Devoir de Philosophie

polonaise, littérature.

Publié le 06/05/2013

Extrait du document

polonaise, littérature. 1 PRÉSENTATION polonaise, littérature, littérature des habitants de Pologne et de ses exilés, rédigée essentiellement en langue polonaise. L'activité littéraire en Pologne débute à l'époque païenne avec une littérature populaire transmise exclusivement par voix orale. Cette ancienne littérature se divise par la suite en deux catégories : la poésie lyrique, qui célèbre les plaisirs de la vie, et la poésie épique, composée de fables et d'épopées qui mettent en scène des animaux, ainsi que de légendes religieuses et de contes historiques. 2 LA PÉRIODE MÉDIÉVALE C'est dans le prolongement du baptême de la Pologne (966) qu'allait naître et se développer la littérature polonaise. Et cette nouvelle culture chrétienne, propagée, comme dans tout l'Occident médiéval, par les ordres monastiques et le clergé séculier, allait imposer le latin, écartant et détruisant le riche fonds culturel pagano-slave primitif. Il s'agit donc essentiellement de littérature latine se limitant assez longtemps aux chroniques et aux vies de saints. Parmi les plus anciennes, on trouve la chronique de Gallus Anonimus datant du XIIe siècle et, à l'autre extrémité, celle de l'évêque Jan D?ugosz, le dernier des chroniqueurs médiévaux et le premier des historiens modernes (Historia polonica, 1455-1480). Ces oeuvres introduisent la littérature et l'histoire polonaises au sein de la culture européenne. L'activité littéraire en langue polonaise ne débute vraiment que vers le XIVe siècle et correspond au besoin de l'Église de se faire entendre du peuple par des oeuvres remplissant des fonctions rituelles telles que les sermons (Sermons de Sainte-Croix, fin du XIVe siècle), les psautiers, les chants religieux, dont la célèbre Hymne à la Vierge (Bogurodzica, fin du XIIIe siècle), est considérée comme la plus ancienne oeuvre poétique polonaise. S'inscrivant dans une abondante poésie mariale, ce texte servait à la fois d'hymne guerrier et d'hymne national polonais. Mais, dans l'ensemble, ce qui a survécu de la littérature en polonais datant de cette période revêt un caractère fragmentaire et s'articule essentiellement autour de chants historiques, didactiques et religieux. 3 LA RENAISSANCE À la fin du XVe siècle, la littérature polonaise connaît de profonds changements qui donnent naissance à une nouvelle ère, que l'on considère comme l'âge d'or de la littérature polonaise. Cette période, connue sous le nom de la Renaissance polonaise, s'étend de 1500 à 1600. La pensée sociale et politique de l'époque est parfaitement illustrée par le célèbre traité De republica emendanda (1551-1554), d'Andrzej Frycz-Modrzewski. La production de sermons et de vies de saints continue durant cette période, notamment avec l'oeuvre du jésuite Piotr Skarga, qui perpétue la grande tradition de la rhétorique classique. C'est aussi l'époque d'une extraordinaire explosion de la poésie, la première de cette importance dans l'histoire du pays. Durant les premières années de la Renaissance polonaise, de grandes oeuvres poétiques d'expression latine sont encore composées par Pawe? de Krosno, Andrzej Krzycki, Jan Dantyszek, Miko? aj Hussowski et Klemens Janicki, poète considéré comme le plus original de son temps. Ce n'est qu'au milieu du XVIe siècle que le polonais commence progressivement à supplanter le latin comme langue littéraire. Parmi les plus grands écrivains de cette époque figure Miko?aj Rej, qui écrit aussi bien en prose qu'en vers des dialogues dramatiques et des oeuvres moralistes, pleines d'un didactisme bon enfant. On peut mentionner Une image fidèle d'un honnête homme (1558), le Miroir (1567-1568) et le Bestiaire (1562). Le grand maître de la poésie polonaise de l'époque, qui s'illustre tout particulièrement dans la poésie lyrique, reste toutefois Jan Kochanowski, qui traduit le livre des Psaumes (1578) et compose, outre de nombreux chants et épigrammes, son chef-d'oeuvre, les Thrènes (Treny, 1580), un recueil de poèmes dans lequel il pleure la mort de sa fille. Kochanowski est également l'auteur d'une célèbre pièce d'inspiration classique le Renvoi des ambassadeurs grecs (Odprawa pos?ów greckich, 1578). Il est aussi le premier écrivain à utiliser à la fois la poésie satirique et la tragédie classique. Parmi les autres poètes qui excellent dans ce domaine, on trouve Sebastian Fabian Klonowic, qui compose les poèmes latins Roxolania (Ruthénie, 1584), décrivant la vie des Ruthènes, sorte de curieux traité ethnogéographique en vers et Victoire des dieux (1587), dans lequel il aborde des problèmes pédagogiques et moraux. Il compose aussi en polonais le Batelier (1595), ainsi que le Sac de Judas (1600), sorte de traité de criminologie versifié dont la valeur réside d'une part dans la quantité de détails qui se rapportent à la vie des classes inférieures et d'autre part dans la reproduction de l'argot parlé par les différents groupes marginaux, y compris les voleurs. Szymon Szymonowic est à l'origine d'un recueil d'idylles composé en polonais, style poétique qui se perpétue jusqu'au XIXe siècle, tandis que Miko?aj S?p Szarzy? ski livre un recueil de poésie lyrique, Rythmes (1601), écrit dans un style qui annonce déjà le baroque. 4 XVIIE SIÈCLE ET DÉBUT DU XVIIIE SIÈCLE : LE BAROQUE POLONAIS Le XVIIe siècle est marqué par une période d'intense activité littéraire et par une grande diversité des lettres polonaises. Comme partout en Europe, le baroque est lié en Pologne à la Contre-Réforme et à l'installation des jésuites, qui très vite y deviennent tout-puissants, tant dans le domaine politique que culturel. Cependant, le baroque polonais est profondément original : il se développe au milieu des guerres et sur fond de lente décadence politique ; il est marqué par les fastes orientaux dont les contacts avec l'Empire ottoman et les Tartares (voir Tatars) imprègnent la vie et les moeurs de la noblesse polonaise. Ce contexte historique particulier peut expliquer le caractère local du baroque polonais et son exceptionnelle durée, jusqu'à l'assoupissement de la « nuit saxonne « qui, vers la fin du siècle, gagne tout ce qui perdure encore d'une vie littéraire de plus en plus renfermée sur elle-même dans l'isolement des campagnes. Mais cette période mouvementée de l'histoire de la Pologne, tant au niveau politique que militaire, se traduit par la publication de nombreux journaux intimes et recueils de souvenirs, parmi lesquels les plus pittoresques sont sans doute les Mémoires (1656-1688) de Jan Chryzostom Pasek. De nombreuses oeuvres poétiques reprennent des thèmes historiques et on voit ainsi se multiplier de longues narrations, dont la valeur réside moins dans un récit souvent mal composé que dans les nombreuses digressions (peintures de bataille, épisodes romanesques, discours satiriques ou moralisateurs). Seules quelques oeuvres marquantes se détachent : ainsi l'Oisiveté non oiseuse (1674) de Wespazjan Kochowski, qui décrit les triomphes et les défaites militaires de l'époque, ou bien Psalmodie polonaise (1695), oeuvre en prose qui s'inspire des événements de l'époque, rédigée dans un style biblique, où tous les événements sont considérés comme les justes châtiments et récompenses de Dieu, et qui sera plus tard considérée comme annonciatrice du messianisme romantique polonais. Le poème épique le plus représentatif de l'époque est sans doute la Guerre de Khotine (Wojna Chocimska, 1670) de Wac? aw Potocki, inspiré de l'oeuvre du Tasse, et qui célèbre la victoire sur les Ottomans en 1621. Potocki est aussi l'auteur de deux recueils de courts poèmes de circonstance, Un jardin d'épigrammes (Ogród fraszek, 1690-1691) et Moralia, qui dépeignent la vie et les moeurs de la petite noblesse polonaise de cette époque. Il convient aussi de mentionner Samuel Twardowski, l'auteur de longues chroniques rimées, Daphnis changée en laurier (Daphnis drzewem bobkowym, 1638), ou la Belle Pascaline (Nadobna Paskwalina, 165) et Maciej Kazimierz Sarbiewski, auteur de poèmes lyriques en latin qui lui valent le surnom d'« Horace chrétien «. La poésie lyrique est d'ailleurs en plein essor, unissant le maniérisme de l'Astrée aux saillies d'une franche sensualité, notamment chez Szymon Zimorowic, auteur d'idylles érotiques, et Jan Andrzej Morsztyn, génie de la forme poétique, qui compose deux recueils de vers, Canicule (Kaniku?a albo psia gwiazda, 1647) et le Luth (Lutnia, 1661). Le XVIIe et la première moitié du XVIIIe siècle sont aussi marqués par la production de comédies, comme celles qui furent écrites par Stanis?aw Herakliusz Lubomirski. De nombreuses satires font aussi leur apparition, qui critiquent vivement les moeurs et la vie politique de l'époque. À la tête de ces écrivains, on trouve Krzysztof et ? ukasz Opali?ski. 5 LE SIÈCLE DES LUMIÈRES Avec le règne de Stanislas II Auguste Poniatowski (1764-1795), le pays émerge de sa torpeur et de son isolement pour s'ouvrir aux nouveaux courants intellectuels venus de l'Europe. L'influence française devient prépondérante, apportant avec le rationalisme des Lumières l'esthétique du classicisme. L'époque, à l'instar de l'Europe occidentale, est marquée par l'explosion de journaux et de revues, puissants vecteurs de la propagation des idées nouvelles et de la lutte contre l'obscurantisme et les préjugés. Au cours de cette période (v. 1764-1795), la littérature polonaise promulgue les réformes sociales et politiques. Parmi les écrivains qui abordent les problèmes liés à l'éducation, on trouve Hugo Ko??