Pot-Bouille
Publié le 06/04/2013
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Pot-Bouille fait partie de la série des Rougon-Macquart. Paru d'abord en feuilleton (expurgé) dans Le Gaulois, il sort en librairie en 1882. Le dessein de Zola: donner un pendant à L 'Assommoir, « montrer la bourgeoisie à nu après avoir montré le peuple et la montrer plus abominable, elle qui se dit d'ordre et d' honnêteté «. Adapté un an plus tard pour le théâtre, Pot-Bouille est boudé : «Ces gai llards-là (les bourgeois) refusent de lâcher leurs écus pour s'entendre dire des choses désagréables, ce que je comprends du reste «, dira Zola.
«
« Gasparine la prit à son tour dans ses
bras, la garda
contre sa poitrine
( ...
) pendant que
Cam pardon
accourait les
consoler.»
Les dessous d'une soirée ridicule
Du monde arrivait, des mères fortes avec
des filles maigres, des pères et des oncles
à
peine éveillés de la somnolence du bureau,
poussant devant eux des troupeaux de de
moiselles
à marier.
Deux lampes, voilées de
papier
rose, éclairaient le salon d'un demi
jour, où se noyaient le vieux meuble râpé de
ve lour s jaune, le
piano déverni, les trois
vues de Suis se enfumées, qui tachaient
de
noir la nudité froide des panneaux
blanc et or.
Et, dans cette
avare clarté, les invités
s'effaçaient, des figures
pauvres et comme usées,
aux toilettes pénibl es et
sans résignation.
Une éclatante
obsession matrimoniale
Dès la dixième mesure,
Octave, l'air recueilli et
hochant le menton aux
traits de bravoure, n 'écou
ta plus.
Il regardait l'au
ditoire, l'attention poli
ment distraite des hom
mes et
le ravissement af
fect é des femmes, toute
cette décence de gens ren
dus
à eux-mêmes, repris
par les soucis de chaque
heure ,
dont l'ombre re
montait à leurs visages
fatigués.
Des mères fai
saient visiblement le rêve qu'elles mariaient
leurs filles, la bouche fendue, les dents fé
roces, dans un abandon inconscient.
Des conversations de bas étage
Ces dames , du reste, ouvraient leur cœur.
(
...
) Mme Juze ur venait de se décider à
prendre, aux Enfant s-Assistés , une petite de
quin ze ans,
pour la dresser; quant à
Mm e Josserand, elle ne tarissait pa s s ur
Adèle, une souillon, une propr e à rien, dont
elle raconta des traits extraordinaires.
Et toutes, languissante s sous l'éclat des
bougies
et le parfum
de s fleurs, s'enfonçaient
dans ces histoires d'a nti
chambre, remuaient les
livre s de compte graisseux,
se passionnaient pour l'in
solence
d'un cocher ou
d'une laveuse de vaisselle.
Berthe Vabre ou les
confidences
d'une jeune
mariée
- Dame ! ( ...
), il ne fallait
pas
me faire épouser un
homme que je n 'ai mais
pas ...
Maintenant , je le
hais,
j'en ai pris un autre.
Et elle continua.
L'histoire
entière de son mariage
re
venait, dans ses phrases
courtes, lâchées
par lam
beaux : les trois hivers de
chasse
à l'homme , les gar
ço ns
de tous poils aux bras
desquels on la jetait , les insu ccès de cette
offre de son corps, sur les trottoirs autorisés
des salons bourgeois; puis, ce que les mères
e nseignent aux filles sans fortune, tout un
cours de prostitution décente et permi
se, les
attouchements de la danse, les mains aban
données derrière une porte, les impudeurs
de l'innocence spéculant sur les appétits des
niais; puis, le marifait un beau
soir, comme
un homme est fait
par une gueuse , le mari
raccroché sous un rideau , excité et tombant
au piège, dans la fièvre de son
désir.
«Il vit, au milieu
du salon nu, les
quatre hommes , un à terre, trois
debout, éclairés
seulement
par la
maigre bougie que
le conseiller tenait
comme un cierge.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Pot-Bouille, une pantomime sans décors .
Trop de littérature.
» Edmond de Goncourt,
Journal .
mêmes épithètt;:s, revenant en ritournelle
pour appuyer toujours sur sa teinte est très
visible, très nette .
C'est bien là la bâtisse
moderne avec son faux luxe, et ses murs
frais, mal séchés so
us leur peau de faux
marbre .
La cour noire avec ses fenêtres qui
s'ouvrent et se ferment après chaque vidage
d 'ordure est une trouvaille .
Ce que ça
tapage
! Ce que ça sent l'évier et le vie,
dans so n train-train, a-t-elle cette
rigueur de démonstration mathématique
? »
Henry Céard, lettre à Zola, avril 1882.
«Ce qui me frappe avant tout c 'es t la
charpente,
la mécanique si
merveilleusement agencée dans un sujet
d'une belle simplicité;puis
c'est le grand
effort de style simple que vous y avez mis.
Je trouve que les descriptions condensées
en quelques phrases sont absolument
excellentes, que la maison faite avec les
1 Roge r-Viollet 2.
3.
4 sn .• éd .
Farm ot.
G enève .
1979
graillon ! » 1.-K .
Huysmans , lettre à Zola,
avril 1882.
« Philosophiquement, vous avez fait un
roman vrai, cela est inconte stable , mais la
«Pot-Bouill e, ces syllabes épaisses et
veules, ce mot qui sent l'auge,
un titre qui
ressemble à un crachat.
De la grandeur, du
tragique, une sonorité vaste et sombre dans
le terme " assommoir".
Une petitesse
étouffante dans ce
phénomène" pot-bouille".
•
C'est le règne du sordide et de ~
l'ignominieux .
» H~nri Guillemin.
ZOLA 05.
»
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