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Pourquoi des Tyrans ?

Publié le 16/12/2009

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On voit donc ici que la différence tient dans le fait que le tyran « moderne « ne porte pas d’attention particulière à la masse qu’il dirige. Pourtant, peut-on réellement affirmer qu’il existe une différence fondamentale entre le tyran « antique « et le tyran « moderne « ? Après tout, les deux hommes sont portés par la foule et sont des hommes emplis de souffrance et de volonté de pouvoir.  Cette différenciation dans la manière d’appréhender un tyran est sans doute due à une pensée de plus en plus importante et répandue de contestation et de critique de la tyrannie elle-même, faisant de facto de son représentant un personnage beaucoup plus ambigu. Ces réflexions portent d’ailleurs plus sur la tyrannie elle-même, cherchant à la définir, et la plupart du temps à en expliquer les causes et les conséquences. Cette multiplicité du sens de tyran selon l’époque à laquelle on se réfère révèle la complexité du concept de tyran, et par là même de tyrannie. Ainsi, si l’on entend tyrannie comme un régime politique qui tient à l’accord soudain entre un chef et la masse, ou la foule : alors comment pouvons-nous expliquer la présence de tyrans, c’est-à-dire d’un homme seul haranguant les masses, supplantant quelquefois le régime démocratique, pourtant qualifié à maintes reprises comme étant le régime le plus juste ? Ainsi, après avoir étudier la dimension politique du tyran, nous verrons en quoi une remise en cause de la tyrannie peut engager une démultiplication du sens du mot tyran, avant d’analyser le rapport du tyran à sa foule et en tentant de chercher comment l’on devient tyran. 

« n'est véritablement protégé de la tyrannie et de la volonté de pouvoir du tyran.

Il n'existe en réalité aucune garantiecontre la tyrannie.

Pourtant, Aristote avance l'hypothèse que la tyrannie s'installe davantage lorsque que ladémocratie n'assure pas de manière efficace l'éducation de ces citoyens à l'exercice de celle-ci.

Le fondement de ladémocratie est la discussion dans l'écoute réciproque qui permet de dégager la meilleure décision pour lé cité.

Nousavons à l'esprit l'image de l'Agora athénienne sur laquelle les citoyens se réunissaient régulièrement.

Certes tous nedevaient pas avoir la même opinion et c'est cela qui était l'origine d'une richesse du débat politique.

Si les hommesont conscience que le compromis est l'élément le plus juste en politique alors ils ne seront guère sensibles auxtentatives menées par un homme avide de pouvoir.

En effet, en s'écoutant les uns les autres, certains vont prendreconscience qu'ils n'avaient pas entièrement raison et font par là même parfaire leur idée.

On écoute par ce biaisdavantage les sages qui ont droit de s'exprimer et qui instruisent du même coup les citoyens de la démocratie enleur permettant de comprendre un éventuel raisonnement politique.

La démocratie grecque n'est donc pas aux prisesde toutes les passions - dans cette configuration-ci - puisqu'elle s'établit autour de dialogues, de compromis quisont pour Aristote le meilleur élément pour mener une politique juste.

En effet, réunis dans un espace public, leshommes - experts et citoyens - prennent une décision qui émane à la fois des experts et des autres citoyens quivoient par la discussion démocratique les qualités - ou bien pourquoi pas les défauts - du raisonnement des experts.Ce qui corrobore le point de vue d'Aristote c'est le fait que l'homme est un animal politique pour autant qu'il est unanimal responsable.

Ainsi, la politique n'est nullement une affaire d'expert mais du ressort de l'homme lui-même - etnon d'un potentiel groupe- qui bien instruit mènera la politique d'une manière telle que la tyrannie ne pourra guères'imposer au peuple.

Toutefois il se peut que ce cas de démocratie ne soit point appliqué dans toutes les cités deGrèce antique, et ainsi, à quelques occasions, un tyran parvient à s'emparer du pouvoir.

