Philippe QUINAULT: Astrate

« Dans sa Satire III et dans son Dialogue des héro s de roman, Boileau a v ivement critiqu é Astrate pour son ton excessivement t end r e, l'abus d'élé­ ments romanesques, les faiblesses de sa structure et les as­ p ects superficiels des personnages.

Astrate.

Le livre La passion d' Astrate pour la meurtrière de son père / E lise a usurpé le trône de Tyr, après avoir fait poignarder le roi légitime et deux de ses fils.

Le troisième , qui a échappé au massacre , vit à la cour de la reine, en passant pour le fils de Sichée , sous le nom d'Astrate.

Comme il a rendu de grands services à l'État et à la reine , celle-ci se prend de passion pour lui et désire l'épouser.

Astrate, qui est lui-même amoureux d 'Élise , est prêt à s'unir avec elle et à prendre la couronne.

Mais, juste au moment où le jeune homme va retrouver la reine, Sichée lui révèle sa véritable identité ainsi que les crimes d'Élise.

Il conjure Astrate d'oublier son amour pour la reine , mais en vain.

Astrate veut tout sacrifier à l'amour: amitié, devoir , piété filiale.

Les soldats de Sichée, apprenant cela, demandent la tête d'Élise.

Celle-ci se retire alors dans ses appartements, avale du poison et meurt tragiquement au moment même où son amant accourt pour lui annoncer qu'il a su obtenir pardon pour elle.

Une morale anti-cornélienne Q uinault se préoccupe peu de l'équilibre des parties et de l'harmonie de l 'ensemble; il vise avant tout à exciter la cunosité et à entretenir l'intérêt.

L'intrigue est fondée sur un incognito et comporte une reconnaissance en deux temps.

Cette reconnaissance , qui a lieu au début de l'acte IV, ne constitue pas le dénouement, mais ne fait que le préparer.

En outre, l'identité d ' Astrate est tenue secrète jusqu 'à l'avant-dernier acte même pour le spectateur.

L'amour occupe une place privilégiée dans Astrate comme dans tout le théâtre de Quinault.

Pour Élise et Astrate, l'amour se fonde sur le respect mutuel et sur l'altruisme ; l'honneur , la gloire et le devoir doivent céder devant lui.

Pour Élise l'amour abolit toutes les différences de classe : au deuxième l'acte, elle convainc Astrate qu'un simple sujet a le droit d 'aimer sa souveraine.

Quant à Astrate, il sacrifie tout pour celle qu' il aime , et , quand il apprend qu'elle est la meurtrière de son père, il ne songe qu'à la sauver.. »