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Peut-on revendiquer un droit à la passion ?

Publié le 27/02/2008

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Peut-on revendiquer un droit à la passion ?

La passion est un sentiment et tient donc par définition de l'arbitraire. En effet, nous retrouvons cette idée dans des formules populaires telles que : « passion aveuglante «. Or, le fait de revendiquer un droit relève, lui, du système juridique. Il s'agit en fait de réclamer, dans une société, la création d'une nouvelle loi permettant dès lors au citoyen d'accéder à un droit, ici celui de la passion. Mais, nous avons précédemment dit que la passion ne suivait aucune loi. Pourquoi dans ce cas revendiquer un droit à la passion ? Revendiquer un droit a pour but de corriger une situation : le droit se joint alors à un devoir pour imposer une norme. La revendication d'un droit suppose donc un fondement légitime , et, par conséquent, ici, que la passion soit réprimée. Or, rien ne s'oppose davantage au sentiment que le rationnel , et c'est sur ce même rationnel que repose tout le système juridique. Ainsi, nous devons déterminer si la passion pourrait coexister voir devenir un sujet de la loi. Ou, plus généralement, la passion étant un sentiment, si la loi doit s'intéresser aux sentiments. Plus encore, si la passion naît sans qu'on ne puisse y interférer, y a t-il  un intérêt à revendiquer un droit à la passion ? Autrement dit, un droit à la passion a t-il lieu d’être ?

     De ce fait, nous traiterons tout d’abord de la légitimité de revendiquer un droit à la passion pour ensuite démontrer l’absurdité d’un tel droit.

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« l'allégorie de l'homme raisonné : en effet, il est détaché de toute passion, son comportement ne semble dés lors dicté que par sa raison.

La passion nous apparaît donc comme réprimée par de nombreux intellectuels car elle est pour eux une aliénation de l'esprit qu'ils opposent à la raison.

Or, cette raison est la base même de touts leurs raisonnements, ceci par le fait qu'elle est universelle ; elle permet de contempler, prévoir, juger et enchaînerrigoureusement des jugements.

Ainsi, une passion empêcherait à l'homme de réfléchir rationnellement.

Cela aurait alors pour conséquence de remettre en question tout discours rationnel, toutes les bases rationnelles ; assimilée à une maladie, elle doit donc être soignée.

Par conséquent , suivant ce raisonnement, un droit à la passion n'aurait aucun sens puisque son but serait de « légaliser » la passion, qui est une aliénation de la raison, alors que, selon Freud, le réel intérêt de la société est justement de corriger cette dernière.

En se basant sur l'idée que le droit apour but de corriger une situation, cette répression à pour conséquence d'offrir, dés lors, une forme de légitimité à la revendication d'un droit à la passion. Pourtant, l'idée d'une impossibilité de coexistence entre raison et passion rendrait la revendication d'un droit àla passion aberrant car il s'agirait en fait d'appliquer à un sentiment irrationnel les lois rationnelles de la justice.

Plus encore, la justice étant un sentiment, il s'agirait d'appliquer une loi dans le domaine de la vie privée alors que les loisne doivent normalement toucher que la vie sociale du citoyen.

Dés lors, nous pouvons nous demander si la passion est un sentiment comme les autres et si il est vraiment impossible de la marier avec la raison ; en effet, réussir àmarier passion et raison légitimerait la demande d'un droit à la passion.

Ainsi, la passion est un sentiment qui, dés qu'il naît chez un être, le pousse à tout prix vers l'objet de sa passion : elle n'est donc pas une simple fascinationqui suppose une distance avec l'objet, mais un engagement total.

La passion provoque alors une action qui, en elle-même, est neutre.

Il s'agit alors de différencier mauvaises passions de bonnes passions : la passion en elle-mêmeinduit un dévouement chez le sujet, mais l'objet de la passion est déterminant pour que celle ci soit utile .

Car , en effet, soumise à une bonne cause, la passion peut devenir fructueuse, ce qu'illustre, dans la raison dans l'histoire,Hegel : « rien de grand dans ce monde ne c'est fait sans passion ».

Ainsi, nous pourrions assimiler la passion à unmoteur qui, selon l'objet qu'elle regarde, diffère de valeur morale.

Dans un même temps, Hegel n'a, dans cettecitation, ni fait de critique péjorative, ni méliorative de la passion.

Elle a simplement été la base, selon lui, de tout ce qui est grand dans ce monde, tant en bien qu'en mal.

Nous pourrions alors opposer, pour illustrer l'étendue del'action de la passion, le crime passionnel, à l'image de la divine Comédie de Dante, à tout philosophe passionné quifait avancer la connaissance humaine.