à?taj et Stanis? aw Staszic. Fables, satires et comédies de moeurs connaissent un grand succès et ont les faveurs de presque tous les grands écrivains de l'époque. En 1765, le roi fonde à Varsovie un théâtre permanent, ce qui entraîne la formation de troupes polonaises et la création d'un vaste répertoire. Bohomolec compose des comédies sur le modèle français et Zab?ocki écrit des pièces évoquant les moeurs de l'époque, Le petit-maître fait sa cour (Fircyk w zalotach, 1781) et Sarmatisme (1785). Les autres dramaturges de cette époque s'appellent Julian Ursyn Niemcewicz, auteur d'une comédie politique, le Retour du député (Powrót pos ?a, 1790), et Wojciech Bogus?awski, connu pour être le créateur d'un opéra-comique, Cracoviens et Montagnards (Cud mniemany, czyli Krakowiacy i górale, 1794). Une veine satirique explose sous la plume de Tomasz Kajetan W?gierski, Adam Naruszewicz et Ignacy Krasicki. Naruszewicz et Krasicki livrent des fables, où l'on retrouve l'influence des modèles classiques et français. Krasicki, homme de lettres aux talents variés, compose deux poèmes burlesques, où il dénonce les démons de la société, la Souriade (Myszeida, 1775) et Monachomachie ou la Guerre des moines (Monachomachia czyli wojna mnichów, 1778). Il est également l'auteur du premier roman polonais, les Aventures de Nicolas Do?wiadczy? ski (1776), qui trouve son inspiration dans les écrits de Swift et de Rousseau, ainsi que d'un autre roman fondateur du genre en Pologne, Monsieur le sous-écuyer de bouche Pan Podstoli (1778), qu'il utilise afin de promulguer son programme de réforme sociale. Des thèmes qui mettent à l'honneur les sentiments et la nature apparaissent alors dans des chants, odes et idylles composés par des écrivains tels que Franciszek Dyonizy Kniaznin et Franciszek Karpi?ski. Les Lumières polonaises sont ainsi marquées par le renouvellement de la poésie, la naissance du théâtre et du roman, la diffusion de la pensée politique et la création d'une langue sobre et précise. 6 LE ROMANTISME Le romantisme est sans nul doute le phénomène le plus intéressant de la littérature polonaise et sa richesse et sa singularité apportent une composante spécifique à l'histoire de ce mouvement en Europe. Il s'agit d'un phénomène qui dépasse largement le cadre d'une esthétique littéraire et qui prend une intensité qui en fait une étape capitale de la cristallisation de l'inconscient collectif polonais. Il s'agit d'un profond remodelage de la conscience nationale, d'une tentative de repenser son histoire. Les débuts de cette nouvelle esthétique sont liés en Pologne à l'influence des écrivains allemands et, par la suite, des poètes anglais, en particulier lord Byron. Le romantisme polonais atteint son apogée entre 1831 et 1864. Le plus grand poète romantique à se tailler une renommée durable dans la littérature mondiale est Adam Mickiewicz. Parmi ses différentes oeuvres, plusieurs jouent un rôle décisif dans le triomphe définitif de ce nouveau courant en Pologne. Citons notamment Ballades et Romances (Balada i romance, 1822), d'inspiration populaire, les Sonnets de Crimée (Sonety krymskie, 1826), exaltant une nature sauvage et exotique et les Aïeux (Dziady, 1823-1832) dont les motifs, puisés dans le folklore lituanien, sont recomposés, sur fond de l'histoire récente, dans une vision prophétique du destin national. Mickiewicz publie en outre un poème épique Messire Thadée (Pan Tadeusz, 1834), une oeuvre poétique d'une grande qualité artistique. Juliusz S?owacki compose des chefs-d'oeuvre de poésie lyrique, où l'on retrouve l'influence de Shakespeare et de Calderón, tels que l'impressionnant poème mystico-historique Król-duch (le Roi esprit, 1847) et le poème digressif Beniowski (1841). Il est également l'auteur de drames symboliques où l'histoire se mêle à la légende : Mazepa (1840), Maria Stuart (1830), Kordian (1834). Le troisième grand poète romantique