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philosopher est-ce apprendre à mourir?

Publié le 08/03/2005

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Philosopher, c'est penser la vie pour apprendre à se débarrasser de ses angoisses vaines : seul importe le plaisir, le véritable bien en soi. Néanmoins la doctrine épicurienne rejoint celle de Platon dans ses effets, en ce qu'une vie bonne se caractérise également par un certain ascétisme, puisque trop de plaisirs implique des maux plus grands que ces mêmes plaisirs. Philosopher, ce n'est donc pas apprendre à mourir, mais apprendre à vivre, et à vivre bien.  III. Toute existence constitue un pro-jet conjurateur de notre finitude constitutive (Heidegger, Sartre). Comme l'affirme Heidegger dans Etre et temps, la vie humaine s'inscrit tout entière au sein de sa propre finitude : notre mort est présente dans chaque instant de notre vie, car tout pro-jet ek-sistentiel s'inscrit, en tant que tel, au sein de la finitude, qui consiste en la circonscription de l'existence individuelle entre le moment de la naissance et celui de la mort. Reprenant la phrase de Malraux, qui disait que "la mort transforme la vie en destin", Sartre montre que l'horizon de notre mortalité constitue ce qui, précisément, permet de donner du sens à notre existence : la finitude constitue cela même qui permet à l'existence de s'orienter selon une nécessité propre, la sienne, qu'elle s'est pro-jetée en propre. Ainsi, penser sa vie, c'est pro-jeter sa vie en tant que vie finie, c'est-à-dire donner du sens à une existence particulière à partir de cela même qui devrait abolir toute possibilité même de sens (puisque la mort rend vaine toute action humaine, dans l'absolu). Penser sa vie, philosopher, constitue donc une lutte de tous les instants contre la condition mortelle de l'homme, étant bien entendu que cette lutte même ne peut s'inscrire qu'à partir de l'horizon même de la finitude humaine.  Conclusion.
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-La mort constitue l'événement singulier qui clôt une vie. La vie toute entière se définit à partir de cet événement ultime, qui implique la finitude fondamentale de tout être vivant, dont l'homme.
-Or, l'homme est de tous les animaux le seul qui sait qu'il va mourir : sa vie même, son existence propre s'inscrivent donc sous l'horizon d'une mort dont on ne pourra jamais, pourtant, faire l'expérience directe.
-La philosophie, en tant qu'exercice de la pensée portant sur l'existence et ses innombrables caractéristiques, inscrit donc l'horizon de son exercice au sein de cette condition mortelle originaire de l'homme.
-En quel sens la pensée philosophique constitue-t-elle un apprentissage à la mort ? Apprendre à mourir, dans cette perspective, n'est-ce pas plutôt apprendre à vivre, en inscrivant cette vie même au sein de sa finitude constitutive ?

« crainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. III.

Toute existence constitue un pro-jet conjurateur de notre finitude constitutive (Heidegger, Sartre).

Comme l'affirme Heidegger dans Etre et temps , la vie humaine s'inscrit tout entière au sein de sa propre finitude : notre mort est présente dans chaqueinstant de notre vie, car tout pro-jet ek-sistentiel s'inscrit, en tant que tel,au sein de la finitude, qui consiste en la circonscription de l'existenceindividuelle entre le moment de la naissance et celui de la mort.

Reprenant laphrase de Malraux, qui disait que "la mort transforme la vie en destin", Sartremontre que l'horizon de notre mortalité constitue ce qui, précisément, permetde donner du sens à notre existence : la finitude constitue cela même quipermet à l'existence de s'orienter selon une nécessité propre, la sienne,qu'elle s'est pro-jetée en propre.

Ainsi, penser sa vie, c'est pro-jeter sa vieen tant que vie finie, c'est-à-dire donner du sens à une existence particulière à partir de cela même qui devrait abolir toute possibilité même de sens(puisque la mort rend vaine toute action humaine, dans l'absolu).

Penser savie, philosopher, constitue donc une lutte de tous les instants contre lacondition mortelle de l'homme, étant bien entendu que cette lutte même nepeut s'inscrire qu'à partir de l'horizon même de la finitude humaine.

Conclusion.

-La philosophie ne pense d'abord la vie qu'en vue de la mort elle-même :toute notre vie sensible doit être normée selon les exigences propres à notre condition intellectuelle propre, qui subsiste après le moment de la mort.-Or, c'est plutôt la mort elle-même qui doit être pensée en vue de la vie : ou plutôt, c'est en pensant la mort en ceque précisément nous ne pouvons pas la penser (puisque nous ne pouvons pas en avoir l'expérience directe), que la vie s'offre pour seule perspective qui importe réellement.

On ne se prépare à mourir qu'en conjurant notre angoissemêmede la mort.-Néanmoins, la mort ne saurait être exclue de la vie elle-même, ou du moins de la vie humaine : la mort estconstitutive de l'existence, elle en constitue l'horizon propre en tant qu'horizon de finitude.

Dans cette condition,penser, philosopher, c'est pro-jeter son ek-sistence selon une nécessité propre qui vient conjurer la contingencefondamentale que constitue la possibilité de mourir à n'importe quel moment.

Philosopher, c'est pro-jeter sa vie pourconjurer la mort qui lui est constitutive : apprendre à mourir, c'est donc écouter notre condition mortelle et donccontingente radicale, pour dépasser, précisément, cette condition ; apprendre à mourir, c'est apprendre à dépassersa propre condition, au sein de cette même condition.. »

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