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Peut-on résister en obéissant ?

Publié le 27/02/2008

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, Kant distingue entre « l?usage public de la raison » et son « usage privé » : si l?on est tenu à l?obéissance dans le cadre professionnel de sa fonction (que l?on soit soldat, professeur ou prêtre, etc.), on peut par contre contester, de manière publique, le bien-fondé des lois. Kant reprend ainsi, d?une certaine façon, la distinction rousseauiste entre le sujet et le citoyen : si le sujet est tenu à l?obéissance, le citoyen n?en a pas moins un devoir de « penser par lui-même ». On peut donc résister d?un côté tout en obéissant de l?autre. Il s?agit là d?une résistance légale (pour éviter tout malentendu, il est clair que Kant ne considère pas qu?il faille obéir à tout prix, et qu?il est des cas où l?obéissance n?est pas tolérable ; mais précisément, le cas échéant, il n?est plus possible d?obéir en résistant, et il faut choisir entre l?obéissance et la résistance : si un citoyen considère que quelque chose « contredise la religion intérieure » dans ses fonctions, « il ne pourrait en toute conscience assumer ses fonctions; il devrait s?en démettre », op. cit.).   Seconde partie   - A travers la formulation du droit de résistance d?un côté, et de l?usage public de la raison de l?autre, nous avons là deux aspects de la résistance, que l?on pourra dire active dans le premier cas, et passive dans le second. Ainsi, si pour celui-là, il implique contradiction d?obéir et de résister en même temps, pour celui-ci, on peut au contraire obéir dans le cadre de ses fonctions et résister par l?usage public de la raison ? étant entendu que certaines situations ne permettent plus une telle résistance passive, et que l?obéissance implique nécessairement adhésion, au moins partielle, aux ordres donnés (cas du soldat confronté au choix de la désertion).   - Mais cette obéissance n?est pas simplement adhésion théorique : elle se répercute sur le plan pratique.

« le plaisir d'inventer des produits gratuits (…) Avec la complicité d'autres travailleurs (qui font ainsi échec à laconcurrence fomentée contre eux par l'usine), il réalise des « coups » dans le champ de l'ordre établi (…) Dansl'institution à servir, s'insinuent ainsi un style d'échange sociaux, un style d'inventions techniques et un style derésistance morale » (M.

de Certeau, L'invention du quotidien, I, Arts de faire , Gallimard, « Folio-essais », 1990, pp.45-47).

Conclusion Il faut donc dire non seulement que l'on peut résister en obéissant, mais qu'on n'obéit jamais qu'en résistant àquelque degré que ce soit.

Le consentement, ou obéissance complète, pourrait ainsi être dite le degré zéro de larésistance.

Non pas, comme chez Kant, qu'il faille obéir dans le champ privé (ou professionnel) de ses fonctions, etrésister en s'exprimant publiquement contre le bien-fondé des lois ou de telle ou telle décision; car une telledisjonction entre l'acte d'obéir et celui de résister implique non seulement que la résistance est extérieure àl'obéissance, et qu'on ne peut donc réellement parler « de résister en obéissant », mais de plus une adhésion auxprincipes les plus généraux et fondamentaux de la relation de domination présente dans toute société.

Au contraire,il n'y a de véritable résistance qu'immanente à la relation de pouvoir, celle-ci jouant alors le rôle de vis-à-vispermanent de l'obéissance, qui transforme l'ordre donné, le modifie, l'améliore ou le détourne à d'autres fins.

Le paradoxe de la servitude volontaire chez LA BOETIE Si un tyran peut, à l'origine, asservir les hommes par la force et la terreur, il ne peut se maintenir qu'avec leurconsentement.

Les hommes ne sont pas esclaves par contrainte ou par lâcheté, mais parce qu'ils le veulent bien,car il suffirait de ne plus vouloir servir le tyran pour que son pouvoir s'effondre.

En effet, le tyran est infinimentfaible comparé à la force du nombre : sa seule force, c'est celle que lui offrent ses sujets.

On peut aussi remarquerque ceux- ci ne manquent pas de courage, car ils pourraient combattre jusqu'à la mort pour leur tyran.

Ils font doncle choix incompréhensible de lui sacrifier leur liberté, aliénant par là leur être même.Cette « volonté de servir » peut s'expliquer par le fait que « la nature a en nous moins de pouvoir que la coutume »: les hommes élevés sous la tyrannie prennent le pli de la servitude.

Le tyran abrutit et corrompt ses sujets par leprincipe du pain et des jeux, consistant à« sucrer la servitude d'une venimeuse douceur ».

Il utilise la religion pourleur inculquer la dévotion, à travers des fables.

La Boétie évoque ici la croyance aux rois thaumaturges, c'est-à-dire faiseurs de miracles (on leur prête la faculté de guérir les maladies), mais esquisse aussi une critique de lathéorie du droit divin, ramenée à une histoire qu'on raconte.

Quant aux rares individus éclairés ayant gardé le désirde la liberté, le tyran les élimine ou les isole par la censure. Un seul homme ne pourrait jamais asservir tout un peuple sans une chaîne d'intermédiaires grâce à laquelle « letyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres ».

Le secret de la domination réside en effet dans lacomplicité des « tyranneaux », ces « mange-peuples » qui soutiennent le tyran pour satisfaire leur ambition et leurcupidité.

Chaque maillon de la chaîne accepte d'être tyrannisé pour pouvoir tyranniser à son tour, démultipliant ainsila relation de domination jusqu'à enserrer toute la population dans le filet du tyran.. »

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