Nous avons donc donné une raison à la revendication d'un droit à la passionet avons démontré que la passion pouvait coexister, dans un certain sens, avec la raison .

A présent que nous avons rendu possible la revendication d'un droit à la passion, nous pouvons questionner l'utilité de ce droit.

Dés lors, démontrons qu'un droit à la passion, bien qu'il puisse être revendiqué, est inapplicable.

Tout d'abord,l'exploitation d'un droit à la passion impliquerait le fait que le droit ai une incidence sur la passion ; en effet, si celan'était pas le cas, ce droit n'aurait alors aucune utilité et par conséquent aucun sens.

Le droit, ici, est ce qui estpermis par la loi ; la question que nous devons donc nous poser est : est ce que la raison, outil de la loi, a uneinfluence sur la passion ? Débutons notre cheminement par la définition de la raison : son fondement repose sur lefait qu'elle est universelle.

Ainsi, elle se base sur ce qui est connu et met alors la réalité à distance pour juger demanière rationnelle.

Or, la passion, elle, est un sentiment que l'on éprouve vivement, qui nous submerge et par celanous coupe de tout contacte avec les autres individus ; dés lors, cette absence de contacte coupe l'être passionnéde la raison.

En effet, nous avons dit que la raison se basait sur ce qui était connu, par conséquent, elle produit unesorte de représentation.

Or, la passion, par la solitude qu'elle engendre, entraîne une négation du relatif ; autrementdit, le passionné ne cherche plus a se conformer à la norme imposée à la masse et devient alors extérieur à toutereprésentation ; autrement dit, la passion est au dessus de l'ordre social hiérarchisé, ce qui entraîne une décoordination de l'être passionné par rapport aux autres.

Dés lors, étant donné que la raison se base sur ces mêmesreprésentations, alors qu'elle sont extérieures au passionné, la raison ne peut avoir d'incidence sur ce dernier.Autrement dit, elle utilise des notions qui ne sont pas connues par le passionné et qui ne peuvent donc pas, pourlui, déboucher sur un argument pertinent.

Cette thèse peut être étayée, dés lors, par le traité de la nature humaine , de Hume.

Là, il exprime une opposition entre raison et passion qui repose sur le fait que la passion engendre l'action,contrairement à la raison, et qu'alors la raison, par manque de dynamisme et d'énergie, ne peut produire d'effet surla passion.

D'autre part, l'étymologie de la passion peut aussi servir de base à la démonstration de l'impuissance dela première sur la seconde.

En effet, "patior" signifie "souffrir".

Or, si on considère que la passion est souffrance, onpeut dés lors avancer l'idée que le passionné est totalement coupé du reste de la civilisation.

En effet, la souffrancepousse les hommes à se focaliser sur eux même, les rendant alors égoïstes.

Cette dernière idée est illustrée dans lepoème LXXVII, "spleen" tiré des Fleurs du Mal du Baudelaire.

Là est conté l'histoire d'un roi qui, souffrant, est devenu insensible face à son peuple mourant.

Autrement dit, un homme touché par la passion, et qui souffre donc,est hors des problèmes de sa société ; autrement dit, la passion est au dessus de l'ordre social hiérarchisé, ce quientraîne une dé coordination de l'être passionné par rapport aux autres.

Dés lors, nous arrivons de nouveau auraisonnement précédent et la conclusion en est que la raison ne peut influer sur celui touché par la passion.

Celaimplique alors le fait qu'un droit à la passion n'a pas d'utilité car si le droit se base sur la raison, mais que cettedernière n'a pas d'influence sur la passion, cela engendre l'idée que le droit, la loi même, ne peuvent avoird'incidence sur la passion.

Dés lors, le fait de revendiquer un droit à la passion n'a aucun sens ; c'est la fonctionmême de droit qui est mise à mal.

La passion sedéclenche sans que l'on ne puisse rien y faire ; dés lors, un droit à la passion ne peut avoir d'utilité que négative : ilne l'empêche ni ne l'interdit.

Mais il ne peut en aucun cas la faire naître.

Plus encore, si la passion naît d'elle même,toute répression contre elle apparaît comme inutile ; nous avions dit précédemment qu'il fallait, pour revendiquer undroit, un fondement légitime, et que le droit apportait alors un correctif a la situation initiale.

Or, dans ce cas, que ledroit existe ou non, la passion naît, de manière autonome.

Dés lors, revendiquer un droit à la passion apparaîtcomme aberrant car la passion est au dessus de toute loi.

Plus précisément, le droit est généralement associé à undevoir.

Ici, le devoir serait de punir ceux qui tarissent la passion.

S'impose alors à nous une incohérence étant. »

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