polonais, Zygmunt Krasi?ski, gagne quant à lui ses lettres de noblesse avec son drame poétique, la Comédie non divine, qui aborde les problèmes de la révolution sociale, et Irydion (1836), qui se déroule pendant la haute Antiquité. Mickiewicz, S?owacki et Krasi?ski composent en exil, conséquence de l'échec de l'insurrection de 1830. Cette particularité de l'histoire de la Pologne imprime au romantisme polonais un élément spécifique : le lien, plus étroit et plus affirmé qu'ailleurs, entre la littérature et le contexte précis de l'histoire contemporaine, celle d'un peuple captif, charge la poésie d'exprimer la résistance à l'oppression. Les autres poètes romantiques marquants de l'époque sont Bohdan Zaleski, auteur de l'Esprit de la steppe (1841), Seweryn Goszczy?ski, qui compose le Château de Kaniów (1828), oeuvre qui traite de la rébellion paysanne, et Malczewski, créateur du conte en vers Maria (1825). Cyprian Kamil Norwid, le dernier des poètes romantiques et le premier symboliste en Pologne, laisse, entre autres, un cycle lyrique, Vade-Mecum (1865-1866), ouvrage avant-gardiste à plus d'un titre, tant par son contenu philosophique que par sa hardiesse formelle. La période romantique contribue en Pologne à l'émergence de plusieurs genres littéraires nouveaux ou restés mineurs au cours des périodes précédentes. Wincenty Pol et Henryk Rzewuski se spécialisent dans le conte, en prose ou en vers, illustré par W?adys?aw Syrokomla, et reproduisent la vie et la mentalité de la petite noblesse polonaise. Le roman historique trouve en Józef Ignacy Kraszewski un auteur d'une prolixité inhabituelle, à qui l'on doit entre autres Conte ancien (Stara ba??, 1876), la Comtesse Cosel (Hrabina Kosel, 1874), Brühl (1875), les nouvelles romantiques Ulana et Resurrecturi. Aleksander Fredro publie des textes qui dénotent un esprit plus classique, telles ses comédies Voeux de jeunes filles (?luby panienskie, 1833), la Vengeance (Zemsta, 1834), Pan Jowialski (1832). 7 LE POSITIVISME POLONAIS La seconde moitié du XIXe siècle est marquée par l'émergence d'une nouvelle école littéraire dite « positiviste «. La littérature de cette période est essentiellement composée d'oeuvres en prose caractérisées par un réalisme critique, qui a pour thème principal les problèmes sociaux et patriotiques de l'époque. C'est vers la fin du XIXe siècle qu'un courant naturaliste apparaît. Boles?aw Prus (pseudonyme d'Aleksander G?owacki) excelle dans la nouvelle et le roman, parmi lesquels on trouve l'AvantPoste (Placówka, 1886), la Poupée (Lalka, 1890), les Émancipées (1893) et Pharaon (1897). Un autre auteur, Eliza Orzeszkowa, contribue elle aussi à l'essor romanesque et on lui doit par exemple Meir Ezofowicz (1878) ou encore Sur le Niemen (Nad Niemnem, 1898), vaste fresque qui décrit la vie de la noblesse polonaise, petite et grande, vivant l'événement traumatique que fut l'échec de l'insurrection de 1863. Dans ce climat peu propice à la poésie, on rencontre cependant deux poètes de qualité : Adam Asnyk (1838-1897) et Maria Konopnicka (1842-1910) qui touchent le public par une poésie exaltant le courage, la volonté et l'instruction, pour le premier, et par un engagement passionné contre l'injustice sociale, illustré par Mr. Balcer au Brésil (1910), long poème épique sur les émigrants polonais, pour la seconde. Le roman historique joue un rôle de premier plan dans le courant positiviste. Henryk Sienkiewicz, lauréat du prix Nobel de littérature en 1905, compose une trilogie historique qui se déroule au XVIIe siècle et qui comprend Par le fer et par le feu (Ogniem i mieczem, 1884), le Déluge (Potop, 1886) et Messire Wo?odyjowski (1887-1888). Il écrit aussi les Chevaliers teutoniques (1899), qui évoquent les relations entre la Pologne et l'ordre Teutonique au XVe siècle, ainsi que Quo Vadis (1896), devenu best-seller mondial, une évocation de la Rome des premiers chrétiens. 