléaire.Le néo-positivisme contemporain (l'empirisme ou le positivisme logiques des penseurs du Cercle de Vienne) aégalement voulu établir une césure fondamentale et insurmontable entre problèmes philosophiques et problèmesscientifiques en posant que les énoncés de la science se ramènent d'une part à des protocoles vérifiablesd'expériences et d'autre part à des tautologies, c'est-à-dire à des énoncés logico-mathématiques, donc purementformels, qui ne disent rien sur les phénomènes mais définissent les lois des transformations opérables sur eux.

Lesproblèmes « métaphysiques » sont des faux problèmes issus de l'inconsistance des « syntaxes grammaticales » deslangages ordinaires.

Formulés selon la « syntaxe logique » de la science, ils apparaissent dénués de sens etdisparaissent d'eux-mêmes.

Dans cette perspective, la seule philosophie possible est une logique de la science.

Maison a pu objecter au néo-positivisme qu'il donnait à la science un cadre trop étroit.Ces exemples montrent qu'il existe bien des principes qui excluent certaines questions ou problèmes de la science,mais que ces principes sont moins inhérents à la science elle-même qu'à certaines épistémologies scientifiques quireflètent des états ou étapes déterminés de la science.On peut même se demander si la vérité-scientifique se limite bien « à-la constatation de ce que le monde est enfait.

» En effet, les relations d'incertitude de Heisenberg montrent que, au niveau microphysique du moins, la réalitéappréhendée est nécessairement dépendante de l'observateur, et elles contraignent à penser cette réalité entermes de probabilité et de potentialité.

Ainsi la vérité scientifique n'est plus seulement une constatation d'un fait —il existe un animal, un être humain — mais aussi d'une probabilité — il est probable qu'existe ici un électron, unneutrino, il est probable qu'existent des particules sans masse, invisibles.

L'objet de la science — l'atome, l'ondelumineuse — prend alors un aspect de plus en plus fantomatique pour se donner, à la limite, comme un pur systèmed'équations.

Il apparaît d'ailleurs que la vérité scientifique est essentiellement une théorie qui a étéexpérimentalement vérifiée et qui n'est valide que dans la mesure où de nouvelles observations et expériences nel'ont pas encore contredite.Ainsi la théorie de Newton a été vérité scientifique jusqu'à la découverte d'Einstein qui est pour le moment vérité etle restera jusqu'à la l'éventuelle découverte de X qui viendra infirmer sa théorie.

Nous pouvons donc affirmer que lavérité scientifique n'est pas uniquement la constatation de ce que le monde est en fait.Ces quelques réflexions nous permettent de mieux aborder le problème du sens.

La question traditionnelle, dont sepréoccupe ici Husserl, est de savoir comment peuvent se constituer les sciences humaines.

L'homme, en effet, n'estpas un objet comme les autres, il est un sujet, une conscience productrice de sens.

Mais si l'on veut fonder l'étudede l'homme et de ses comportements de manière rigoureusement scientifique, ne devra-t-on pas, en prenant modèlesur les sciences de la nature, le considérer comme un simple objet, et les faits humains comme des choses, selon lacélèbre formule de Durkheim ? Et si l'on accepte de considérer le sens de l'homme et de ses actes, ne faillira-t-onpas à l'objectivité scientifique ? N'introduira-t-on pas une rupture radicale entre science de l'homme et science de la nature ? La science historique, parexemple, devra-t-elle se borner à établir une succession de faits, ou bien s'efforcera-t-elle de dégager le sens de. »

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