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Peut-on penser l'histoire sans affirmer la liberté humaine ?

Publié le 20/07/2005

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histoire

La question qui nous est posée est singulièrement complexe. En effet, en nous demandant si nous pouvons penser l’histoire sans affirmer la liberté humaine, nous cherchons à déterminer s’il est possible de se représenter le développement des hommes à travers le temps sans les considérer dotés de cette faculté qu’est la liberté. A première vue, nous pouvons dire que l’histoire peut tout à fait être pensée sans affirmation de la liberté humaine, puisqu’elle peut être conçue comme une évolution commandée non par la liberté souveraine des sujets, mais par des sujets esclaves du déterminisme ou de leurs passions. A ce titre, l’histoire n’est pas faite par les hommes comme un artefact, mais elle est plutôt le résultat des passions et des déterminismes variés auxquels les individus sont soumis. Mais une telle thèse peut nous paraître contestable après de plus mûres réflexions, car on ne peut penser l’histoire sans affirmer la liberté des individus non seulement à produire des effets conformes à leur volonté, mais à produire des effets qui engagent directement le devenir historique. Penser l’histoire revient donc nécessairement à affirmer la liberté humaine, puisque l’histoire reflète l’efficacité de la volonté des individus. Mais nous verrons dans un dernier temps que penser l’histoire revient nécessairement à affirmer la liberté humaine, entendue non comme liberté des individus pris en particulier, mais liberté de l’humanité dont le récit historique narre l’avènement.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si la production d’une pensée sur l’histoire est inséparable de l’affirmation de la liberté des hommes en particulier et de l’humanité dans son ensemble. 

histoire

« mesure où l'évolution des hommes à travers les siècles peut paraître bien moins le résultat de la faculté des hommesà décider d'eux-mêmes et de leur vie que de leur molle propension à accepter ce qu'ils sont, l'autorité qu'ils trouventau dessus d'eux à la naissance.

A ce titre, l'histoire peut être pensée comme la somme des renoncements del'homme, comme le récit de leur consentement à la « servitude ». b.

L'histoire peut-être conçue comme le champ de bataille où se livrent combat les passions des sujets Mais c'est pour une autre raison que nous pouvons penser l'histoire sans affirmer la liberté humaine : car dansl'histoire, c'est moins la liberté des hommes que leur soumission aux passions et à la loi des désirs qui semble sedonner libre cours.

En effet, il semble que l'histoire ne reflète pas la liberté humaine, mais qu'elle est au contraire lethéâtre d'un devenir chaotique, où des évènements contingents se produisent, de sorte qu'il est impossible d'ydistinguer la moindre progression raisonnable.

L'œuvre littéraire du marquis de Sade donne toute sa portée à cettethèse : dans l' Histoire de Juliette, Sade dresse des listes impressionnantes récapitulant toutes les débauches, tous les vices et toutes les atrocités commises par les hommes.

Or, ce qu'il faut bien remarquer, c'est que la violence acours partout, dans tous les pays, dans toutes les époques, de sorte qu'elle parait omniprésente dans le tempsaussi bien que dans l'espace.

Nous dirons donc que l'on ne peut considérer que l'Histoire est indissociable de laliberté humaine, puisqu'elle ne peut que nous paraître le théâtre de la folie et de la cruauté des hommes, en proie àdes passions qui annihilent leur liberté. II.

Cependant, penser l'histoire implique d'affirmer la capacité de l'individu à agir en général et surl'histoire elle-même en particulier a.

L'histoire est inséparable de l'affirmation de la liberté des sujets Néanmoins, nous ne pouvons en rester à une telle thèse.

En effet, il semble que l'histoire ne peut se penser sansaffirmer la liberté humaine, car nous ne nous rapportons pas au devenir de l'homme à travers le temps comme larésultante du chaos ou du gout de la servitude, mais aussi comme le produit d'actions librement produites.

En cesens, l'histoire est inséparable de l'affirmation de la liberté des sujets, puisqu'elle résulte d'une somme d'actions quine visaient peut être pas en elles mêmes à avoir des incidences historiques, mais qui exprimaient néanmoins la librevolonté des sujets.

Par exemple, lorsqu'Henry IV a décidé de passer par la rue de la Ferronnerie, il ignorait que cettedécision provoquerait sa mort : il fut en effet assassiné dans cette rue par Ravaillac.

Néanmoins, c'est un choixlibrement fait qui a eu des incidences considérables sur l'histoire de France, alors qu'en lui-même il n'avait pasl'histoire pour destinataire (Henry IV ne prétendait pas à changer l'histoire de France en choisissant de passer parcette rue) mais des motifs beaucoup plus triviaux.

De ceci nous pouvons tirer que penser l'histoire revient à affirmerla liberté humaine, car le récit historique narre des actions librement accomplies par les hommes qui, à leur corpsdéfendant, ont eu des conséquences sur l'histoire elle-même. b.

Les sujets peuvent prétendre à construire librement l'histoire Mais c'est en un sens complémentaire que penser l'histoire revient nécessairement à affirmer la liberté humaine :parce que les hommes peuvent faire servir leur liberté à la construction même de l'histoire.

Certes, on pourra arguerque l'histoire n'est jamais le résultat de l'action libre d'un homme : c'est ce que fait dans Condition de l'homme moderne Hannah Arendt.

La philosophe montre en effet que l'on ne fait pas l'histoire comme l'on fait un objet : dans son chapitre « Action » l'histoire est présentée comme le résultat d'une interaction incontrôlable, imprévisible, entreles hommes.

Un homme seul ne peut faire l'histoire car son influence est doublement partielle : ce n'est jamais luiseul qui la change, il lui faut nécessairement le concours ou a minima l'aveu de ses contemporains (Napoléon n'a pasenvahi la Russie tout seul !) ; et ce n'est jamais l'histoire elle-même qu'il change, mais une partie limitée de celle-ci.Cependant, nous pouvons opposer à cette thèse qu'un homme peut néanmoins se proposer à travers une actionlibrement accomplie de changer l'histoire.

En effet, Napoléon dont nous parlions à l'instant, a beau n'avoir été nil'unique cause des changements européens, ni celle du devenir historique après sa mort, il ne s'en est pas moinsproposé d'être la cause première de ces changements, alors que les implications causales de ses actesbouleversaient pour toujours l'histoire.

Nous dirons donc que penser l'histoire revient à affirmer la liberté humaine,car l'histoire peut apparaître comme ce que l'action humaine peut se proposer librement de changer.. »

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