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Peut-on tout donner?

Publié le 02/04/2005

Extrait du document

  • a) Peut-on

 Le verbe pouvoir, en français, a deux sens distincts. Il signifie :  • Avoir la capacité de faire quelque chose. Un riche, dit-on, peut être plus généreux qu'un pauvre, puisqu'il possède davantage. Par ailleurs, ce qui est contradictoire ne peut évidemment pas être (c'est-à-dire : est impossible) ; c'est en ce sens qu'on ne peut donner ce qu'on n'a pas. « La plus belle fille du monde, dit le proverbe, ne peut donner que ce qu'elle a. «  • Avoir le droit d'agir, en avoir l'autorisation légale ou morale. Exemple : en France, certaines personnes ne peuvent pas, légalement, donner leur sang (les mineurs, etc.) bien qu'elles en aient éventuellement la capacité.

  • b) Tout

 Le sujet est ainsi formulé que l'expression « tout donner « est un peu ambiguë.  • « Tout donner « peut d'abord signifier : donner la totalité de ce qu'on a, sans en rien excepter.  • Mais demander si l'on peut tout donner, c'est aussi demander si n'importe quoi peut être donné. N'existerait-il pas des réalités dont il serait impossible de faire don ?

  • c) Donner

 • On peut écarter, tout d'abord, le sens qu'a le mot dans l'expression : « donner quelque chose contre quelque chose « ou « quelque chose pour quelque chose « : des marchandises contre de l'argent, trois pommes pour dix billes etc. On entre en effet ici dans la sphère de l'échange, où ce que l'on cède a une valeur équivalente à ce que l'on reçoit. Un échange véritable implique une sorte d'équilibre, en première approximation du moins ; la pratique du « donnant donnant «, ou du « rien pour rien «, ne caractérise pas le don proprement dit.  • Donner quelque chose à quelqu'un, en revanche, c'est engager un « échange « très particulier puisque c'est « abandonner à quelqu'un, dans une intention libérale ou sans rien recevoir en retour (une chose que l'on possède ou dont on jouit) « (Dict. Le Robert). Il n'y a donc pas tout à fait échange ; ou bien, dans la problématique de l'échange, il y a une sorte d'échange inachevé, incomplet, déséquilibré, sans contrepartie. Est-il, en ce sens, possible de tout donner ?

« 1 remarques préliminaires a) Peut-onLe verbe pouvoir, en français, a deux sens distincts.

Il signifie :• Avoir la capacité de faire quelque chose.

Un riche, dit-on, peut être plus généreux qu'un pauvre, puisqu'il possèdedavantage.

Par ailleurs, ce qui est contradictoire ne peut évidemment pas être (c'est-à-dire : est impossible) ; c'esten ce sens qu'on ne peut donner ce qu'on n'a pas.

« La plus belle fille du monde, dit le proverbe, ne peut donnerque ce qu'elle a.

»• Avoir le droit d'agir, en avoir l'autorisation légale ou morale.

Exemple : en France, certaines personnes ne peuventpas, légalement, donner leur sang (les mineurs, etc.) bien qu'elles en aient éventuellement la capacité. b) ToutLe sujet est ainsi formulé que l'expression « tout donner » est un peu ambiguë.• « Tout donner » peut d'abord signifier : donner la totalité de ce qu'on a, sans en rien excepter.• Mais demander si l'on peut tout donner, c'est aussi demander si n'importe quoi peut être donné.

N'existerait-il pasdes réalités dont il serait impossible de faire don ? c) Donner• On peut écarter, tout d'abord, le sens qu'a le mot dans l'expression : « donner quelque chose contre quelquechose » ou « quelque chose pour quelque chose » : des marchandises contre de l'argent, trois pommes pour dixbilles etc.

On entre en effet ici dans la sphère de l'échange, où ce que l'on cède a une valeur équivalente à ce quel'on reçoit.

Un échange véritable implique une sorte d'équilibre, en première approximation du moins ; la pratique du «donnant donnant », ou du « rien pour rien », ne caractérise pas le don proprement dit.• Donner quelque chose à quelqu'un, en revanche, c'est engager un « échange » très particulier puisque c'est «abandonner à quelqu'un, dans une intention libérale ou sans rien recevoir en retour (une chose que l'on possède oudont on jouit) » (Dict.

Le Robert).

Il n'y a donc pas tout à fait échange ; ou bien, dans la problématique del'échange, il y a une sorte d'échange inachevé, incomplet, déséquilibré, sans contrepartie.

Est-il, en ce sens,possible de tout donner ? 2 le don impossible ou obligatoire ? a) Des échanges déguisés• L'analyse du don en manifeste le déséquilibre.

On est alors conduit à se demander si, véritablement, le don existe.• Il serait facile, en ce sens, de démasquer, sous le don, un échange implicite, parfois tu ou nié, parfois reconnu,mais seul capable d'expliquer la conduite du donateur.

Ou bien les cadeaux, gratifications, pourboires, etc.,récompensent des services antérieurs, et ils sont dus ; ou bien ils anticipent des services futurs, ils créent desdettes dont le donataire (celui qui a reçu le don) devra s'acquitter en retour.

Et si certains dons semblent échapperà la logique matérielle de l'échange complet, ne sous-entendent-ils pas une gratification psychologique, qui fait quele donateur, comme on dit familièrement, « s'y retrouve » encore ?• Si tout don est impossible, il est a fortiori impossible de tout donner.

Parce qu'il ne serait pas capable de donner,l'homme ne serait pas non plus capable de tout donner.

La question de savoir s'il a le droit de donner ne se posepas.Transition.

La réduction du don à une forme déguisée d'échange ne pourrait-elle être le fait d'une analyse quiméconnaît la spécificité du don ? Ne pourrait-on inverser en effet l'interprétation et faire dériver l'échange qui nousest familier de conduites de don, plus fondamentales que lui ? b) Primauté du don• Reprenant, en un sens, les thèses de l'ethnologue M.

Mauss (Essai sur le don, 1923-1924) et celles de G.

Bataille(La Part maudite, 1949), J.

Baudrillard nous rappelle que « toutes les sociétés ont toujours gaspillé, dilapidé,dépensé et consommé au-delà du strict nécessaire (...) Ainsi, dans le potlatch, c'est la destruction compétitive debiens précieux qui scelle l'organisation sociale (...).

C'est encore par la wasteful expenditure (prodigalité inutile) qu'àtravers toutes les époques, les classes aristocratiques ont affirmé leur prééminence (...) L'inutilité rituelle de la"dépense pour rien" (est alors) le lieu de production des valeurs, des différences et du sens » (La Société deconsommation, Idées, p.

49).• Nos échanges, dans le cadre de la rationalité économique qui est la nôtre, ne conserveraient de ces formesprimordiales du don que des « caricatures funèbres et bureaucratiques », ou des parodies illusoires.

Cf.

les rabais,soldes, réductions, « tous les mini-gadgets offerts à l'occasion d'un achat », et la publicité en général, dont lafonction est de « nier la rationalité économique de l'échange marchand sous les auspices de la gratuité » (ibid., p.261).. »

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