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Pierre Ier le Grand

Publié le 10/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Pierre Ier le Grand (1672-1725), tsar (1682-1725) puis empereur de Russie (1721-1725).

Se confondant avec l’histoire de la Russie, la vie et le règne de Pierre le Grand — illustre membre de la famille des Romanov — sont le symbole de l’ouverture culturelle, politique et économique d’un pays du xviiie siècle, fermement engagé sur le chemin de la modernité.

2   UN ROMANOV À L’HÉRITAGE CONTESTÉ

Né à Moscou le 10 juin 1672 — 30 mai selon le calendrier julien —, fils d’Alexis Ier Mikhaïlovitch et de Nathalie Narychkine, Pierre Alexeïevitch est choisi par le Zemski Sobor (assemblée de hauts dignitaires) en 1682 pour assumer la fonction de tsar. C’est donc un jeune prince de dix ans qui succède à Fédor III, son demi-frère, pour diriger le pays. Sa demi-sœur, Sophie, le prive immédiatement de son pouvoir en fomentant une révolte des strelsty (archers de la garde), révolte qui conduit la douma tsariste (assemblée législative) à entériner les exigences princières : Pierre doit régner conjointement avec son demi-frère Ivan V, et Sophie assurer la régence. Le 25 juin 1682, Pierre et Ivan sont donc couronnés dans la cathédrale de l’Assomption à Moscou.

Assoiffée de pouvoir, Sophie relègue finalement le jeune tsar et sa mère Nathalie à Preobrajenskoïe, à une trentaine de kilomètres de Moscou, où Pierre s’initie aux jeux guerriers auprès de ses compagnons d’infortune.

3   PIERRE IER, SOUVERAIN DE LA RUSSIE

Profitant de sa forte popularité, Pierre rentre triomphalement à Moscou le 6 octobre 1689, et expédie Sophie au couvent. Ne montrant cependant aucune velléité de chef d’État, il laisse sa mère gouverner jusqu’à sa mort, cinq ans plus tard.

3.1   Une reprise en main du pouvoir

En 1694, âgé alors de vingt-deux ans, Pierre Ier inaugure son règne personnel en engageant une guerre ouverte contre l’Empire ottoman pour le contrôle du littoral de la mer Noire. En 1695, il reprend aux Turcs la forteresse d’Azov, dotant ainsi la Russie d’un nouvel accès méridional. Fuyant la cour de Russie, il entreprend ensuite un grand voyage à travers l’Europe et, pendant deux ans, visite les capitales occidentales (Amsterdam, Berlin, Vienne, Rome, Copenhague et Londres), évitant seulement la France, amie des Turcs. Au cours de son voyage, Pierre recrute un personnel qualifié, dont il attend beaucoup pour l’éducation de ses compatriotes et la promotion de la Russie.

En 1698, Pierre rentre précipitamment à Moscou où sa demi-sœur a fomenté un nouveau complot, qu’il réprime de manière sanglante — 4 000 exécutions — avant d’installer un pouvoir autocratique. À partir de cette date, le tsar se consacre alors pleinement, avec un enthousiasme et une énergie hors du commun, à l’européanisation de son pays en poursuivant une politique de modernisation systématique.

3.2   La seconde guerre du Nord

À ses yeux, la transformation de la Russie doit d’abord passer par une mainmise sur la mer Baltique : en 1700, il entre en guerre contre la Suède de Charles XII (voir seconde guerre du Nord). Il met le siège devant Narva où il est finalement défait (30 novembre), mais remporte néanmoins une grande victoire à Poltava (8 juillet 1709), mettant un terme à l’avancée suédoise en Ukraine. Par la paix de Nystad, en septembre 1721, la Russie entre dans le concert des grandes nations en obtenant le contrôle d’une importante partie du littoral de la Baltique. Fort de ce succès, Pierre se fait proclamer la même année « Pierre le Grand, père de la patrie, empereur de toutes les Russies «, rompant ainsi avec la titulature traditionnelle du régime tsariste.

3.3   Une nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg

En 1703, Pierre le Grand ordonne la construction d’une ville sur la Neva. Dans un premier temps, il ne doit s’agir que de fortifications destinées à la poursuite de la guerre contre la Suède. Puis, l’idée de construire une ville sur un marécage, à l’instar des Hollandais qu’il admire, lui apparaît comme un défi à relever. La nouvelle ville, Saint-Pétersbourg, sera sa capitale, résolument tournée vers la modernité et l’Occident. Sous la direction de l’architecte italien Trezzini, le chantier fait plusieurs milliers de victimes, englouties dans les marécages de la Neva. En 1712, Pierre le Grand fait transférer la Cour dans la nouvelle capitale.

3.4   Réformes et occidentalisation de la Russie

Pierre le Grand réforme complètement les institutions politiques, sociales et économiques du pays. D’un point de vue politique, il supprime les instances qui ont contesté sa légitimité — régiments de streltsy et douma aristocrate — et crée, en 1711, un Sénat gérant les affaires administratives, judiciaires et financières ; une administration locale assure la continuité du gouvernement central dans les confins de l’Empire : division du pays en cinquante provinces dirigées par des voïévodes, eux-mêmes relayés par des commissaires. En 1718, afin de subventionner la guerre contre la Suède, l’empereur met en place un impôt par tête, la capitation ; pour ce faire, il établit un recensement dans tout l’Empire tenant compte des serfs et esclaves également soumis à l’imposition. De même, il assure un monopole d’État sur le papier timbré nécessaire dans toute transaction légale. En matière économique, ce mercantiliste encourage l’industrie (implantation d’environ 200 manufactures), le commerce et les investissements.

Sur le plan social, le règne de Pierre le Grand est également novateur. L’instruction est fortement encouragée et le souverain n’hésite pas à faire envoyer à l’étranger des jeunes gens pour qu’ils s’initient à l’artisanat et au commerce de l’Occident. De même, il défend la langue russe, et permet la publication du premier journal dans cette langue, en 1702. En outre, Pierre établit une nouvelle hiérarchie nobiliaire liée plus au mérite qu’à la naissance en publiant, en 1722, la Table des rangs. Enfin, symboles majeurs de l’occidentalisation du pays, Pierre fait adopter le calendrier julien (au détriment du calendrier orthodoxe traditionnel), impose la simplification de l’alphabet, l’introduction des chiffres arabes, etc.

Lorsque Pierre le Grand meurt le 8 février 1725, la Russie a acquis une place politique et économique indiscutable dans le concert européen. Pourtant, un fossé s’est creusé entre l’élite russe occidentalisée et le reste de la population, fidèle aux traditions. Son épouse Catherine, proclamée impératrice en 1724, lui succède sous le nom de Catherine Ire.

La forte, et parfois cruelle, personnalité de Pierre Ier a été décrite par Voltaire dans son Histoire de la Russie sous Pierre le Grand.

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