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Peut-on tout pardonner ?

Publié le 01/02/2005

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Un homme peut évoluer, regretter une faute commise. On se doit de lui pardonner, pour ne pas l'identifier à un acte isolé (il a tué, c'est donc un tueur). Le pardon comme devoir Lorsqu'un fautif se reconnaît coupable, on se doit de lui pardonner («faute avouée à moitié pardonnée » ?). C'est une exigence morale de respect d'autrui. Ne pas pardonner une injustice commise, c'est se montrer soit même injuste, partial. Il faut pouvoir faire abstraction du désir de vengeance.   2ème PARTIE Vécus personnels  Chacun a ses limites du pardonnable et de l'impardonnable et elles sont très aléatoires ; la gravité d'une faute est un jugement très personnel. Obliger quelqu'un à pardonner, c'est faire violence à sa personnalité, son vécu, ses croyances morales. Nous n'avons pas tous la même histoire, notre sensibilité face aux degrés des fautes subies n'est pas la même.

« Introduction D'où vient notre difficulté à pardonner tel tort dont nous sommes victimes, lorsque par ailleurs, nous en pardonnonsd'autres? Pourquoi celui-là résiste-t-il? Est-ce l'importance du dommage, ou la personnalité du criminel qui fontl'obstacle au pardon? Peut-on tout pardonner?La question suppose que le pardon nous est un acte connu, mais qui parfois excède notre capacité.

"Jamais je nepourrais pardonner".

Le fait ne doit pas nous empêcher de nous poser la question de droit: est-il légitime de ne paspardonner ? (et ceci quand bien même, dans les faits, le pardon nous semblerait impossible).Y a-t-il un domaine de légitimité du pardon? Mais la légitimité du pardon est-elle délimitable? Ne semble-t-il pas quele pardon soit légitime par lui-même, indépendamment du toute condition particulière? Le pardon paraît difficile àsoumettre à des conditions particulières, n'est-ce pas plutôt notre difficulté à pardonner, comme à aimer ou àrespecter? N'est-ce pas notre capacité ou notre incapacité à pardonner qui est soumise à l'influence des conditions,plutôt que la légitimité du pardon? Notre problème est au fond le suivant: qu'est-ce que pardonner ?Sous cette recherche d'un éventuel fondement de l'impardonnable, se cache une inquiétude profonde: lareconnaissance de l'injustice.

La peur qui nous tient, lorsqu'on envisage de lever toute condition au pardon, donc denier toute légitimité à l'impardonnable, c'est que l'injustice ne soit par reconnue, en particulier, et peut-êtreprimordialement, par le coupable lui-même. Partie 1 "Qui sommes-nous pour pardonner?" "Qui sommes-nous pour ne pas pardonner?" Accorder ou non son pardon, jouirde cette alternative fut un privilège du plus haut pouvoir politique.

La tradition biblique en fait un acte divin parexcellence.

Pourquoi cette éminence du pardon?La seconde formule souligne très précisément l'idée que le refus du pardon est un acte réservé.

Seul le pardon estde notre compétence, la question de son refus ne nous concerne pas, elle est renvoyée vers une instancesupérieure, voire transcendante.

Ces deux formules se ramènent à cette unique affirmation: l'impardonnable n'estpas de notre ressort.

A nous de nous limiter strictement au pardon.

Qu'est-ce que cette conception traditionnelledévoile quant à la nature du pardon? Ce simple constat en deux volets: d'une part c'est un acte qui nous estdifficile, quand il ne nous est pas impossible, d'autre part, que c'est un acte nécessaire.

Pourquoi nécessaire?Refuser le pardon, c'est laisser persister la rancœur, la haine, le désir de violence, de vengeance.

Faire taire lahaine, à l'échelle d'un individu ou d'un groupe, d'une ethnie, d'une nation, c'est une difficulté que la transmissionpossible à la descendance accroît.

Le refus du pardon, transmissible à travers les générations, constitue un état deviolence latent, un terreau pour le conflit brutal.

D'où l'idée de retirer à chacun la légitimité de décider s'il doit ounon pardonner.

Exiger inconditionnellement le pardon apparaît comme une exigence de paix sociale: sans le pardon,sans l'exigence inconditionnelle de lever les rancœurs, déliminer les haines, la vie commune serait tout simplementimpossible.

Pardonner est une nécessité pour envisager un futur; sous le reproche permanent, celui-ci n'est pasenvisageable.

La construction de l'Europe exige que soient pardonnées les souffrances réciproquement infligées parles guerres et l'idéologie nazie.Nous comprenons alors pourquoi, par sagesse, la faculté de disposer du pardon ("qui sommes-nous pour pardonner")et en particulier de disposer de la possibilité de le refuser ("qui sommes-nous pour ne pas pardonner") est placée sihaut, jusqu'à la seule compétence d'un être transcendant.

Il s'agit de la placer le plus loin possible des individus, denous.

La paix, c'est-à-dire la vie commune, exige que le pardon ne soit pas une chose laissée à notre discrétion.Proclamer l'impardonnable, c'est entretenir la déchirure, laisser le lien brisé, c'est obscurcir le futur des relationssociales à toutes les échelles.

Parce que le chef politique veut la paix civile comme le chef religieux veut l'amour duprochain (c'est-à-dire la paix de la communauté religieuse), le libre usage du pardon est retiré aux individus.

A laplace est posée la stricte exigence du pardon.

"Pardonnez à ceux qui vous ont offensés".

Dieu saura plus tardreconnaître les siens, comme le pouvoir politique user de colère et de violence; mais ce n'est pas à nous de le faire.A nous seulement le pardon.Nous venons de voir que le pardon se présente traditionnellement comme une exigence destinée à préserver la viecommune.

Mais pardonne-t-on pour que la paix revienne? Est-ce pardonner que de viser autre chose que le pardonlui-même? Notre expérience nous dit non.

Nous savons bien que nous soumettre à l'exigence de la paix, ce n'est paspour autant pardonner.

On "tourne la page", on "passe l'éponge", on fait en sorte que les choses soient de nouveaucomme avant, comme si de rien n'était.

On s'efforce d'oublier, on laisse le temps estomper les souvenirs, on efface. »

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