8 LA « JEUNE-POLOGNE « Dans l'histoire des lettres polonaises, la période allant de 1890 à 1918 est connue sous le nom de Jeune-Pologne. Ce mouvement se caractérise par la création de différents groupes, unis dans leur opposition au positivisme. C'est une époque de crise intellectuelle marquée par un sentiment de désillusion, symptomatique de la fin du siècle. Miriam (pseudonyme de Zenon Przesmycki), critique et traducteur de talent, rédacteur d'une prestigieuse revue, Chimera, joue un rôle important dans le développement de slogans idéologiques et artistiques, au même titre que Stanis?aw Przybyszewski, romancier et dramaturge, considéré comme le chef de file de cette nouvelle école. Aussi le mouvement réunit-il les tendances les plus opposées de l'esthétisme décadent et nihiliste d'un Kazimierz Przerwa-Tetmajer (1865-1940), au lyrisme métaphysique d'un Jan Kasprowicz (1860-1926), en passant par l'aspiration à créer une nouvelle littérature nationale, et à « gouverner les âmes « d'un Stanis? aw Wyspia?ski (1879-1907) ou d'un Stefan ?eromski (1864-1925). En effet, Stefan ? eromski publie des nouvelles et des romans marqués par la critique patriotique et sociale, parmi lesquels on trouve Cendres (1904), un roman historique qui évoque les guerres napoléoniennes, ainsi que le Fleuve aux eaux fidèles (Wierna rzeka, 1913). Quant à Stanis? aw Wyspia? ski, il est le plus éminent auteur dramatique de l'époque de la Jeune-Pologne : ses oeuvres, souvent symboliques, offrent une vision originale de l'histoire de la Pologne et analysent de façon aiguë la situation sociale de l'époque. Parmi ses pièces les plus célèbres, on peut citer la Nuit de novembre (Noc listopadowa, 1904) et les Noces (Wesele), jouées pour la première fois en 1901. Une place à part revient à W? adys? aw Stanis? aw Reymont (1867-1925), auteur de la Terre de la grande promesse (1899) et des Paysans (1902-1909), vaste épopée qui retrace une année de la vie d'un village polonais. Reymont obtient le prix Nobel de littérature en 1924. 9 LES DÉVELOPPEMENTS CONTEMPORAINS Après la Première Guerre mondiale, la Pologne, divisée entre différents pays d'Europe depuis le XVIIIe siècle, recouvre son indépendance. C'est une nouvelle période qui commence pour la littérature polonaise, une période marquée par une grande richesse et la diversité de l'activité littéraire. La poésie et la prose évoluent au contact croissant des littératures européennes. Aussi l'enthousiasme de ces premiers mois d'indépendance n'a-t-il d'égale que la frénésie artistique qu'il déclenche, où tendances, manifestes et mots d'ordre se multiplient. C'est d'abord la poésie qui occupe le devant de la scène avec une véritable explosion des talents. Parmi ceux qui obtiennent très vite une grande popularité, il convient de citer le groupe Skamander (« le Scamandre «), qui réunit cinq jeunes poètes dont les noms allaient profondément marquer les lettres polonaises au XXe siècle. Il s'agit de Julian Tuwim (1894-1953), Antoni S? onimski (1895-1976), Jan Lecho? (1899-1956), Kazimierz Wierzy? ski (1894-1969) et de Jaros?aw Iwaszkiewicz (18941980). Les poètes de Skamander lient le mot d'ordre de la poésie d'aujourd'hui à une sensibilité vitaliste, une virtuosité rythmique et même une certaine rhétorique politique. Par ailleurs, des mouvements d'avant-garde se multiplient et on assiste à une explosion de revues futuristes où se signalent les talents entre autres d'Aleksander Wat, Bruno Jasie?ski, Anatol Stern, Tytus Czy?ewski, pour laisser assez vite la place à une mouvance constructiviste connue sous le nom de « Première avantgarde «, avec comme chef de file, Tadeusz Peiper (1891-1969), théoricien d'un art réfléchi et conscient de lui-même et à Julian Przybo?, l'un des plus grands poètes polonais du XXe siècle. La prose est d'abord dominée par des thèmes sociaux et politiques, confrontant les rêves d'indépendance aux dures réalités d'un ordre étatique naissant, d'un côté, et des tensions sociales, de l'autre. C'est ainsi que Juliusz Kaden-Bandrowski (18851944) se fait l'observateur des luttes politiques du moment, qui inspirent également Zofia Na?kowska (1884-1954). Celle-ci scrute dans ses romans la pression exercée par le milieu sur les caractères humains ( la Frontière, 1935) et évoque, après la Seconde Guerre mondiale, l'occupation nazie (Médaillons, 1946). Une place à part revient à Bruno Schulz (1892-1942), créateur d'un univers d'étranges fantasmagories qui s'épanouissent dans des nouvelles tissées de métaphores ( les Boutiques de cannelle, 1934 ; Sanatorium au croque-mort, 1937) se déroulant dans un décor provincial où le songe se mêle à la réalité. Il faut aussi citer Maria D?browska, auteur de Jours et Nuits (1932-1934), vaste chronique familiale de l'époque immédiatement antérieure à la Première Guerre mondiale. Toute cette génération d'écrivains commence à écrire dans l'entre-deux-guerres, pour continuer son oeuvre après 1945. C'est le cas de Jerzy Andrzejewski, auteur de Cendres et Diamant (1948), un roman qui traite de la réalité