Devoir de Philosophie

Pourquoi y a-t-il des sciences et non pas une science ?

Publié le 18/01/2004

Extrait du document

SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace. Corps de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience.

« Notre réflexion ne pourra donc pas faire l'économie d'une analyse du concept de Science : que faut-il entendre par-là ? S'agit-il d'un simple contenu de savoir ou bien d'une méthode propre ? Or, en matière deméthode, existe-t-il une méthode scientifique ou des méthodes ? Ainsi, la Science est-elle ce qu'il y a de communaux sciences, c'est-à-dire leur méthode, ou bien n'est-elle qu'une forme ancienne du savoir ayant laissé place à dessciences irréductibles les unes aux autres et qui auraient développé leurs méthodes propres ? I – Descartes et la Science Dans la Lettre-préface aux Principes de la philosophie , Descartes parle de la Science comme de l'étude de la sagesse, c'est-à-dire non seulement laprudence dans les affaires, mais aussi une parfaite connaissance de toutesles choses que l'homme peut savoir, tant pour la conduite de la vie, que pourla conservation de la santé et l'invention de tous les arts.

On le voitimmédiatement, la définition de Descartes est extrêmement large.

En effet, laScience n'est rien d'autre que la Sagesse et cette sagesse se définit à la foiscomme un savoir englobant (le sage, c'est celui qui sait tout) et comme uneforme de vie, prudente et réglée (le sage, c'est celui qui vit en harmonie avecsoi-même et le monde). Et parce que l'une des principales parties de la sagesse est de savoiren quelle façon et pour quelle cause chacun se doit estimer oumépriser, je tacherai ici d'en dire mon opinion.

Je ne remarque en nousqu'une seule chose qui nous puisse donner juste raison de nousestimer, à savoir l'usage de notre libre arbitre, et l'empire que nousavons sur nos volontés.

Car il n'y a que les seules actions quidépendent de ce libre arbitre pour lesquelles nous puissions avecraison être loués ou blâmés, et il nous rend en quelque façonsemblables à Dieu en nous faisant maîtres de nous-mêmes, pourvu que nous ne perdions point par lâcheté les droits qu'il nous donne.Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu'un homme s'estime au plus haut point qu'il se peutlégitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu'il connaît qu'il n'y a rien qui véritablement luiappartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pource qu'il en use bien ou mal, et partie en ce qu'il sent en soi-même une ferme et constante résolution d'enbien user, c'est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les chosesqu'il jugera être les meilleures.

Ce qui est suivre parfaitement la vertu.

La philosophie morale de Descartes reprend des thèmes de la sagesse traditionnelle : thème du bonheur (« on nesaurait manquer d'être content »), thème de l'accord avec la nature (« changer ses désirs plutôt que l'ordre dumonde »).

Mais il les transforme profondément par l'affirmation de la liberté du sujet. POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE On ne confondra pas la « vraie générosité » cartésienne avec le sens actuel du mot (libéralité) ou avec un orgueilqui pousserait à s'estimer pour autre chose que sa « ferme résolution ».La formulation même de Descartes (« maîtres de nous mêmes ») est en grande partie d'inspiration stoïcienne, ainsique sa définition de la vertu (au singulier) comme ferme résolution.

Mais la philosophie morale ne se comprend qu'àpartir d'une métaphysique nouvelle reposant sur deux principes : l'existence d'un moi rationnel et libre, l'existenced'un esprit infini, Dieu libre créateur de toute vérité et de toute chose.La générosité est la prise de conscience de cette double transcendance de l'esprit humain et de l'esprit divin, etdonc l'éminente valeur d'un libre arbitre capable de s'élever au-dessus de toute détermination.

Quelles que soient lesqualités ou les défauts des uns et des autres, elles sont de peu d'importance en comparaison du libre arbitre quinous rend semblables à Dieu (« en quelque façon » car la liberté humaine n'est pas créatrice).

Par la générosité,tous les sujets moraux peuvent être égaux.La générosité n'implique pas nécessairement une connaissance objective, technique, des conditions et des résultatsde l'action ; et l'expression célèbre du Discours de la méthode : « nous rendre comme maîtres et possesseurs de lanature », n'est pas une maxime de morale. La Science comprise comme sagesse renvoie donc à l'ensemble du savoir.

Descartes utilise à ce propos la métaphore de l'arbre : la philosophie, qui est amour du savoir ou de la sagesse, se présente sous la forme d'unarbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique, les branches : la mécanique, la médecine et lamorale.

La Science est donc un édifice totalisant, à la fois théorique (métaphysique) et pratique (par exemple, lamorale).

Remarquons que Newton, jetant les bases de la physique classique quelques années plus tard, reconnaîtrafaire de la « philosophie naturelle », cette branche du savoir (ou de la Science) qui s'applique à la Nature. La Science comprend donc tous les savoirs particuliers, mais aucun ne mérite le titre de science, uniquement. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles