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La pitié dans Fin de Partie

Publié le 17/01/2011

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Introduction : Fin de partie est une oeuvre de Samuel Beckett, écrite en 1957. Cette oeuvre s'inscrit dans le théâtre de l'absurde. Cette œuvre s’inscrit dans un contexte historique difficile. Nous allons étudier le thème de la pitié dans cette oeuvre. Dans un premier temps, nous verrons les relations qu'il existe entre les personnages. Puis, dans un deuxième temps, nous verrons les manques, déficiences et la souffrance présents dans ce texte. Et dans un dernier temps, nous verrons le thème de la “fin”.

 

I. La pitié engendrée par des problèmes psychologiques :

1) Supériorité :

 

- Nagg est sarcastique avec Hamm  qui lui parle de ses malheurs et Nagg en rit : « Nell :

Il ne faut pas rire de ses choses, Nagg. « (p.31) => marque une relation de désaccord et d’humiliation. Le père ne porte pas d’attention aux paroles de son fils.

- Hamm est supérieur à Clov : il lui donne des ordres, mais change d'avis. On voit aussi que Hamm dit à Clov qu'il veut qu'il le quitte, Clov répond alors : « Alors, je te quitterai « puis Hamm lui finalement dit qu'il ne peut pas, alors, Clov dit : «  Alors je ne vous quitterai pas. «    => Hamm a besoin de montrer aux autres personnages sa supériorité. 

- Hamm insulte son père : « Salopard «

- Episode du chien : Hamm a besoin d'une compagnie animale, mais fait preuve de violence, il a besoin de montrer sa puissance : « sale bête «

- Hamm aime particulièrement que son entourage l’implore afin de lui donner une position de supériorité et rabaisser les autres : épisode du chien : « laisse-le comme ça, en train de m’implorer. « (p.57) ou histoire de Hamm : « C’était l’instant que j’attendais. (Un temps.) Si je consentirais à accueillir l’enfant aussi – s’il vivait encore. ( Un temps.) Je le revois, à genoux « (p.72) => un personnage qui ne se sent bien que par la supériorité et donner de l’importance à ses actes => personnage qui a du se sentir rabaisser dans le passé, malheureux et dont l’autorité est son seul moyen d’écoute.

 

2) Mal être :

 

- Nagg et Nell sont dans des poubelles,  et pour retirer leurs excréments, Clov doit changer le sable qu'il y a dans ces poubelles : « Et maintenant, c'est du sable. De la plage. Maintenant c'est du sable qu'il va chercher à la plage. « (p.30) => personnages qui vivent dans leurs excréments, ne sont pas assistés.

 

- Clov ment à Hamm à propos du chien lorsqu'il lui dit que le chien est presque blanc alors qu'il est noir. => utilise les déficiences de Hamm pour lui mentir

 

- Clov se considère comme étant le chien de Hamm : « Tes chiens sont là. « (p.55) : il n'y a que lui, Hamm et le chien présents. => relation de maître/esclave et que Clov se considère lui même comme l’animal de Hamm.

 

- Clov se sent obligé de répondre à ses ordres : « fais ceci, fais cela, et je le fais. Je ne refuse jamais « => totalement soumis à son maître Hamm même s’il n’y est plus obligé.

 

- Besoin d’affection et d’attention de Hamm : « demande où j’en suis « (p.78), « embrasse-moi « (p.87) => manque d’affection, dépendance de Hamm pour Clov afin d’obtenir ce que ses parents ne lui ont pas donné, son passé joue sur ses actes présents. Mais Clov n’y répond pas et le rejette

 

- Hamm parle de pitié pour expliquer les raisons qui poussent Clov à rester : « Pourquoi je t’obéis toujours […] – c’est peut-être de la pitié « (p.98) => relation de pitié, aucune relation d’amitié réel.

 

3) Souffrance :

- Problèmes physiques et manque (vu dans le 1) et le 2)).

 

- Sujet des personnages : Hamm dans sa 1ère réplique parle de souffrance et de misère : « Peut-il y a – (bâillements) – y avoir misère plus … plus haute que la mienne ? « (p.15)  => souffre de sa condition, de se qu’il subit au cours du temps, malheureux et son passé paraît douloureux et difficile. « Mais est-ce dire que nos souffrances se valent ? « (p.15)

 

- Mal être de Hamm : questions existentielles pour comprendre les raisons de ce monde qui le fait souffrir.

