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Portrait de Vautrin (Honoré de Balzac)

Publié le 18/02/2012

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balzac

Vautrin, l'homme de quarante ans, à favoris peints... était un de ces gens dont le peuple dit : « Voilà un fameux gaillard. « Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d'un roux ardent. Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières simples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait pas. Il était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l'avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant : « Ça me connaît. « Il connaissait tout, d'ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l'étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons. Si quelqu'un se plaignait par trop, il lui offrait aussitôt ses services. Il avait prêté plusieurs fois de l'argent à Mme Vauquer et à quelques pensionnaires; ....

balzac

« II est fort an physique.

Ii nous est represents dans « la force de l'age », a quarante ans.

Le peuple, tres impressionne par la force physique, ne peut retenir son admiration en face de lui, et l'exprime dans cette phrase typique, sentant son plebeien : « Voila un fameux gaillard! >) Impression premiere et generale.

Balzac detaille maintenant son heros non des pieds a la tote, mais en choisissant les signes les plus caracteristiques de cette vigueur extraordi- naire.

Les jambes, enveloppees dans un pantalon, les pieds peuvent titre passes sous silence.

Des epaules larges, surmontant un buste bien deve- loppe, c'est-a-dire une poitrine bombee, aux pectoraux puissants, voila un indice non equivoque.

Des muscles appctrents : ceux des machoires et du cou, sans doute; a moins que Vautrin ne relevat ses manches pour aider Mme Vauquer, et ne laissat voir des bras noueux.

Muscles des mains epaisses aussi; ces mains charnues sont comme le symbole de la force. On dit « donner un coup de main » non un coup de bras.

Et, comme nous le verrons, ces mains sont aussi habiles que fortes, expertes it toute sorte de travaux.

Balzac s'y arrete complaisamment, it les decrit avec leurs particularites.

Des mains longues et effilees trahissent, chez l'homme, des generations d'oisifs, une debilite ancestrale, ou une complexion feminine; celles de Vautrin sont carrees et, signe de virilite, marquees aux phalanges par des bouquets de polls touffus et d'un roux ardent.

Avant d'être appliqué exclusivement aux soldats de la grande guerre, le mot poilu, epithete subs- tantivee, designait un homme fort, dont le systeme pileux revelait la vigueur corporelle.

Rien n'est a negliger dans ce portrait, pas meme la couleur de ces touffes : ce roux ardent rappelle le fauve.

Un mot encore, pour definir une modalite de cette force en tant de manieres affirmee : la figure, rayee par des rides prematurees, offrait des signes de durete...

Il est des forces douces.

La vraie force est presque toujours alliee it la dou- ceur.

Suaviter et fortiter...

Celle de Vautrin, retenons-le bien, est dure : son visage trahit une durete que seule parvient it temperer, it cacher sa volonte de fer.

Car it est plus fort encore au moral qu'au physique.

Nous en avons une preuve certaine, peremptoire, et qui, it la rigueur, remplacerait toutes les autres : ses obliges seraient morts plutiit que de ne pas lui rendre ce qu'il leur avait peke, tant...

it imprimait de craintes par certain regard pro fond et plein de resolution...

Mais a cette demonstration, s'en ajoute une autre quelque peu surprenante et pourtant tres suggestive.

A la maniere dont it lancait un jet de salive, it cuinongait un sang-froid imperturbable.

On a trait& Balzac de « psychologue en chambre » se fondant plus sur son ima- gination formidable que sur une observation attentive.

Un trait de ce genre semble contredire un tel jugement.

Il est vrai que La Bruyere avait remar- que avant lui que Giton, le riche, plein de confiance en lui-meme, crachait « fort loin », tandis que le pauvre Phedon « crache presque sur soi » ! Ce jet de salive peut done symboliser le sang-froid imperturbable, la maitrise de soi, comme la confiance en soi. Cette double force est au service d'une intelligence superieure, d'un savoir uniuersel.

Intelligence pratique, qui ne se fourvoie pas dans les speculations meta- physiques, mais s'exerce uniquement sur les hommes, sur les affaires tem- porelles.

L'ceil de Vautrin semble aller au fond de toutes les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments.

Tout ce ciu'on peut savoir mer et marine, France et stranger, hommes et affaires, evenements et lois, hotels et prisons, it le sait, it en peut parler pertinemment.

