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Peut-on penser la mort ?

Publié le 11/01/2004

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La mort n'est-elle pas inscrite au plus profond de nous, comme une certitude inséparable de notre destin ? N'est-ce pas, dès lors, elle qui donne un sens et une valeur à notre vie ? Il n'y a pas que la mort au sens biologique. On peut, pour traiter ce sujet, songer à d'autres thèmes philosophiques comme « la mort de la philosophie « (la fin des systèmes philosophiques), « la mort de l'art « (la fin de l'art sacré et donc de la fascination exercée par l'art), « la mort de Dieu « (voir le chapitre sur la religion : citation de Nietzsche), « la mort de l'homme « (la fin de l'anthropocentrisme, le sujet détrôné avec, en particulier, la découverte freudienne de l'inconscient).  

[Comme le bien, le beau, le bonheur, la justice, la mort est un sujet de méditation. La penser, c'est conférer à la vie une signification existentielle. L'homme ne peut pas ignorer sa propre finitude.]

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  • I) On peut penser la mort.

a) La mort n'est pas le néant. b) La mort n'est pas un insondable mytère. c) Les limites de la vie ne sont pas celles de la pensée.

  • II) On ne peut pas penser la mort.

a) Je ne peux pas être à la fois vivant et mort. b) La mort ne peut être objet de connaisssance. c) Penser la mort n'aboutit qu'à des supputations oiseuses.

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« La mort n'est pas le néantPensant la mort, Schopenhauer en arrive à cette conclusion: «La mort(...) ne peut rien supprimer de plus que ce que la naissance avait établi(...).

En ce sens natus et denatus est une belle expression» (Le Mondecomme volonté et comme représentation).

Méditer sur la mortm'apprend que «le non-être d'après la mort ne peut différer de celuid'avant la naissance». La mort n'est pas un insondable mystèrePenser la mort, c'est utiliser les lumières de la raison afin de comprendrela nature de ce phénomène naturel qui met fin à notre existencecharnelle.

A ce sujet, Empédocle, cité par Schopenhauer, écrit que foussont ceux qui s'imaginent «que quelque chose puisse naître sans avoirexisté auparavant, ou que quelque chose puisse mourir et êtretotalement anéanti». Les limites de la vie ne sont pas celles de laCe n'est pas parce que la mort est la cessation irréversible de touteactivité cérébrale qu'il faut en conclure qu'une fois mort, je ne demeurepas un être pensant.

Par ailleurs, comment expliquer que les hommesaient pensé à la réincarnation, à l'immortalité de l'âme? La pensée,pensant la mort, est capable d'aller au-delà de ce que la simple raisonpeut connaître. Heidegger: De l'insouciance du mortel face à la mort On ne connaît que la mort, attendue ou accidentelle, des autres.

La mort est celle des proches ou desinconnus.

Elle est un événement naturel, banal, pris dans l'ordinaire des faits divers quotidiens : "La mort seprésente comme un événement bien connu qui se passe à l'intérieur du monde." Cette banalité quotidiennedes événements se caractérise par l'absence d'imprévu, et la mort comme événement ne déroge pas à larègle.

En revanche, ma propre mort est un événement prévu, qui fait l'objet d'une absolue certitude, maiscomme réalité absente, non encore donnée, elle estindéterminée et pour cette raison n'est pas à craindre.

L'expérience me montre qu"'on meurt", c'est-à-dire quela mort concerne avant tout le "on" : tout le monde, et personne en particulier.

Et tant que l"'on meurt", cen'est précisément jamais moi qui meurs.

"On", c'est tous, donc pas moi en particulier.

Dans l'expériencequotidienne de la vie, le "fait de mourir" est ramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalitéhumaine, mais elle advient toujours pour moi par procuration.

Dans la réalité humaine et sociale, la mort est unévénement qui relève du domaine public.

A ce titre de pseudo-réalité, nous en oublions ses élémentsconstitutifs : en soi, la mort est un inconditionnel et un indépassable qui fonde la possibilité de ma propreexistence et sa prise de conscience.

Elle est un impensable qui fait le fond de la possibilité de penser monexistence propre : "Le "on" justifie et aggrave la tentation de se dissimuler à soi-même l'être pour la mort, cetêtre possédé absolument en propre." Quand on dit que la mort n'est "pas encore, pour le moment", ons'accroche à la réalité humaine pour se voiler la certitude que l'on mourra un jour.

On fuit la mort, parce quec'est une pensée fatigante et inaccessible, et que nos soucis quotidiens nous paraissent plus importants quela réflexion sur le fondement de tout être humain d'être un être pour la fin.

La mort est sans cesse différée, etsa préoccupation laissée à l'opinion générale.

[Tout ce que je peux penser relève de l'expérience.

Or, la mort, ma propre mort, est justement ce que jene vivrai jamais, puisque, par définition, elle est cessation de la vie.

Elle échappe donc à la pensée.] La vie exclut la mort.

La mort exclut la vie.Pour penser la mort, il faut être en vie.

Or, tant que je le suis, la mort m'est totalement inconnaissable.

D'où ceslignes de Kant: «La mort, nul n'en peut faire l'expérience en elle-même (car faire une expérience relève de la vie),mais on ne peut que la percevoir chez les autres» (Anthropologie du point de vue pragmatique). La pensée de la mort ne traduirait-elle pas plutôt une certaine fragilité psychologique, certes naturelle, mais que lesage doit pouvoir surmonter ? C'est, ici, en seconde partie, que peut être développée la référence à Épicure (cf.suite).

On pourrait aussi évoquer Spinoza, pour qui "un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort, etsa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie".. »

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