 

- Hamm reproche à son père sa naissance : « Pourquoi m’as-tu fait ? « (p.67) => vie difficile et supplice.

 

- L’histoire de Hamm : si l’enfant est Clov, alors Clov a un passé difficile : dès l’enfance il a été abandonné et a subit le manque de nourriture ainsi que la destruction : « N’allez pas me raconter qu’il y a encore de la population là-bas « (p.70) => mort d’une ville dont le père et l’enfant semblent les seuls survivants. 

 

- Le passé de Hamm que raconte son père Nagg :  « Qui appelais-tu, quand tu étais tout petit et avais peur, dans la nuit ? Ta mère ? Non. Moi. On te laissait crier. Puis on t’éloigna, pour pouvoir dormir « (p.75) => un père qui n’était pas présent pour son fils et qui le laissait se débrouiller seul même enfant. Ce qui peut expliquer le mal être de Hamm qui a subit un manque d’affection de la part de ses parents.

 

- Les gestes répétitifs et les paroles ou actes qui paraissent au spectateur comme de la folie : la pantomime de Clov ainsi qu’à la fin de la pièce où il se trompe de fenêtre ou lorsqu’il oublie la lunette => le personnage semble souffrir de folie ou de problèmes de mémoires qui peuvent aussi être une marque de dépérissement et qui approche le personnage de sa mort. Pour Hamm, il y a son obsession du centre.

 

- Les angoisses marquent aussi une souffrance profonde de peur : les angoisses répétées de Hamm sur le temps, son obsession de l’extérieur avec la peur qu’un être vivant puisse encore vivre dehors. => souffrance par rapport à la vie qui se termine, au temps qui passe mais aussi peur de l’extérieur et du vivant.

 

- Clov tente désespérément de partir car il souffre de sa condition de vie avec Hamm mais Clov ne parvient pas à le quitter : « - Je croyais que je t’avais dit de t’en aller. – J’essaie ( il va à la porte, s’arrête.) Depuis ma naissance. « (p.26) => Clov veut a tout pris partir mais n’y parvient et ce apparemment depuis toujours.

 

- Hamm montre aussi la souffrance qu’il éprouve en prédisant le même avenir funeste à Clov (p.51) => Clov va souffrir jusqu’à sa mort et il ne pourra plus compter sur personne.

 

La souffrance que ressentent les personnages fait ressentir aux spectateurs de la pitié sur ce qu’ils vivent ainsi que sur les différents problèmes qu’ils ont.

 

II.Expression de la pitié à travers la pénurie et les problèmes physiques des personnages :

1) Manque :

 

- Manque de nourriture :  Seul Hamm a la combinaison du buffet, c'est pour cela que Clov reste. Cependant Hamm avoue que le buffet est vide. => personnages sont tenues par la faim et la mort prochaine par la famine.

Il n'y a plus de bouillie pour Nagg, c'est pour cela que Clov donne à Nagg un biscuit alors que celui-ci ne peut pas le manger.

- Manque de calmant : Pendant la piéce, Hamm demande à Clov si c'est l'heure de son calmant et, au bout d'un moment Clov lui répond, qu'il n'y en a plus. Ce qui entraine de l'angoisse chez Hamm.

- Manque de nature : il n'y a plus de végétaux. =>environnement stérile et morbide, environnement pathétique.

 

2) Déficiences :

 

- Clov dit que ses yeux et ses jambes vont mal, qu'il ne peut pas s'asseoir. ( p.19)  => personnage dont la plupart des parties de son corps sont atteintes de maladies et d’handicapes.

- Hamm est dans un fauteuil, il ne peut pas se lever, il ne pas voir non plus (épisode du chien où il ne peut voir la couleur de la peluche)

- Nagg et Nell n'ont plus de jambes, entendent mal et ont la vue qui baisse.

 

                   3) Violence :

 

- Episode du chien : Hamm a besoin d'une compagnie animale, mais fait preuve de violence, il a besoin de montrer sa puissance : « sale bête «

 

- Clov renferme les parents dans les poubelles avec violence en suivant les ordres de Hamm => aucun respect, cruauté.