Ce qu'il ne sait pas, par intuitions geniales, ou deductions inattendues, it le devine. Impossible de cacher quoi que ce soit a cet argus : it scrute tout, penetre les intentions les plus cachees, &voile les plus mysterieux secrets, de- brouille les echeveaux les plus emmeles. Lorsqu'il tient dans ses grilles le jeune Rastignac, l'hypnotise litte- ralement, lui enumere tous les elements de son destin, brosse de sa famille, dont le jeune homme ne lui a jamais parle, un tableau saisissant Il est fort au physique. Il nous est représenté dans « la force de l'âge », à quarante ans.

Le peuple, très impressionné par la force physique, ne peut retenir son admiration en face de lui, et l'exprime dans cette phrase typique, sentant son plébéien : « Voilà un fameux gaillard! » Impression première et générale.

Balzac détaille maintenant son héros non des pieds à la tête, mais en choisissant les signes les plus caractéristiques de cette vigueur extraordi­ naire. Les jambes, enveloppées dans un pantalon, les pieds peuvent être passés sous silence. Des épaules larges, surmontant un buste bien déve­ loppé, c'est-à-dire une poitrine bombée, aux pectoraux puissants, voilà un indice non équivoque.

Des muscles apparents : ceux des mâchoires et du cou, sans doute; à moins que Vautrin ne relevât ses manches pour aider Mme Vauquer, et ne laissât voir des bras noueux.

Muscles des mains épaisses aussi; ces mains charnues sont comme le symbole de la force.

On dit « donner un coup de main », non un coup de bras. Et, comme nous le verrons, ces mains sont aussi habiles que fortes, expertes à toute sorte de travaux.

Balzac s'y arrête complaisamment, il les décrit avec leurs particularités.

Des mains longues et effilées trahissent, chez l'homme, des générations d'oisifs, une débilité ancestrale, ou une complexion féminine; celles de Vautrin sont carrées et, signe de virilité, marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d'un roux ardent.

Avant d'être appliqué exclusivement aux soldats de la grande guerre, le mot poilu, épithète subs- tantivée, désignait un homme fort, dont le système pileux révélait la vigueur corporelle. Rien n'est à négliger dans ce portrait, pas même la couleur de ces touffes : ce roux ardent rappelle le fauve. Un mot encore, pour définir une modalité de cette force en tant de manières affirmée : la figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté...

Il est des forces douces. La vraie force est presque toujours alliée à la dou­ ceur. Suaviter et fortiter...

Celle de Vautrin, retenons-le bien, est dure : son visage trahit une dureté que seule parvient à tempérer, à cacher sa volonté de fer.

Car il est plus fort encore au moral qu'au physique.

Nous en avons une preuve certaine, péremptoire, et qui, à la rigueur, remplacerait toutes les autres : ses obligés seraient morts plutôt que de ne pas lui rendre ce qu'il leur avait prêté, tant... il imprimait de craintes par certain regard profond et plein de résolution... Mais à cette démonstration, s'en ajoute une autre quelque peu surprenante et pourtant très suggestive. A la manière dont il lançait un jet de salive, il annonçait un sang-froid imperturbable. On a traité Balzac de « psychologue en chambre » se fondant plus sur son ima­ gination formidable que sur une observation attentive. Un trait de ce genre semble contredire un tel jugement. Il est vrai que La Bruyère avait remar­ qué avant lui que Giton, le riche, plein de confiance en lui-même, crachait «fort loin», tandis que le pauvre Phédon «crache presque sur soi»! Ce jet de salive peut donc symboliser le sang-froid imperturbable, la maîtrise de soi, comme la confiance en soi.

Cette double force est au service d'une intelligence supérieure, d'un savoir universel.

Intelligence pratique, qui ne se fourvoie pas dans les spéculations méta­ physiques, mais s'exerce uniquement sur les hommes, sur les affaires tem­ porelles. L'œil de Vautrin semble aller au fond de toutes les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments.

Tout ce qu'on peut savoir : mer et marine, France et étranger, hommes et affaires, événements et lois* hôtels et prisons, il le sait, il en peut parler pertinemment. Ce qu'il ne sait pas, par intuitions géniales, ou déductions inattendues, il le devine.

Impossible de cacher quoi que ce soit à cet argus : il scrute tout, pénètre les intentions les plus cachées, dévoile les plus mystérieux secrets, dé­ brouille les écheveaux les plus emmêlés.

Lorsqu'il tient dans ses griffes le jeune Rastignae, il l'hypnotise litté­ ralement, il lui énumère tous les éléments de son destin, brosse de sa famille, dont le jeune homme ne lui a jamais parlé, un tableau saisissant r. »

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