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LE PORTRAIT de Gogol

Publié le 22/02/2012

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Resté seul, Tchartkov s'interroge sur l'emploi de l'argent. Une fois ses dettes acquittées, va-t-il s'enfermer chez lui pour travailler sérieusement ? Va-t-il au contraire se laisser séduire par les plaisirs matériels qu'offre la vie ? La réponse ne tarde pas : il loue un somptueux appartement sur la perspective Nevsky et adopte la vie d'un parfait dandy.
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« clientes fortunées se présentent.

Insensiblement, les exigences de ses modèles déteignent sur la production deTchartkov, dont les toiles deviennent de plus en plus schématiques et conventionnelles.

Devant les réticences deses modèles féminins à se faire représenter sous leur véritables traits, le peintre reprend le portrait de Psychéébauché autrefois, et lui donne les traits d'une de ses clientes.

Il est surpris en plein travail par la jeune filleconcernée, qui est enthousiasmée.

Tchartkov devient célèbre, les commandes affluent.

Les travaux du peintre sontde plus en plus académiques.

Enivré par son succès, il voit son génie créateur peu à peu étouffé par la gloire et lafortune. Le dénouement : portrait de l'artiste en misanthrope destructeur (pp.

179 à 184)Un jour, l'Académie des beaux-arts lui demande un avis sur laproduction d'un artiste qu'il comptait autrefois au nombre de sesamis.

Ce peintre a quitté la Russie pour l'Italie, où il a mené la vie d'un homme entièrement consacré à son art.Tchartkov est ébloui.

Incapable de formuler unavis clair, il quitte précipitamment le lieu del'exposition.

Revenu chez lui, il tente sans succèsde reprendre un authentique travail créatif.

Ilretrouve alors le portrait acheté autrefois aubazar.

Il se rend compte que ce tableau a infléchile cours de sa vie d'artiste sans retour possible.Furieux, il se débarrasse de la toile maléfique etentreprend de consacrer sa fortune à l'achat desplus belles oeuvres existantes.

Il devientombrageux, misanthrope.

Il meurt bientôt, aprèsavoir vu dans un dernier cauchemar le regard duvieillard peint.

Après sa mort, le public horrifiés'aperçoit qu'il a dilapidé l'intégralité de sonimmense fortune pour se porter acquéreur dechefs-d'oeuvre qu'il détruisait aussitôt après lesavoir achetés. COMMENTAIRE L'artiste et le monde Une confrontation de l'incipit et de l'explicit decette nouvelle se révèle riche d'enseignements.Nous découvrons d'abord le héros Tchartkov encontemplation devant les tableaux du bazar.

Ilachète un tableau qui modifie le cours de sa vie.À la fin de l'histoire (p.

180), nous retrouvonsTchartkov en contemplation devant un autretableau, celui peint par son ancien ami exilé enItalie.

La vue de ce tableau déclenche une vainefrénésie de travail, suivie d'une série d'achats etde destructions opérées pour exorciserl'impuissance créatrice.

Les ressemblancesrepérables entre incipit et explicit signalent —comme le titre l'indique — le rôle central dévolu àl'oeuvre d'art.

Le texte organisesystématiquement la confrontation entre destableaux et le regard du public : l'ceil du lecteurrencontre le titre de la nouvelle, l'oeil deTchartkov rencontre le portrait du vieillard puis letableau de son ex-ami.

Le texte pose la questionde la place que doivent occuper l'oeuvre d'art etson créateur au sein du monde.

Quel publicl'artiste et son oeuvre peuvent-ils et doivent-ilstoucher ? Quelle est la différence entre l'artauthentique et une servile copie de l'existant ? En organisant ces confrontationssymboliques, le texte permet de mesurerl'évolution de Tchartkov, dont le parcoursindividuel autorise la mise en place d'une. »

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