polonaise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (porté à l'écran par le cinéaste Wajda) ; on peut aussi citer Sautant sur les montagnes (1963), ou encore la Pulpe (1981). C'est également le cas de Jaros?aw Iwaszkiewicz, qui, dans les années 1930, écrit ses plus belles nouvelles et continue après la guerre avec, entre autres, un roman autobiographique, l'Honneur et la gloire (S?awa i chwa?a, 1956-1962). Puis viennent Kazimierz Brandys, auteur d'un cycle de romans psychologiques, Entre les guerres, (Mi?dzy wojnami, (1947-1951), sur l'intelligentsia polonaise, puis d'un roman en forme de calendrier, Lettres à Madame Z (Listy do Pani Z., 1958-1960) ; Teodor Parnicki qui se spécialise dans des romans historiques, parmi lesquels on trouve le Mot et la Chair (S?owo i cia?o 1959) et Seulement Béatrice (Tylko Beatrycze, 1962), qui évoque l'interaction entre les différentes cultures, tout particulièrement durant l'Antiquité. La parodie, l'humour absurde et le grotesque occupent une place à part dans les lettres polonaises contemporaines, tout spécialement dans les oeuvres de Stanislaw Ignacy Witkiewicz, auteur de romans et pièces expérimentales qui traduisent ses théories antiréalistes, que l'on retrouve au théâtre dans sa parabole politique, les Cordonniers (Szewcy, 1931-1934), dans celles de Witold Gombrowicz, dont les romans expriment les stéréotypes idéologiques, comme par exemple Ferdydurke (1937) et plus tard Cosmos (1965) pour lequel il obtient le Prix international des éditeurs en 1967. Après la guerre, cette veine sera poursuivie par S? awomir Mro?ek, qui écrit des pièces qui dévoilent la vérité sur la réalité humaine contemporaine au travers de déformations surréalistes comme dans la Police (1958) ou Tango (1965). Au cours des cinquante dernières années, la Pologne produit une littérature diversifiée et riche, que ce soit en termes artistiques ou idéologiques. L'expérience de la guerre et les bouleversements sociaux intervenus dans les années 1944-1948 ont imprimé à sa littérature une direction radicalement différente. La perte des élites, les désillusions politiques, l'anéantissement de groupes culturels entiers (la disparition des juifs de Pologne), l'hécatombe de l'intelligentsia polonaise, la pression de nouvelles forces politiques contraignirent les écrivains à se détourner des modèles d'avant-guerre et à réévaluer entièrement leurs conceptions artistiques. Parmi les figures de proue, on trouve le poète moraliste et dramaturge Tadeusz Ró?ewicz, qui s'élève contre les cruautés de la guerre, et Zbigniew Herbert (1911-1998), l'un des plus grands poètes modernes polonais, qui aborde les problèmes liés à la civilisation et à l'histoire moderne. Son oeuvre la plus célèbre est son cycle de poèmes, Monsieur Cogito (1974), traduit et publié en France en 1990, seul recueil disponible à ce jour en langue française. L'autre grand poète polonais contemporain se nomme Czes?aw Mi?osz, actuellement en exil aux États-Unis. Mi?osz reçoit le prix Nobel de littérature en 1980 pour son oeuvre en vers, érudite et provocatrice, qui traduit la douleur de vivre d'un exilé. L'ouvrage en prose, la Terre d'Ulro (1977), est en fait un développement plus poussé de cette analyse. Sur les bords de l'Issa (1955) est un roman semi-autobiographique, qui évoque sur un mode mythique et poétique son enfance lituanienne. La science-fiction connaît aujourd'hui, elle aussi, un grand succès en Pologne, tout particulièrement grâce aux oeuvres de Stanis? aw Lem. Ses travaux, qui reposent sur une solide approche philosophique et scientifique, sont parfaitement illustrés par le Carnaval cosmique. Celui-ci compose ensuite la Magnétude imaginaire. En dehors de la production d'ouvrages relativement longs, la littérature polonaise contemporaine se caractérise par la popularité de genres variés auxquels appartiennent la fable, la parabole philosophique, l'essai et l'aphorisme. On observe en tout cas, tout au long de la période qui va de 1945 à 1989, un foisonnement de tendances, avec des périodes successives d'engagement et de désengagement du fait littéraire face aux conjonctures politiques changeantes. Il est encore trop tôt pour dire quelles seront les tendances de la nouvelle littérature polonaise qui présideront à son développement dans ce nouveau contexte historique, dix ans après la « chute du mur de Berlin «. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« poèmes lyriques en latin qui lui valent le surnom d'« Horace chrétien ».

