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Peut-on voir l'art comme un langage ?

Publié le 17/11/2011

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langage

L’œuvre ne nous dit rien, “on n’y voit rien” dit le critique d’art contemporain Daniel Arasse. Mais ce rien fait de l’art un moyen de saisir ce que le langage nous refuse. Une dimension ontologique permet à l’œuvre de nous donner plus que le réel, d’ouvrir une multiplicité de sens qui échappe à tout système de signes et nous éloigne de toute fonction pratique assignée au langage. L’art n’est pas un langage malgré leur caractère indissociable. Si le langage est cet appel à l’art dans sa manifestation, l’art est inséparable du discours sur l’œuvre. On ne fait que discuter des oeuvres, comme si le critère de reconnaissance d’un objet banal et d’une œuvre était non pas la perception mais ce que l’on en dit : “Les œuvres d’art elles-mêmes sont reliées de manière interne aux interprétations qui les définissent.” Arthur Danto L’art contemporain semble rendu accessible lorsqu’il renvoie à des discours qui donnent du sens, à une histoire de l’art et à tout un support spéculatif qui font objet d’interprétation.

langage

« constitue comme art.L'art ne se réduit pas à une activité cognitive de compréhension de son sens.

Son énoncén'est d'ailleurs jamais transparent car il touche avant tout notre sensibilité, notresubjectivité et renvoie à des expériences, à du vécu..

Au contraire, l'œuvre signifie par samatérialité même.

Le matériau de l'œuvre n'est pas transparent.

C'est le matériau même quifait sens Les couleurs, les sons,, les formes, les notes ne renvoient à rien d'autre qu'à eux-mêmes.

L'artiste fait être une œuvre qui se suffit à elle-même.

On peut citer l'exemple dansla littérature du XX° siècle, de l'absurde où le langage ne signifie rien.

on peut avoir ainsides textes dénués de sens au sens linguistique du terme amis qui pourtant font sens: lemonologue de Lucky dans En Attendant Godot de Beckett en est un exemple: le langagedérape jusqu'à ne plus rien signifier.

Mais le monologue est signifiant dans l'œuvre.

On peutaussi évoquer les multiples tableaux C'est le non-sens, l'absence de sens qui fait œuvre.

Onpeut citer aussi les tableaux non figuratifs de Kandinsky intitulés “sans titre” qui ne “disentrien”, pas même un nom.L'œuvre est une présence immédiate, elle n'est pas proposée à un discours susceptible de ladéchiffrer.

le langage suppose à l'inverse un décodage, la médiation d'une réflexion poursavoir ce qui nous est dit ou montré ou signifié.

L'œuvre ne dénote pas un sentiment commeun mot ou un signe.

Elle est avant tout sensation, rencontre “entre sentant et sensible” diraMerleau-Ponty.

Une œuvre d'art a une dimension esthétique.

L'œuvre se donne aux sens, ellese donne dans une présence immédiate.

Le langage suppose un décodage, une discursivité,une articulation bien mise en évidence par Aristote.

Il n'est jamais immédiat.

C'est dans saprésence immédiate que l'œuvre nous affecte.L'art n'instaure pas une communication par concept mais par la sensibilité.

Ce n'est pas unaccord sur le sens à donner à l'œuvre qui fait l'unanimité de la reconnaissance des œuvresmais la capacité des jugements de goût à partager, sans connaissance, un plaisir sensible.Pourtant, le beau n'est pas l'agréable, le beau n'est pas subjectif.

On vise bien à travers nosjugement quelque chose de proprement humain, un accord universel dans le rapportesthétique à l'objet.

Ce n'est pas le sens de l'œuvre qui crée l'accord, mais le plaisirdésintéresse qu'elle nous procure.

L'œuvre est le moyen d'instaurer une relation esthétiqueet d'établir une communication avec l'humanité.Le langage ordinaire porte sur un aspect du monde au-quel il correspond.

Il décrit desphénomènes.

L'œuvre dit autre chose que le langage: Bergson dans La Perception duChangement fait de l'art un moyen de s'acheminer vers ce que le langage ignore.

C'est bienune vision plus directe de la réalité que nous trouvons dans les différents arts.».

Le langagenous attache, il a une vocation pratique avant tout.

L'art, lui, nous ouvre vers une vision pluslarge.

L'œuvre joue le rôle de révélation de l'être au-delà du discours.

L'œuvre ne dit pas lasouffrance, elle est souffrance.

Il y a irruption de la présence de l'œuvre qui révèle laprésence elle -même.

L'art est ainsi la vraie parole, créatrice, qui convoque dans l'être cequ'elle nomme, pour Heidegger, Le parler à l'état pur est le poème.» écrit-il dansAcheminement vers la parole.

Nommer c'est convoquer dan la présence.

D'après lareprésentation courante, la parole est «l'expression sonore et la communication desémotions et des fluctuations intimes de l'homme.».

Contre cette conception déchue dulangage, il faut rendre à la parole sa vocation ontologique, il faut la rendre Poème.C'est dans sa proximité à l'art que le langage peut retrouver sa dimension réelle.

L'art n'estpas une sous-catégorie du langage, il est le langage authen-tique et c'est bien plutôt lelangage qui doit se hisser à l'art pour avoir un sens.L'art ne peut pas être considéré comme un langage au risque de laisser place à des moyensverbeux beaucoup plus performant.

Il n'y aurait plus de poésie, si elle consistait à unetransmission de message ; plus de photographie d'art, si elle tenait lieu de mémoire ou dereportage, etc.

Pour reprendre l'expression de Walter Benjamin, “à l'époque de lareproductibilité technique”, l'art est l'affirmation de se propre dimension esthétique sansrenvoie à un sens déterminé.

Il n'y a pas de contenu cognitif, ni d'émotion particulière, pasplus de fonction en dehors de l'expression de l'œuvre.

Si l'œuvre d'art est indissociable dulangage c'est parce qu'elle donne sens au langage ordinaire, elle donne sens au discours quil'explicite.Le langage désigne ou dénote des états du monde, dans un rapport à la vérité (dire ce quiest) ; il est ce sans quoi il n'y a aurait pas de manifestation de la pensée (”c'est dans lesmots que nous pensons” écrit Hegel).

Cependant, pour recevoir un sens au-delà du discours,c'est vers l'art que le langage doit s'élever (”le parler à l'état pur est le poème” écritHeidegger)L'œuvre ne nous dit rien, “on n'y voit rien” dit le critique d'art contemporain Daniel Arasse.. »

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