Mais comment réussit-il àaccéder à la tête de la cité puisque l'homme est un animal politique qui -s'il raisonne par lui-même - peut mener unepolitique juste ? Et bien, c'est en ce dernier point que se trouve un élément plus problématique que les autres : il faut quel'homme raisonne par lui-même.

Et nous l'avons vu, il faut pour cela, soit qu'il ait été bien éduqué aux principes de ladémocratie, soit qu'il puisse prendre une décision après une discussion éclairée par différents experts.

Mais si l'uneou l'autre de ces conditions n'est guère remplie, alors la démocratie ne sert plus de rempart à la tyrannie qui met enplace un tyran, cherchant un pouvoir personnel pour assouvir son ambition et sa volonté de puissance.

Mais cetyran peut accaparer le pouvoir en démocratie dès lors qu'il peut « retourner » la foule.

La tyrannie tient de l'accordsoudain entre un chef et la masse.

Il devient chef de la foule en se révoltant contre le pouvoir hégémonique dudemos - c'est-à-dire de la majorité - et il est celui qui a été capable de renverser cette majorité et d'en faire unemasse soumise, dont il est le chef qu'elle admire et respecte.

Pourtant, la tyrannie s'apparente ici davantage à la loidu plus fort alors qu'a priori, nous serions en mesure de considérer que la force est du côté du nombre, autrementdit du demos, dès lors que l'on se place du côté de la nature.

Ainsi, nous pouvons envisager deux hypothèses del'acceptation du tyran : la contrainte et la peur - qui sont des éléments souvent majeurs dans une tyrannie - maiségalement le fait que la tyrannie ne s'installe que dans une cité déjà corrompue et où le désir de dominer est déjàun désir partagé par les citoyens.

C'est en cela que le tyran peut usurper le pouvoir puisqu'il force l'admiration dessujets qui l'admire : il y a une admiration de celui qui domine, l'on voudrait être à sa place.

Nous sommes confrontésà un phénomène d'identification fort, les hommes participent en fantasme à la domination de tout un peuple par unseul homme.

Dès lors, nous pouvons nous interroger pour savoir si c'est le tyran lui-même ou bien la masse qui est àl'origine de la tyrannie.

Car il n'y a certes pas de tyran sans une masse qui n'éprouve aucun respect envers celui-ci.Les deux parties partagent le désir du pouvoir et en laissant l'homme s'emparer du pouvoir, la foule a la sensationd'y participer également ; chose qui n'est pas inexacte puisque la tyrannie établit généralement un systèmepyramidal où chacun domine un subalterne mais éprouve dans le même temps une admiration pour celui qui ledomine.

C'est ce que résume l'idée de Xénophon qui démontre que le tyran cherche d'abord à être aimé.

Il est enattente d'un amour infini par un peuple.

Cette attente installe de facto un fort lien affectif entre le tyran et sonpeuple.

C'est un respect, une affection réciproque.

Tout ceci parce qu'il faut avoir à l'esprit que la tyrannie est unmode de fonctionnement politique et non une entreprise purement personnelle d'un homme qui s'empare du pouvoir.Si le tyran est tyran c'est aussi parce que la masse y trouve son compte et en éprouve une certaine satisfaction.Mais au-delà du phénomène d'identification, qui peut être à l'origine du tyran, nous ne pouvons guère mettre à partl'homme en lui-même qui a ce désir plus que tout autre de disposer du pouvoir.

Quel rôle le tyran joue-t-il dans lefait qu'il puisse lui-même exister ? Pour Socrate, nul n'est méchant volontairement, et celui qui sait ne peut être méchant.

C'est pour cetteraison que Socrate considère d'ailleurs que le sophiste se trompe de vie et qu'il mène une vie malheureuse.

Il ne fauttoutefois pas nous méprendre et associer le sophiste à la tyrannie.

Pour celui-ci la politique est synonyme del'exercice du pouvoir et a contrario il s'agit du bien vivre ensemble pour Socrate.

Et s'il nous est possible d'effectuer. »

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