- Hamm avec la complicité de Clov tue Nell en utilisant la poudre. => meurtre sans remord d’un proche

 

Chaque personnage a des déficiences physiques qui font ressentir au spectateur de la pitié face à cette déformation du corps de manière pathétique

III. La pitié exprimée par le thème de la « fin « :

1) La fin d’une pièce, d’un jeu et d’une vie :

 

Espace vide : « intérieur sans meuble « (p.11) => spectateur voit les personnages vivrent dans un lieu peu attirant et peu habitable, tableau retourné = surprenant, marque bouleversement, désordre, peu être lié au peintre fou donc peu donner une touche de folie à la pièce. « Lumière grisâtre « (p.11) =>lieu peu accueillant, espace morbide.

 

Thème de la mort : * obsession de l’extermination comme l’épisode de la puce, du rat ou encore de l’enfant : « c’est quelqu’un ! – Eh bien, va l’exterminer. « (p.101) => spectateur est angoissé par l’idée de la mort que pourrait subir l’enfant, personnages cruels. * Hamm veut tuer sa propre mère Nell : « elle n’a plus de pouls. – Oh pour ça elle est formidable, cette poudre. « (p.37) => la poudre est ensuite utilisée pour tuer la puce donc Hamm et Clov ont été complices pour tuer Nell. => pitié du spectateur pour Nell qui incarne le seul personnage avec Nagg de l’amour, Hamm et Clov sont monstrueux et cruels : ce sont des tueurs. * Hamm est accusé d’avoir tué Mme Pegg (p.17) 

 

- Fin de la nature : il n’y a plus de végétation : « la nature nous a oubliés « (p.23), «  elles [les graines] ne germeront jamais « (p.26)  => extérieur est détruit, inhabitable, fin d’un monde, de la vie. Personnages vivent dans un espace triste et mort. 

 

- Fin d’un jeu : «Clov (implorant) - Cessons de jouer « (p.100), « A moi. (un temps) De jouer.« (p.108) => Hamm prend ce qui lui arrive pour un jeu, la vie est une partie, Clov veut que sa vie répétitive cesse. Hamm veut aussi que tout se termine en demandant à Clov de le tuer. => vie pathétique des personnages, subissent leur destin, ne font pas de propres choix.

 

- Mouchoir ensanglanté : symbole du rideau final du théâtre mais aussi par le sang la mort.(p.110)

 

2) La condition humaine et la fin de l’humanité : synonymes de pitié :

- Fin humanité : « ce que faisaient les mômes « (p.102) => fin de la naissance, la procréation est donc de la vie en générale. Un monde détruit, sans vie : «  Il y a tant de choses terribles. – Non non, il n’y en a plus tellement. (Un temps.) Clov. « (p.61) Hamm et Clov veulent finir de le détruire marquée par les obsessions de tuer ce qui est vivant. => Spectateur par cette pièce et son contexte historique ( fin de la Seconde Guerre Mondiale, massacre des Polonais…)  peut avoir pitié pour Beckett qui a vécu une période difficile, période de sentiment de « fin de civilisation « => Beckett représenterait alors dans sa pièce ce sentiment par ses personnages.

 

- Condition humaine : vision très pessimiste de l’Homme, les humains = monstres, Hamm représente la passion du meurtre, la violence, la destruction et le sadisme, son absence de respect : ses parents qu’il laisse dans des poubelles sans changer leur sable (p.30). Les personnages représentent la vision que Beckett a de la condition humaine c'est-à-dire la souffrance et la cruauté. Le spectateur ressent alors de la pitié pour la vision donnée de l’Homme et sur la représentation que les personnages en donnent. 

 

Une vision de la fin du monde qui concorde avec la date de rédaction de Fin de partie en 1956 juste après la guerre totale et les massacres qui ont suivis. La pièce représente donc le sentiment de « fin de la civilisation « par les personnages ce qui donne une image négative de l’Homme après tous les actes barbares qu’il a fait subir ( tuerie, torture, génocide…) Le spectateur a alors pitié de l’image que donne Beckett et ce qu’il a vécu ainsi que la population durant cette époque.

 

Conclusion : Le spectateur, tout au long de la pièce, ressent de la pitié autant pour les personnages que pour l’image de l’époque où à vécu Beckett. Et cette pitié est crée par la relation difficile entre les personnages, les problèmes qu’ils ont mais aussi par ce thème répétitif de la « fin « qui reprend le thème de la mort.

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