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Phidias

Publié le 26/02/2010

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Phidias, fils de Charmidès, naquit à Athènes dans les premières années du Ve siècle avant notre ère. Son enfance se déroula dans l'atmosphère exaltante des guerres médiques. Sans doute était-il trop jeune pour prendre une part active à cette lutte décisive entre l'Europe et l'Asie. Du moins, comme son contemporain Sophocle, dut-il en être profondément marqué : ce n'est pas un hasard si les années qui suivirent immédiatement ce conflit virent se définir les formes qui allaient pendant des siècles s'imposer à l'art occidental. Phidias devait jouer un rôle capital dans cette évolution. La première oeuvre que la tradition antique lui attribue se rattache directement aux récents événements militaires : c'est un groupe de statues de bronze que les Athéniens érigèrent à Delphes en souvenir de la bataille de Marathon. On a des raisons d'y reconnaître une initiative de Cimon, qui dirigea la politique d'Athènes entre 475 et 461. En plaçant vers 470 les débuts du jeune sculpteur, on ne doit pas être très éloigné de la vérité.   Athènes connaissait alors les premiers succès d'une expansion qui devait durer cinquante années. Auréolée d'une gloire toute neuve, elle se faisait le champion de l'hellénisme contre les Barbares et construisait du même coup un empire maritime, gage de sa prospérité commerciale. D'autre part, héritière d'une civilisation qu'au siècle précédent les Pisistratides avaient déjà portée à un extrême raffinement, elle s'attachait à renouveler cette incomparable tradition en la soumettant à la discipline qu'imposait son nouvel idéal de patriotisme guerrier. Ainsi s'explique l'apparition du style sévère, dont la vigueur et la sobriété nous touchent encore aujourd'hui. C'est l'âge d'Eschyle, qui précède et prépare la pleine maturité classique. Les sculpteurs se plaisent à des effets naturalistes et, en même temps, à des recherches subtiles d'harmonie et de proportions. Mais, quand ils représentent des dieux, ils ne nous donnent guère qu'un sentiment de perfection humaine et rarement celui de la présence divine.

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« sans doute ce portrait de Phidias par lui-même, sous l'aspect d'un homme chauve (il avait alors plus de cinquanteans) brandissant vers la gauche, à deux mains, la lourde masse du sculpteur.

On accusait aussi Phidias d'avoirdilapidé en partie les matériaux qui lui avaient été confiés pour la statue d'Athéna.

Un procès lui fut intenté.

Bienque la tradition antique fournisse sur ce point des indications contradictoires, il est sûr qu'il fut condamné etprobable qu'il mourut dans les prisons d'Athènes.

Ces événements eurent lieu peu avant la guerre du Péloponnèse,donc avant 432, car les contemporains insinuèrent que Périclès avait volontairement provoqué cette guerre pouréchapper lui-même au sort qu'on avait fait subir à Phidias.

L'admiration des Anciens pour Phidias allait d'abord à ses statues chryséléphantines.

Le Zeus d'Olympie est certainement parmi toutes les oeuvres d'art de l'antiquité celle qui a reçu le plus d'éloges.

Les poètes prétendaientque le dieu s'était montré en personne au sculpteur pour lui servir de modèle.

Les voyageurs insistaient tous surl'étonnante impression de présence divine que produisait la statue.

Et les rhéteurs répétaient à l'envi qu'aucunouvrage humain ne pouvait être plus parfait.

Hélas ! Seules quelques monnaies du temps d'Hadrien nous en ontgardé l'image, qu'une description détaillée due à l'écrivain Pausanias ne suffit pas à rendre évocatrice.

Quant àl'Athéna Parthénos , nous ne l'imaginons guère mieux. La technique employée pour ces colossales effigies était fort complexe.

La carcasse était creuse et reposait sur unearmature en charpente.

Au Parthénon, on voit encore dans le dallage le trou carré où était fiché le madrier centralqui soutenait l' Athéna Parthénos .

Maintenu par cette armature, le corps de la statue était en bois travaillé.

Sur cette forme sculptée déjà dans le détail, on appliquait l'ivoire et l'or en plaques minces, l'ivoire pour les parties nues,l'or pour les vêtements et la chevelure.

Pour ce délicat travail de placage, l'artiste devait déployer toute l'habiletéd'un orfèvre : d'autant que les feuilles d'or avaient auparavant reçu une décoration exécutée au repoussé.Intervenaient enfin des incrustations de pierres précieuses, en particulier pour les yeux.

