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Pour quelles raisons devrait-on respecter la nature ?

Publié le 28/12/2005

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Peut-on se conduire vis-à-vis de la nature comme on se comporte devant un homme ? Faut-il respecter la nature comme un objet sacré ?

« déterminée qui convient à sa nature.– Dire, comme le sophiste Protagoras, que «l'homme est la mesure de toutes choses», c'est, selon Platon, toutmettre sens dessus dessous, attribuer à l'homme une place démesurée, exorbitante, injuste.– La véritable justice consiste à reconnaître que c'est le Cosmos qui doit mesurer l'homme.

Inviter l'homme às'intégrer dans l'Ordre générale du Cosmos qui le dépasse, c'est encore poser qu'il doit respecter la Nature commel'harmonie suprême du Tout.• La pensée judéo-chrétienne, à la différence des philosophies platonicienne ou stoïcienne, pose une séparationessentielle entre Dieu et la nature.

Celle-ci est alors considérée comme une création.

Dieu, lui-même incréé, l'aproduite à partir de rien (ex nihilo).

Elle dépend d'un être surnaturel.

Ce qu'il faut par conséquent respecter, c'estd'abord l'Être transcendant, Dieu, qui dépasse les autres êtres plutôt que la nature ou les êtres qui appartiennent àla nature.• Dans la mesure où le sacré est ainsi considéré comme radicalement extérieur à la nature, cette dernière n'a plus àêtre respectée.

Il devient donc possible de l'étudier pour mieux l'utiliser, de la connaître pour la mettre au service denos fins.

C'est ce qui paraît s'accomplir à partir du début du XVIIe siècle, avec l'apparition des sciencesexpérimentales. 2.

La nature, objet de la connaissance scientifique a) La pensée scientifique de l'univers• Le développement de la pensée scientifique au début du XVIIe siècle a très vite ruiné l'idée antique d'une Nature-modèle, aux proportions harmonieuses, que l'homme devait respecter en trouvant sa place en elle.• L'esprit scientifique réduit en effet l'univers à un ensemble de forces indifférentes, une sorte de machinerie sansvaleur intrinsèque, dont on peut simplement connaître les lois et prévoir les mouvements.

Pascal, témoin de l'essorde cette pensée, perçoit clairement ses conséquences sur l'idée qu'on se fait de la nature. b) Pascal : «Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie»• Pascal ne conçoit plus l'univers que les sciences donnent à penser commeune Nature où l'on pourrait habiter sans crainte, mais comme « une île déserteet effroyable» (Pensées, éd.

Brunschwicg, n° 693), un «cachot» ou encoreune sorte d'océan sans rivage au sein duquel «nous voguons [...] toujoursincertains et flottants» (n° 72).• Que pourrait bien signifier l'idée d'un respect de la nature, dès lors que celle-ci, en elle-même, est étrangère au monde des valeurs, puisqu'avec la penséescientifique s'opère, comme l'observait A.

Koyré, un «divorce» total entre lemonde des valeurs et le monde des faits ?• Mais la substitution d'une nature-univers, impersonnelle, indifférente, à laNature-Cosmos, mystérieuse et divine, conduit à privilégier la pensée humainequi, dans la nature, occupe une position exceptionnelle.

«Par l'espace, écritPascal, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point ; par la pensée,je le comprends» (ibid.

n°348).

N'est-ce pas la pensée consciente, conditiondes sciences, qu'il faut désormais admirer ? «Quand l'univers l'écraserait,l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, etl'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien». C'est un Pascal janséniste, et non plus savant, qui écrit cette phrase. Génie scientifique d'une précocité surprenante et grand représentant de l'essor extraordinaire des sciences, Pascal se détourne de ses recherches mathématiques et physiques pour se consacrer à un christianisme intransigeant et austère, qui refuse tout compromis avec le monde : il devientjanséniste.

Cette phrase se situe dans la partie consacrée à « La misère de l'homme sans Dieu » (206). « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie » sonne comme un cri de détresse et d'angoisse.

Ce qui cause ce frisson n'est d'autre que la disproportion entre le sujet et l'éternité, l'infinité du monde.

Devant un silenceéternel, devant des espaces infinis, comment ne pas sentir sa vanité ? Non seulement l'univers n'a rien à m dire,mais il me terrasse et il me plonge dans la désolation.

Il se dégage de cette phrase un sentiment d'abandon, dedéréliction.

L'homme y est seul ; c'est toujours un moi singulier qui est effrayé : seul mais confronté à la richesse del'infini et de l'éternel.

La frayeur ici résulte de ce que ce monde glacé ne parle plus à l'individu qui s'y trouveenglouti. Cette angoisse, cet abandon définit la condition de l'homme sans Dieu.

Pascal veut montrer que le monde, la nature, ne sont plus pour nous un refuge, ne nous entretiennent plus de Dieu ni de la communauté humaine, maisnous renvoient à une solitude accablante, à une perte d'orientation et de sens : « Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout […] Que fera-t-il sinon d'apercevoir quelque apparence au milieu des choses, dans undésespoir éternel de connaître ni leur principe ni leur fin ? » Ce qu'entreprend Pascal dans les « Pensées », c'est de montrer la gloire du christianisme et les insuffisances de la raison à comprendre l'homme et le monde.

Pascal est l'homme qui désespère de la raison, et qui, comprenant au mieux les découvertes et les méthodes scientifiques de son temps, s'en détourne en pensant qu'elles nous sontinutiles pour comprendre ce qui nous concerne au plus près : ce que nous sommes et quelle est notre place dans le. »

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