Peut-on parler à la place des autres ?
Publié le 08/07/2012
Extrait du document
...
«
LES DOSSIERS PHILO
maintenait le volume au niveau minimal.
Pour
faire office de caisse de résonance, le porte-parole
ajustement besoin de créer l'écho.
Mais« les voix
ne sont pas entendues de manière démocrati
que.
Ce qui les constitue comme voix audibles,
ce sont les étiquettes sociales qui les accréditent
ou,
au contraire, les discréditent » (Guillaume
le Blanc, Que faire de notre vulnérabilité
?).
La
situation est inégalitaire : certaines voix sont légi
times, d'autres non.
Ceux que la société repousse à
ses marges pour, dans le même temps, réaffirmer
sa cohésion, n'ont pas la parole.
Leur silence pèse
de tout le poids de leur existence non reconnue.
Dès lors, pour se faire entendre, ils n'ont d'autre
choix que de faire du bruit.
Et c'est là la force de
la parole non autorisée :
« Il y a toujours la possi
bilité non préméditée d'une prise de parole, d'une
voix des sans-voix, dont nul ne sait
à l'avance ce
qu'elle
peut» (Ibid.).
Le concert de voix tunisien
nes qui se
sont levées en janvier 2011 avec aux
lèvres un simple
« Ben Ali, dégage ! » est là pour
en témoigner.
Les modalités du retour
de
la voix
La prise de parole hors des circuits officiels de la
reconnaissance, quand elle parvient jusqu'à nous,
quand enfin nous l'entendons, revêt souvent la
gravité de l'urgence, de l'élan
vital.« Elle ne
peut être portée que par un corps aux
limites de ses possibilités, un corps
exposé
à la vulnérabilité, au risque
de dissolution mais aussi, dans
le
même temps, à la possibilité d'un
pouvoir propre que nul ne
peut
représenter à sa place» (Ibid.).
L'être qui se
porte ainsi seul
au-devant des autres dit cette
simple chose :
« Me voici ! »
«Accommodez-vous de moi.
Je
ne m'accommode pas de
vous
! », assène Césaire dans
le
Cahier d'un retour au pays
natal.
L'affirmation de soi passe
par le refus de l'autre, de la place
dans laquelle l'autre voudrait nous
cantonner.
Il faut d'abord sortir des
représentations de l'autre, de ses euphé
mismes, de son dédain, de ses dénis.
C'est le moment
négatif de la prise de parole.
S'affirmer,
c'est refuser d'être uniquement défini dans
et par
le regard de l'autre.
C'est assumer le lieu d'où l'on
parle: on sort de l'exclusion en renouant la pos
sibilité d'une inclusion
par le discours.
D'où qu'il
s'exprime, chaque homme a droit
à ce que lui soit
reconnue cette dignité de parole.
Parler au nom des autres
Reste à évoquer le problème particulier qui se pose
au porte-parole : comment porter dans son récit
individuel des préoccupations collectives en évitant
de centrer l'attention sur lui, pour ne pas brouiller
ce message qui lui vient des autres
? Mieux, selon
la formule Guillaume
le Blanc : « Comment redon
ner voix
à la voix des sans-voix sans se substituer
à elle?» (Que faire de notre vulnérabilité?).
La
question n'est pas de rendre publiques des voix
privées.
Il ne s'agit pas
non plus de prendre la
place
du discours que l'on relaie.
Cela reviendrait
une fois de plus à déposséder les sans-voix de leur
possibilité même de parler.
S'exprimer« "au nom
des
autres" ne peut signifier ni "parler pour les
vLU [)LU ....
~a bla bla bla bl~
La bla bla bla bla bl~
bla bla bla bla bla bl
3la bla bla bla bla bla
bla bla bla bla bla
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25.
»
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