La poésie lyrique est d'ailleurs en plein essor, unissant le maniérisme de l'Astrée aux saillies d'une franche sensualité, notamment chez Szymon Zimorowic, auteur d'idylles érotiques, et Jan Andrzej Morsztyn, génie de la forme poétique, qui compose deux recueils de vers, Canicule (Kanikuła albo psia gwiazda, 1647) et le Luth (Lutnia, 1661). Le XVII e et la première moitié du XVIII e siècle sont aussi marqués par la production de comédies, comme celles qui furent écrites par Stanis ław Herakliusz Lubomirski.

De nombreuses satires font aussi leur apparition, qui critiquent vivement les mœurs et la vie politique de l'époque.

À la tête de ces écrivains, on trouve Krzysztof et łukasz Opali ński. 5 LE SIÈCLE DES LUMIÈRES Avec le règne de Stanislas II Auguste Poniatowski (1764-1795), le pays émerge de sa torpeur et de son isolement pour s'ouvrir aux nouveaux courants intellectuels venus de l'Europe.

L'influence française devient prépondérante, apportant avec le rationalisme des Lumières l'esthétique du classicisme.

L'époque, à l'instar de l'Europe occidentale, est marquée par l'explosion de journaux et de revues, puissants vecteurs de la propagation des idées nouvelles et de la lutte contre l'obscurantisme et les préjugés.

Au cours de cette période (v.

1764-1795), la littérature polonaise promulgue les réformes sociales et politiques.

Parmi les écrivains qui abordent les problèmes liés à l'éducation, on trouve Hugo Ko łłà taj et Stanis ław Staszic.

Fables, satires et comédies de mœurs connaissent un grand succès et ont les faveurs de presque tous les grands écrivains de l'époque.

En 1765, le roi fonde à Varsovie un théâtre permanent, ce qui entraîne la formation de troupes polonaises et la création d'un vaste répertoire.

Bohomolec compose des comédies sur le modèle français et Zab łocki écrit des pièces évoquant les mœurs de l'époque, Le petit-maître fait sa cour (Fircyk w zalotach, 1781) et Sarmatisme (1785).

Les autres dramaturges de cette époque s'appellent Julian Ursyn Niemcewicz, auteur d'une comédie politique, le Retour du député (Powrót pos ła, 1790), et Wojciech Bogus ławski, connu pour être le créateur d'un opéra-comique, Cracoviens et Montagnards (Cud mniemany, czyli Krakowiacy i górale, 1794). Une veine satirique explose sous la plume de Tomasz Kajetan W gierski, Adam Naruszewicz et Ignacy Krasicki.

Naruszewicz et Krasicki livrent des fables, où l'on retrouve l'influence des modèles classiques et français.

Krasicki, homme de lettres aux talents variés, compose deux poèmes burlesques, où il dénonce les démons de la société, la Souriade (Myszeida, 1775) et Monachomachie ou la Guerre des moines (Monachomachia czyli wojna mnichów, 1778).

Il est également l'auteur du premier roman polonais, les Aventures de Nicolas Do świadczy ński (1776), qui trouve son inspiration dans les écrits de Swift et de Rousseau, ainsi que d'un autre roman fondateur du genre en Pologne, Monsieur le sous-écuyer de bouche Pan Podstoli (1778), qu'il utilise afin de promulguer son programme de réforme sociale.

Des thèmes qui mettent à l'honneur les sentiments et la nature apparaissent alors dans des chants, odes et idylles composés par des écrivains tels que Franciszek Dyonizy Kniaznin et Franciszek Karpi ński. Les Lumières polonaises sont ainsi marquées par le renouvellement de la poésie, la naissance du théâtre et du roman, la diffusion de la pensée politique et la création d'une langue sobre et précise. 6 LE ROMANTISME Le romantisme est sans nul doute le phénomène le plus intéressant de la littérature polonaise et sa richesse et sa singularité apportent une composante spécifique à l'histoire de ce mouvement en Europe.

Il s'agit d'un phénomène qui dépasse largement le cadre d'une esthétique littéraire et qui prend une intensité qui en fait une étape capitale de la cristallisation de l'inconscient collectif polonais.

Il s'agit d'un profond remodelage de la conscience nationale, d'une tentative de repenser son histoire.

Les débuts de cette nouvelle esthétique sont liés en Pologne à l'influence des écrivains allemands et, par la suite, des poètes anglais, en particulier lord Byron.

Le romantisme polonais atteint son apogée entre 1831 et 1864.

Le plus grand poète romantique à se tailler une renommée durable dans la littérature mondiale est Adam Mickiewicz.

