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PLAN DIDACTIQUE. L'ALOUETTE

Publié le 28/04/2011

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   Cette description de l'alouette est extraite de l'Oiseau, publié en 1856, par l'historien Jules Michelet. On étudiera particulièrement la forme du plan didactique antithétique, sa clarté.    L'oiseau des champs par excellence, l'oiseau du laboureur, c'est l'alouette, sa compagne assidue, qu'il retrouve partout dans son sillon pénible, pour l'encourager, le soutenir, lui chanter l'espérance. Espoir, c'est la vieille devise de nos Gaulois, et c'est pour cela qu'ils avaient pris comme oiseau national cet humble oiseau si pauvrement vêtu, mais si riche de cœur et de chant.    La nature semble avoir traité sévèrement l'alouette. La disposition de ses ongles la rend impropre à percher sur les arbres. Elle niche à terre, tout près du pauvre lièvre et sans abri que le sillon. Quelle vie précaire, aventurée, au moment où elle couve ! Que de soucis, que d'inquiétudes ! A peine une motte de gazon dérobe au chien, au milan, au faucon, le doux trésor de cette mère. Elle couve à la hâte, elle élève à la hâte, la tremblante couvée. Qui ne croirait que cette infortunée participera à la mélancolie de son triste voisin, le lièvre ?    Cet animal est triste et la crainte le ronge. La Fontaine.    Mais le contraire a lieu, par un miracle inattendu de gaieté et d'oubli facile, de légèreté, si l'on veut, et d'insouciance française : l'oiseau national, à peine hors de danger, retrouve toute sa sérénité, son chant, son indomptable joie. Autre merveille : ses périls, sa vie précaire, ses épreuves cruelles n'endurcissent pas son cœur ; elle reste bonne autant que gaie, sociable et confiante, offrant un modèle, assez rare parmi les oiseaux, d'amour fraternel : l'alouette, comme l'hirondelle, au besoin, nourrira ses sœurs.    Deux choses la soutiennent et l'animent : la lumière et l'amour. Elle aime la moitié de l'année. Deux fois, trois fois, elle s'impose le périlleux bonheur de la maternité, le travail incessant d'une éducation de hasards. Mais quand l'amour lui manque, la lumière lui reste et la ranime. Le moindre rayon de lumière suffit pour lui rendre son chant.    C'est la fille du jour. Dès qu'il commence, quand l'horizon s'empourpre et que le soleil va paraître, elle part du sillon comme une flèche, porte au ciel l'hymne de joie. Sainte poésie, fraîche comme l'aube, pure et gaie comme un cœur d'enfant ! Cette voix sonore, puissante, donne le signal aux moissonneurs : « Il faut partir, dit le père ; n'entendez-vous pas l'alouette ? « Elle les suit, leur dit d'avoir courage ; aux heures chaudes, les invite au sommeil, écarte les insectes. Sur la tête penchée de la jeune fille à demi éveillée, elle verse des torrents d'harmonie.    Michelet.

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