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La Porte étroite de Gide

Publié le 05/04/2013

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gide

Lorsque Gide publie La Porte étroite ( 1909), il traverse une période de découragement et s' interroge sur l' opportunité de ses écrits et l'authenticité de sa pensée. Il a d' ai lleurs mis quatre ans à réaliser ce li vre, auquel il pensait depuis 1891. La Porte étroite a pu être présenté comme le pendant négatif de L'immoraliste. Le mysticisme forcené d' Alissa s'oppose en effet à léthique, non moins dévastatrice, de Michel dans L'immoraliste. ·ces deux sujets, développés parallèlement, se complètent pour révéler la diversité du caractère de Gide...

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« « Je me promènerais seu lement dans l'avenue, m'assiérais sur le banc où peut-être e lle venait s'asseoir encore.

» EXTRAITS Le visage d' Alissa révèle déjà les tourments à venir Qu'Alissa Bucolinfûtjolie, c'est ce dont je ne savais m'apercevoir encore ; j'étais re­ quis et retenu près d'elle par un charme autre que celui de l 1 la simple beauté.

Sans doute, elle ressemblait beau­ coup à sa mère ; mais son regard était d'expression si différente que je ne m'avisai de cette ressemblance que plus tard.

Je ne puis décrire un visage ; les traits m 'échap­ pent, etjusqu'à la couleur des yeux ; je ne revois que l'ex­ pression presque triste déjà de son sourire et que la ligne de ses sourcils , si extraordi­ nairement relevés au-dessus des yeux, écar­ tés de l'œil en grand cercle.

Je n'ai vu les pareils nulle part ...

si pourtant : dans une statuette florentine de l'époque du Dante ; etje me figure volontiers que Béatrix enfant avait des sourcils très largement arqués comme ceux-là.

Ils donnaient au regard, à tout l'être, une expression d'interrogation à la fois anxieuse et confiante, -oui, d'inter­ rogation passionnée.

La vertu et l'austérité, dictées par la religion Dans la petite chapelle, il n'y avait, ce matin-là, pas grand monde .

Le pasteur Vautier, sans doute intentionnellement, avait pris pour texte de sa méditation ces paroles du Christ: «Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite.

» Alissa se tenait à quelques places devant moi.

Je voyais de profil son visage ; je la regardais fixement, avec un tel oubli de moi qu'il me semblait que j'entendais à travers elle ces mots que j'écoutais éperdument.

Mon oncle était assis à côté de ma mère et pleurait.

Le pasteur avait d'abord lu tout le verset: «Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition , et nombreux sont ceux qui y passent; mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la Vie, et il en est peu qui les trouvent.

» Le journal d 'Alissa est le témoin du tourment qui la ronge Combien heureuse doit être l'âme pour qui vertu se confondrait avec amour! Paifois je doute s'il est d'autre vertu que d'aimer, d'aimer le plus possible et toujours plus ...

Mais certains jours, hélas ! la vertu ne m'apparaît plus que comme une résistance à l'amour.

Eh quoi! oserais-je appeler vertu le plus naturel penchant de mon cœur ! Ô sophisme attrayant ! invitation spécieuse ! mirage insidieux du bonheur! (.

.

.) Hélas ! Je ne le comprends que trop bien à présent : entre Dieu et lui, il n 'est pas d'autre obstacle que moi-même.

Si, peut­ être, comme il me le dit , son amour pour moi l'inclina ve rs Dieu tout d'abord, à présent cet amour l'empêche; il s'attarde à moi, me préfère , et je deviens l'idole qui le retient de s'avancer plus loin dans la vertu.

~fu~utd~~: l/;a~~ ::-·_:~:~ ~ ~==~- 7'~ "'-_.:ç ·-.:~ -~- vienne ; et désespé­ rant de surmonter dans mon lâche cœur mon amour, permette z-moi, mon Dieu, accorde z-moi la force de lui ap­ prendre à ne m'ai­ mer plus.

Gallimard , 1958 « Elle parle, cette terre méridionale, une langue que je n'ai pas encore apprise et que j'écoute avec étonnement.» NOTES DE L'ÉDITEUR personnage à racines autobio graphiques soit le plus effacé, que le plus vécu soit le moins vivant.

» Albert Thibaudet, mais dont le mastic est pâteux, médiocrement écrit ; mais il ne pouvait en être autrement avec la première personne, le flasque caractère de mon Jérôme impliquant la flasque prose.

De sorte que, tout compte fait , je crois le livre réussi.

Mais qu'il me tarde d'écrire autre chose! J'en ai pour dix ans avant d'oser emp loyer de nouve au les mots : amour, cœur, âme, etc.

».

Alors que le personnage d' Alissa est une forte et noble figure, celui de Jérôme, trop pâle , a été vivement critiqué: «J'ai entendu des lecteurs de La Porte étroite s'intéresser au personnage de Jérôme et lui reconnaître une existence.

Je conserve pourtant mon opinion.

Rien de plus falot que ce naïf et cet aboulique.

li est d'ailleurs curieux que généra lement, dans un roman, le la Phalange, 20 octobre 1909.

Les propres commentaires de Gide sur son livre traduisent à la fois ses difficultés à l 'écrire et l'assurance qu'il garde quant à sa qualité: «Le livre à présent m'apparaît comme un nougat dont les amandes sont bonnes (id est: Lettres et Journal d' Alissa) 1 portrait par J .

E.

B la nche.

Musée des Bea ux-Arts.

Rouen I Roge r-V io llet 2.

3.

4.

5 lav is de J .

P .

R ém on.

A.

et P .

Go nin éd iteurs.

Lausa nne.

1958 Gide, Journal, 7 novembre 1909, notice, Gallimard, 1958.

GID E04. »

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