Pour philosopher, faut-il commencer par douter de tout ?
Publié le 12/03/2004
Extrait du document
«
2.
Peut-on envisager une démarche philosophique sans douter ?
· Aussi, la philosophie va-t-elle pouvoir rechercher une autre origine à son début.
Le questionnement étant une des causes de la pensée, l'observation du monde tel qu'il est, qu'ilapparaît, sans le remettre en cause, peut être une des origines du fait de philosopher.
" L'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tirent leurpremière origine.
".
John Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain.
· Locke voit dans l'expérience ce qui produit la connaissance.
Une science des principes ne peut donc se faire que par l'expérience, par ce qui est matériellement donné.
· Face à Descartes et sa remise en cause du monde (remise en cause provisoire, il ne s'agit pas pour lui de nier l'existence du monde, mais au contraire de la fonder), Locke, suivi par Hume, préféreraconsidérer le monde immédiatement, tel qu'il est, et tirer des conclusions de l'expérience qu'il en a.
· C'est le rationalisme contre le matérialisme, la raison contre l'expérience.
Ainsi, nous constatons que deux modes de fondement de la philosophie s'opposent.
Deux modes, qui fondent ou rejettent laphilosophie comme étant issue du doute.
· Mais ici se pose une nouvelle question : comment les uns peuvent-ils aboutir à quelque science que se soit en doutant de tout ? Et comment les autres parviennent à connaître s'ils ne remettentpas en cause au moins une fois les données qu'ils ont ?
3.
Quel doute pour quelle philosophie ?
· Le doute semble être constitutif de la pensée.
Ce qui provoque le questionnement, l'envie de comprendre, de connaitre, apparaît être le doute, la remise en cause de ce que l'on croit acquis.
· Cependant, ce doute se présente chez certains auteurs comme total, complet.
Il faut douter de tout pour commencer à comprendre, à connaître.
« Qui voudrait douter de tout n'irait pas même jusqu'au doute.
Le jeu du doute lui-même présuppose lacertitude.
» Wittgenstein, De la certitude , (posthume).
· Wittgenstein voit dans le doute complet une impasse.
On ne peut douter que l'on doute.
Aussi, le doute ne peut-il être réellement complet, il reste toujours une certitude.
· C'est d'ailleurs l'existence même de cette certitude qui permet de remettre en cause la pensée d'un auteur.
Car après tout, l'histoire de la philosophie est jonchée de remise en causes des penseursprécédents, afin de renforcer de nouvelles pensées.
· Ainsi, le doute ne peut être total ; pour autant, il est nécessaire à la philosophie, en ce sens que douter, c'est rechercher des connaissances fermes.
C'est aussi parce que la recherche philosophiqueest une recherche de connaissance assurée que le doute total ne peut la fonder.
Conclusion.
Nous savons que le doute systématique appartient à une partie de la philosophie, Descartes en tête, afin de fonderla pensée.
Cependant, nous avons pu aussi constater que toute philosophie n'était pas fondée sur le doute, pourpreuve le matérialisme de Locke ou Hume.
Enfin, nous pouvons comprendre que le doute soit un point de départnécessaire à la philosophie, mais c'est un doute partiel, et non absolu, qui autorise la connaissance..
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