Devoir de Philosophie

PLATONISME / ARISTOTELISME

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

On s'accorde à dire que la pensée occidentale est parcourue par deux grands courants qui se rattachent explicitement ou non aux idées fondamentales formulées par Platon et par Aristote, dans la mesure même ou l'on oppose l'un à l'autre. Le poète anglais Coleridge a été jusqu'à dire que chacun naît Platonicien ou Aristotélicien, exprimant par là que les doctrines de Platon et d'Aristote sont des formulations de deux attitudes naturelles et sans cesse renouvelées vis à vis du problème central de la philosophie et de la science : le rapport entre le sensible et l'intelligible, la matière et la forme, le matériel et l'immatériel, le réel et le langage. Au dualisme platonicien, séparant la matière et la forme (Idée) s'oppose le monisme de la substance dans l'hylémorphisme aristotélicien. La thèse centrale d'Aristote est le rejet des formes séparées platoniciennes : les formes doivent être inhérentes aux choses, elles font partie de la structure des objets et ne peuvent pas et ne peuvent pas plus exister en dehors d'eux que la matière qu'elles informent. Toute forme est donc en un sens la forme d'une chose concrète. Dans la Métaphysique, Aristote s'exclame : « et puis il semblerait impossible que la substance fût séparée de ce dont elle est substance ; comment donc les Idées, qui sont les substances des choses, seraient elles séparées des choses ? ». Ce bon sens aristotélicien sera souvent de peu de poids face à la fascination du grand récit mythique fourni par le platonisme. A l'idéalisme platonicien, dévalorisant le sensible et la matière, s'oppose le matérialisme aristotélicien et sa valorisation du mouvement. A une conception « atomistique » du monde comme combinaison de formes élémentaires données à priori, qui sous tend la pensée platonicienne, s'oppose une conception dynamique du monde, propre à la pensée aristotélicienne, une conception où la matière informe et le mouvement se conjuguent pour créer les formes. La conception atomistique engage la pensée dans le problème du rapport entre le Tout et les parties, c'est à dire dans les arcanes de la philosophie systémique, qui met précisément l'atomisme en question, en soulevant les problématiques de l'émergentisme et du structuralisme. Toute la culture du XX ème siècle est traversée par ces prises de position, délibérées ou contraintes, dans le débat entre le matériel et l'immatériel. Le siècle s'ouvre par la concrétisation de l'existence des atomes et par la disparition de tout support matériel (éther) pour les ondes électromagnétiques ( la radio ) dans la théorie de la relativité. L'atome donne à la Chimie un fondement qui l'exalte et va lui permettre au cours du siècle de s'accomplir dans les nombreux triomphes du molécularisme ( polymères, produits de synthèse, biologie moléculaire ). Mais l'atomisme lui même va être pris dans le flux de la dématérialisation qui envahit le siècle, depuis la mécanique quantique jusqu'à la théorie de l'information, à travers le développement général des formalismes. Une disparition de la matière au profit de la forme, de la substance au profit de l'information. Avec un développement des conceptions transcendantales de l'objectivité. A ce platonisme universel du XX ème siècle, dont la révolution informatique concrétise l'esprit, s'oppose le développement de la théorie des systèmes dynamiques non linéaires, qui révolutionne les conceptions sur l'apparition des formes dans la nature, des formes biologiques aux formes de la pensée envisagées par les sciences cognitives. Alors que par ailleurs la conception des formes élémentaires est dominante dans toute la psychologie de ce siècle, depuis les entités mentales de Freud et les archétypes de Jung, jusqu'aux conceptions de la théorie de la Gestalt. Le Vide participe de toutes ces tensions dans sa condition d'état quantique, de forme substantielle, là où bien des physiciens aimeraient voir une substance, possédant énergie et fluctuations comme attributs.

Liens utiles