Parmi ses différentes œuvres, plusieurs jouent un rôle décisif dans le triomphe définitif de ce nouveau courant en Pologne.

Citons notamment Ballades et Romances (Balada i romance, 1822), d'inspiration populaire, les Sonnets de Crimée (Sonety krymskie, 1826), exaltant une nature sauvage et exotique et les Aïeux (Dziady, 1823-1832) dont les motifs, puisés dans le folklore lituanien, sont recomposés, sur fond de l'histoire récente, dans une vision prophétique du destin national.

Mickiewicz publie en outre un poème épique Messire Thadée (Pan Tadeusz, 1834), une œuvre poétique d'une grande qualité artistique.

Juliusz S łowacki compose des chefs-d'œuvre de poésie lyrique, où l'on retrouve l'influence de Shakespeare et de Calderón, tels que l'impressionnant poème mystico-historique Król-duch (le Roi esprit, 1847) et le poème digressif Beniowski (1841).

Il est également l'auteur de drames symboliques où l'histoire se mêle à la légende : Mazepa (1840), Maria Stuart (1830), Kordian (1834).

Le troisième grand poète romantique polonais, Zygmunt Krasi ński, gagne quant à lui ses lettres de noblesse avec son drame poétique, la Comédie non divine, qui aborde les problèmes de la révolution sociale, et Irydion (1836), qui se déroule pendant la haute Antiquité.

Mickiewicz, S łowacki et Krasi ński composent en exil, conséquence de l'échec de l'insurrection de 1830. Cette particularité de l'histoire de la Pologne imprime au romantisme polonais un élément spécifique : le lien, plus étroit et plus affirmé qu'ailleurs, entre la littérature et le contexte précis de l'histoire contemporaine, celle d'un peuple captif, charge la poésie d'exprimer la résistance à l'oppression. Les autres poètes romantiques marquants de l'époque sont Bohdan Zaleski, auteur de l' Esprit de la steppe (1841), Seweryn Goszczy ński, qui compose le Château de Kaniów (1828), œuvre qui traite de la rébellion paysanne, et Malczewski, créateur du conte en vers Maria (1825).

Cyprian Kamil Norwid, le dernier des poètes romantiques et le premier symboliste en Pologne, laisse, entre autres, un cycle lyrique, Vade-Mecum (1865-1866), ouvrage avant-gardiste à plus d'un titre, tant par son contenu philosophique que par sa hardiesse formelle. La période romantique contribue en Pologne à l'émergence de plusieurs genres littéraires nouveaux ou restés mineurs au cours des périodes précédentes.

Wincenty Pol et Henryk Rzewuski se spécialisent dans le conte, en prose ou en vers, illustré par W ładys ław Syrokomla, et reproduisent la vie et la mentalité de la petite noblesse polonaise.

Le roman historique trouve en Józef Ignacy Kraszewski un auteur d'une prolixité inhabituelle, à qui l'on doit entre autres Conte ancien (Stara ba śń, 1876), la Comtesse Cosel (Hrabina Kosel, 1874), Brühl (1875), les nouvelles romantiques Ulana et Resurrecturi. Aleksander Fredro publie des textes qui dénotent un esprit plus classique, telles ses comédies Vœux de jeunes filles (Śluby panienskie, 1833), la Vengeance (Zemsta, 1834), Pan Jowialski (1832). 7 LE POSITIVISME POLONAIS La seconde moitié du XIX e siècle est marquée par l'émergence d'une nouvelle école littéraire dite « positiviste ».

La littérature de cette période est essentiellement composée d'œuvres en prose caractérisées par un réalisme critique, qui a pour thème principal les problèmes sociaux et patriotiques de l'époque.

C'est vers la fin du XIX e siècle qu'un courant naturaliste apparaît.

Boles ław Prus (pseudonyme d'Aleksander G łowacki) excelle dans la nouvelle et le roman, parmi lesquels on trouve l'Avant- Poste (Placówka, 1886), la Poupée (Lalka, 1890), les Émancipées (1893) et Pharaon (1897).

Un autre auteur, Eliza Orzeszkowa, contribue elle aussi à l'essor romanesque et on lui doit par exemple Meir Ezofowicz (1878) ou encore Sur le Niemen (Nad Niemnem, 1898), vaste fresque qui décrit la vie de la noblesse polonaise, petite et grande, vivant l'événement traumatique que fut l'échec de l'insurrection de 1863.

Dans ce climat peu propice à la poésie, on rencontre cependant deux poètes de qualité : Adam Asnyk (1838-1897) et Maria Konopnicka (1842-1910) qui touchent le public par une poésie exaltant le courage, la volonté et l'instruction, pour le premier, et par un engagement passionné contre l'injustice sociale, illustré par. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles