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POPPER: La méthode scientifique

Publié le 27/02/2008

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La méthode scientifique elle-même a des aspects sociaux. La science, et plus spécialement le progrès scientifique, est le résultat non pas d'efforts isolés mais de la libre concurrence de la pensée. Car la science réclame toujours plus de concurrence entre les hypothèses et toujours plus de rigueur dans les tests, et les hypothèses en compétition réclament une représentation personnelle, pour ainsi dire : elles ont besoin d'avocats, d'un jury et même d'un public. Cette incarnation personnelle doit être organisée institutionnellement si nous voulons être sûrs qu'elle ait de l'effet. Et il faut dépenser pour ces institutions et les protéger par la loi. Finalement, le progrès dépend dans une large mesure de facteurs politiques, d'institutions politiques qui sauvegardent la liberté de pensée : de la démocratie. Il est de quelque intérêt que ce qu'on appelle couramment l'objectivité scientifique soit fondée dans une certaine mesure sur des institutions sociales. La conception naïve selon laquelle l'objectivité scientifique repose sur une attitude morale ou psychologique du savant individuel, sur sa discipline, son attention, et son indépendance scientifique, engendre en réaction la conception sceptique selon laquelle les savants ne peuvent jamais être objectifs. Dans cette conception, leur manque d'objectivité peut être négligeable dans les sciences naturelles où leurs passions ne sont pas excitées, mais il peut être fatal dans les sciences sociales, où les préjugés sociaux, les penchants de classe et les intérêts personnels sont impliqués. Cette doctrine [...] néglige entièrement le caractère social ou institutionnel de la connaissance scientifique, se fondant encore sur l'idée naïve que l'objectivité dépend de la psychologie du savant individuel. [...] C'est le caractère public de la science et de ses institutions qui impose une discipline mentale à l'homme de science individuel, et qui préserve l'objectivité de la science et sa tradition de la discussion critique des idées nouvelles. PopperDans cet extrait de Misère de l'historicisme, Popper se épistémologue ou plus exactement développe une réflexion sur la nature de la science et du progrès scientifique devant se comprendre comme fait social total. En ce sens, Popper nous propose une étude quelque peu sociologique, si l'on peut dire de la science. Dès lors, il faut remarquer que la thèse que développe Popper, c'est-à-dire que la science et le progrès scientifique soient notamment des faits sociaux supposant alors une institutionnalisation de l'objectivité avec la définition d'une structure démocratique assurée par la loi et par une volonté politique, doit se comprendre comme une critique de la conception naïve que l'on peut se faire de la science soutenant que l'objectivité scientifique donc le progrès serait du seul fait de l'individu et non du groupe au sein duquel il se situe. Il apparaît alors clairement que la structure argumentative de l'extrait s'organise autour de ces deux points qui feront donc l'objet de notre commentaire (nous ne sacrifierons donc pas à la traditionnelle structure en trois parties puisque c'est le texte qui doit nous dicter la démarche du commentaire et non l'inverse ; cependant, si l'on voulait à tout prix définir une troisième partie, la dernière phrase de l'extrait serait celle-ci).           Si la science est donc bien comprises au sein de la dynamique sociale dont elle tire son objectivité (1ère partie : du début du texte à «Il est de quelque intérêt que ce qu'on appelle couramment l'objectivité scientifique soit fondée dans une certaine mesure sur des institutions sociales. »), il faut voir alors dans cette thèse une remise en cause de la conception naïve de l'objectivité individuel en science (2nd partie : de « La conception naïve selon laquelle l'objectivité scientifique repose sur une attitude morale ou psychologique du savant individuel » à la fin de l'extrait »). 


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« dialogue.

Et cela n'est possible que si l'on fait appel à la notion de public et de discussion.

En effet, la science n'estqu'une science humaine avec toute l'imperfection que cela comporte et c'est pour cela qu'une théorie scientifiquen'est toujours qu'une hypothèse, un instrument pour comprendre un état du monde.

En ce sens, il n'est pas vrai, ilest simplement valable jusqu'à ce qu'on le remplace par un modèle de compréhension plus performant.

Unehypothèse scientifique en tant que théorie ne naît donc du jour au lendemain par la gestation d'un seul esprit.

Ellese comprend toujours un mouvement d'aller et retour propre à la discussion afin de recevoir sa validité.

C'est ceteffet que provoque la concurrence entre les hypothèses.

Il ne s'agit pas d'en admettre plus que l'autre avant quecelle-ci n'ait montré en quoi elle était plus propice que l'autre à expliquer le phénomène en question.

Toutdogmatisme est alors évité.c) Mais pour atteindre une telle performance, il faut effectivement produire ce que l'on pourrait appeler un tribunalarbitral indépendant pour reprendre la métaphore qu'utilise Popper .

Cette instance supérieure a pour mission de départager les différentes hypothèses concurrentes.

Et c'est pour cela qu'il est nécessaire qu'existe des instituionsindépendantes.

D'une certaine manière il s'agit des conseils scientifiques que nous connaissons comme c'est le casau CNRS.

Supposant alors une institution, elle est alors l'objet d'une décision collective et en ce sens nécessité uneaction politique pouvant la doter de moyen en vue d'accomplir sa mission d'impartialité scientifique garante donc del'objectivité.

Etant une institution il lui faut des statuts alors garantis par la loi lui garantissant son indépendance etson financement mais aussi ses règles.

Et c'est en ce sens que le progrès scientifique est aussi une enjeu social.C'est pourquoi le progrès n'est pas une poussée irrésistible à travers l'histoire envers et contre tout mais bien l'objetde facteurs contingents notamment une volonté politique.

Or cette performance est justement acquise par ladiscussion.

D'une certaine manière, on peut dire que Popper développe proprement une Ethique de la discussion entant que facteur d'objectivité.

Dès lors c'est dire que l'objectivité ne repose pas tant sur un individu que sur lacorporation à laquelle appartient cet individu ; mais plus généralement sur la démocratie.

En effet, la démocratie sedéfinit notamment à travers une liberté d'expression qui sera alors la possibilité d'émettre différentes hypothèses etde les discuter sans rapport avec une autorité supérieure interdisant certains points de vue, mais aussi garantiraussi l'indépendance face au pouvoir politique de la science malgré la nécessité de son soutien.

Et c'est pourquoil'on peut dire que l'objectivité scientifique repose sur des institutions sociales.

Transition : Ainsi le progrès scientifique et la science en général sont-ils des faits sociaux qui supposent des institutions quidoivent alors un lien avec l'activité politique.

Dès lors si la science est un fait social c'est qu'elle n'est pas l'œuvred'un seul individu mais bien d'une communauté qui reçoit alors un statut par la loi, un financement par l'Etat, doncune institutionnalisation afin permettre la libre concurrence des hypothèses scientifiques par la discussion.

Uneéthique de la discussion qui se comprend à l'aune de la démocratie qui seule permet véritablement un progrèsscientifique ou du moins une objectivité.

II – La conception naïve de l'objectivité a) En effet, si Popper propose et développe ce point c'est qu'il critique l'idée commune et naïve relevant proprement de l'opinion selon laquelle l'objectivité serait le fait de l'individu scientifique travaillant seule.

L'objectivitéserait alors comprise comme une posture morale de l'individu, c'est-à-dire comme une ascèse ou une pureté del'individu qui se ferait pur esprit, en dépit de son histoire, de son passé, de ses désirs et passions.

Le scientifiqueserait hors-du-monde, désincarné.

Se serait par respect pour sa discipline ou au sein de sa discipline qu'il trouveraitdans son exercice même cette objectivité.

Elle pourrait aussi relever des postures psychologiques, comme cettemise hors du monde, mais surtout sur son degré d'attention et de concentration c'est-à-dire sur sa vigilance faceaux affres de l'imagination.

Son indépendance scientifique serait elle aussi une posture face au monde le coupantalors de tout rapport avec le monde.

Or devant l'impossibilité de cette conception, cette idée naïve de l'objectivitéscientifique entraîne alors un scepticisme montrant le caractère utopique de toute tentative d'objectivité enscience.

Ce scepticisme aboutirait en fin de compte à un relativisme des résultats scientifiques.

Une théoriescientifique ne serait alors qu'un point de vue sur un objet ou un état de chose auquel on ne pourrait se fier neserait-ce qu'une instant.

Or cette conception marque une double erreur.b) La première erreur est que cette conception si elle permet la possibilité d'une science de la nature notammentdans les sciences naturelles et physiques, ruinent complètement les sciences où les idées et l'histoire façonnantl'individualité de chaque personne dans sa lecture du monde, dans la représentation qu'il se fait du monde jouent ungrand rôle comme c'est le cas des sciences humaines et particulièrement des sciences sociales, entraînant alors undénigrement de ces dernières.

En effet Popper prend l'exemple des sciences naturelles et de la sociologie.

Dans les sciences naturelles, il semble effectivement que la place des passions de l'homme ne soit pas particulièrementprésente.

Intuitivement, cette pensée semble du moins concevable dans une attitude naïve puisque l'on voit moinscomment une idéologique politique pourrait se glisser au sein d'une étude la photosynthèse des planteschlorophylliennes.

Bien qu'une psychanalyse des sciences naturelles soit possible.

Mais surtout, les préjugés sociaux,l'appartenance à des groupes sociaux (classe) ou les intérêts personnels ont plus de facilités à s'immiscer à desexplications de faits sociaux comme le suicide etc.

Même en histoire le cas est avéré avec Soboul qui voyait dansles Sans-Culottes parisiens la préfiguration des bolcheviques soviétique de la révolution d'octobre.

Or dans les deuxcas, l'objectivité scientifique renvoie au même concept.

La seconde erreur découle alors de la première qui est quecette conception naïve ne fait pas référence au monde dans lequel s'insère le scientifique mais le considère commeseul responsable du progrès.

C'est donc mettre le cadre institutionnel dans lequel la connaissance scientifiques'intègre mais aussi le caractère social de la connaissance scientifique.

Qu'est-ce à dire ?c) Comme le note la dernière phrase de l'extrait qui est donc la conclusion du moment argumentatif de Popper , c'est uniquement « C'est le caractère public de la science et de ses institutions qui impose une discipline mentale à. »

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