Il nous faut quelque effort d'imagination pour évoquer l'effet de richesse et de polychromie que produisaient cescompositions somptueuses, dans la pénombre d'une salle éclairée seulement par la porte.

Autour de l'idole brillaitdoucement tout un décor aussi chatoyant qu'elle : le trône de Zeus et son tabouret, ornés de statues et de bas-reliefs, ou le bouclier d'Athéna, couvert de scènes mythiques.

En outre, le spectateur, sitôt franchi le seuil, trouvaitdevant lui sur le sol, dans un bassin très peu profond, une nappe liquide qui le séparait de la statue : elle étaitdestinée d'une part à maintenir dans l'atmosphère une humidité favorable à la bonne conservation des ajustages et,d'autre part, elle reflétait l'effigie sacrée.

On comprend qu'une telle apparition glorieuse ait inspiré le sentiment de lagrandeur et de la majesté divines.

La contemplation du détail faisait apparaître à foison les enseignements et les symboles : la statue était unmonument chargé d'images qui toutes avaient un sens.

Phidias, esprit profondément religieux, n'avait pas séparé larecherche esthétique et les exigences de la foi.

Au contraire, en exprimant par son art la haute idée qu'il avait de ladivinité, il a pu rendre celle-ci plus intelligible aux autres hommes.

C'est en ce sens qu'il faut entendre le beau motde Quintilien, selon lequel Phidias "aurait en quelque sorte enrichi la religion traditionnelle".

Que la pensée religieusese soit ainsi sentie étroitement solidaire de l'image est un trait bien caractéristique de la civilisation grecque.

De cet apport moral, il ne nous reste plus que l'ombre.

Pour nous, modernes, Phidias demeure surtout l'étonnantcréateur de formes plastiques que nous révèlent les sculptures du Parthénon.

Bien que certains critiques aient unmoment mis en doute l'intervention directe de Phidias dans l'élaboration de cet ensemble décoratif, on doitreconnaître, à la suite de récentes et pénétrantes études, que son influence et son contrôle se sont exercés làd'une façon déterminante.

Le style du Parthénon doit à Phidias son caractère et son unité.

Et c'est là que noussommes en droit d'aller chercher sinon la trace même de son ciseau, du moins le reflet fidèle de son génie.

Celui-ci se montre d'abord dans la répartition des thèmes et dans la composition des ensembles.

Le temple estconçu comme un support d'images, à la manière dont le sculpteur avait compris ses grandes statueschryséléphantines.

Le rapprochement n'est pas fortuit, car entre la décoration du temple et celle de la statue deculte, la même imagination créatrice a ménagé de subtils rappels.

Dans l'une comme dans l'autre on voit reparaîtreplusieurs fois l'encadrement d'une scène mythique entre les deux divinités astrales du Soleil et de la Lune, afin demieux marquer que l'événement s'intègre dans le vaste rythme du monde.

La prédilection que Phidias manifeste pource thème trahit peut-être les préoccupations philosophiques qui régnaient dans le cercle des amis de Périclès sousl'influence d'Anaxagore.

En tout cas elle témoigne de l'unité d'inspiration qui régit les deux ensembles plastiques.D'autre part, à considérer la composition de la frise des Panathénées, comment ne pas reconnaître la marque d'unpuissant esprit ordonnateur ? Pour disposer selon un rythme ample et majestueux ces centaines de personnages,pour orienter la procession de marbre parallèlement à la procession des vivants qui, tous les quatre ans, parcouraitle sanctuaire, il fallait certes un génial maître d'oeuvre.

C'est lui qui nous conduit, dans un développement d'unesouveraine aisance, avec les repos nécessaires, mais sans une redite ni un temps mort, depuis les préparatifs dedépart des cavaliers attiques jusqu'au moment solennel où le cortège des hommes arrive en présence des dieux.

Làencore Phidias semble avoir réalisé le miracle de mettre en communication directe l'humanité et le monde desImmortels.

Sa vision plastique enfin s'est partout imposée dans la décoration du temple.

Déjà, sur les métopes, qui en sont lapartie la plus ancienne, on la voit unifier dans une certaine mesure le style d'exécutants nombreux et inégaux.

Latête du centaure sur la métope I du côté sud présente un masque titanesque (digne de Michel-Ange !) où certainssoupçonnent l'intervention directe de Phidias.

Dans la frise et dans les frontons, l'influence du maître, qui avaitdésormais choisi ses collaborateurs définitifs, a éliminé les disparates.

S'il reste des inégalités entre les exécutants,. »

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