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Pourquoi croit-on ?

Publié le 22/02/2012

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          On peut en effet se demander qu'est-ce qui pousse à donner son assentiment aux croyances religieuses. Se demander si les croyances religieuses ne seraient pas déterminée par des sentiments, des passions qui tous ont quelque chose à voir avec la détresse, le tragique, la souffrance, l'impuissance, la misère, l'insignifiance, la crainte, l'ignorance, l'injustice auxquels les croyances religieuses apportent une réponse.               Les croyances religieuses ne répondent-elles pas à un besoin de croire au lieu d'être un acte de foi désintéressé et que rien n'interdit rationnellement ?   Peut-il y avoir des croyances religieuses qui au lieu de s'enraciner dans notre détresse, procèdent de notre force, de notre santé ?

« toutes ces difficiles énigmes du monde.

» Freud, L'Avenir d'une illusion (1927).

Analyse :Les idées religieuses, celles qui sont crues, sont des illusions.La question que se pose Freud est celle de savoir d'où nous viennent les idées religieuses, quelle est l'originepsychologique des représentations religieuses.Les dogmes ne sont pas issus de l'expérience, ni de la réflexion.

Ils sont des illusions.Qu'est-ce qu'une illusion ?Une illusion, c'est le fait de prendre ses désirs pour des réalités, c'est tenir pour vrai quelque chose que noussouhaitons seulement parce que nous le souhaitons.

Dans l'illusion, nous faisons abstraction de notre rapport à laréalité effective.

Exemple : Christophe Colomb a l'illusion d'avoir découvert une nouvelle route vers les Indes.L'illusion est donc à distinguer de l'erreur qui consiste à prendre le vrai pour le faux ou le faux pour le vrai.Il résulte de cela que :- les illusions peuvent être source d'erreurs.

Mais elles ne se réduisent pas à être des erreurs elles-mêmescompte tenu du rôle joué par le désir dans l'illusion.- Les illusions ne sont pas cependant toutes des erreurs : il est en effet possible que les choses soient en effettelles qu'on les souhaite.

Toutes les illusions ne sont pas irréalisables ou en contradiction avec la réalité.

Exemple deFreud : une jeune fille peut croire qu'un prince charmant va l'épouser.

La chose s'étant déjà produite, il est possiblequ'elle se reproduise.Rq : Corriger une erreur exige de corriger notre méthode d'accès à la réalité et/ou celle par laquelle on produit desénoncés.

L'erreur est d'origine logique et méthodologique.

Vaincre une illusion n'est possible que si on parvient àidentifier puis à vaincre ou à faire taire les désirs qui en sont à l'origine pour libérer notre rapport à la réalité del'écran de l'illusion.

Vaincre une illusion suppose de ne plus être la dupe de soi-même.

Rien n'est plus difficile puisquejustement on ne sait pas qu'on est dupé lorsqu'on l'est.

Quels sont les désirs qui provoquent les illusions religieuses ?Le désir majeur est le désir d'être protégé contre les dangers de la vie, de trouver une réponse à notre détresse,notre petitesse et notre impuissance.

Associé à ce désir, le désir de justice et le désir d'avoir des réponses aux questions énigmes que Kantappelle les questions métaphysiques.

Ces réponses dérivent des croyances religieuses.Quelle est la forme prise par l'illusion religieuse ?La réponse apportée à ces désirs prend une forme qui elle-même est constituée dans le psychisme au cours del'enfance.

Les illusions religieuses reproduisent le rapport enfant/père à une autre échelle pour répondre aux mêmestypes de besoins que ceux de l'enfant mais à l'âge adulte.Les illusions religieuses ont donc une double origine : la détresse humaine liée à notre impuissance et la réponse à ladétresse infantile apportée par la protection et l'amour du père.

Que peut-on en conclure à propos de la vérité des croyances religieuses en tant qu'illusions ?En tant qu'illusions, il est aussi impossible de les démontrer que de les réfuter.

On ne peut pas établir qu'elles sontvraies dans la mesure où elles échappent à toute possibilité de démonstration rationnelle.

Etant indémontrables, onn'est pas obligé d'y croire.

Mais on ne peut pas les réfuter non plus, faute d'avoir sur toutes les questions abordéespar la religion des connaissances suffisantes.

Est-ce à dire que Freud est agnostique ? C'est ce qu'il semble dire, dans la mesure même où en tantqu'illusions, on ne peut pas se prononcer sur leur valeur de vérité.

Mais précisément parce qu'il s'agit d'illusion, onpeut soutenir qu'il est bien peu probable que ces croyances aient quelque chose de vrai.

Qu'on ait envie d'y croireindique précisément que les croyances correspondent à nos souhaits, à nos désirs et donc qu'il serait plus prudentde ne pas y accorder trop de créance.

C'est trop beau pour être vrai, c'est trop beau pour ne pas avoir été le fruitde notre désir.

L'agnosticisme affiché est donc bien plutôt de l'ordre de l'athéisme : dévoiler l'origine psychologique descroyances, c'est en même temps se prononcer sur leur valeur de vérité.

Commentaire :Cette explication des motifs psychologiques de la croyance indique en quoi si l'homme n'est peut-être pas religieuxpar nature, il est néanmoins disposé à le devenir par le sentiment de sa finitude, de sa relativité radicales et par lefait que tout homme a d'abord été enfant.

Ce qui permet d'expliquer l'universalité du phénomène religieux, sans entirer de conséquence en faveur de la vérité des croyances.

A ce sujet, insister comme le fait Pascal sur notre misère, notre impuissance et notre ignorance, est révélateur de lanature du ressort psychologique de la vie religieuse : la conscience aigue de notre misère peut trouver dans lescroyances religieuses une consolation (qui n'est pas sans prix) par le fait qu'elles nous font imaginairement sortir dela détresse où nous plonge la conscience de notre misère.

C'est bien pour cela que Pascal n'a pas de mots assezdurs pour qualifier tous ceux qui s'accommodent tant bien que mal de cette misère.

Ils ne sont en effet passusceptibles de céder à l'illusion religieuse qu'il défend.

Cela explique aussi que toute religion prête en tant que telle et même si elle s'en défend à la superstition et à lamagie : les motifs psychologiques, politiques et sociaux qui déterminent l'adhésion aux croyances religieusesimpliquent l'espoir d'une intervention divine ici-bas ou dans l'au-delà, visant à mettre fin à la détresse, àl'impuissance, à l'injustice, à notre misère, qu'on pense obtenir par le respect des rites et par la moralité.. »

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