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Pourquoi lire Flaubert?

Publié le 23/11/2012

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flaubert

... d'aucune école. Son oeuvre est oeuvre solitaire. Il y a chez lui quelque chose de farouche, un côté« irréductible gaulois«, une obstination don-quichottesque qui forcent la sympathie. Et qu'il a si bien su mettre en scène dans sa Correspondance qu'on se demande si Flaubert n'est pas lui-même un personnage de Flaubert!

Lire Flaubert, cet initiateur des voies empruntées depuis par le roman moderne, c'est refaire ce chemin dont nous disions qu'il s'achève aujourd'hui dans une impasse.

flaubert

« 18 1 Flaubert.

Œuvres majeures sion stylistique, une passion de pure forme.

Le style, chez Flaubert, cela sert à l'ivresse et vous invite à jouir.

Le style est cette machine de mots qui fabrique de l'émotion et transforme en plaisir le spectacle de la vio­ lence et du désenchantement, de l'amour et de la mort.

Attention: les romans de Flaubert ne sont pas à mettre entre toutes les mains.

Avec Flaubert, en effet, le romancier se fait écrivain et le lecteur devient adulte.

Avec la publication de Madame Bovary, une page se tourne et celles qui sui­ vent ne pourront plus être lues naïvement.

Fondateur du roman moderne, Flaubert est également à l'origine d'une nouvelle critique, dont le travail ne sera plus de porter des jugements de valeur afin d'alimenter de pari­ siennes polémiques, mais de rivaliser avec la com­ plexité de l'œuvre et de s'interroger sur le plaisir qu'elle procure.

Désormais adulte, le lecteur de Flaubert n'en est pas pour autant privé d'enfance.

Rejeton nostalgique et rebelle du romantisme, Flaubert est tout le contraire d'un écrivain froid, rationaliste et sûr de lui.

Son réa­ lisme, dont on a mal et trop chanté l'objectivité soi­ disant impersonnelle, est nourri d'onirisme, gavé de poésie, de lyrisme, de merveilleux.

Son œuvre est tra­ versée d'enchantements et de charmes qui semblent vouloir exorciser l'image lucide et sinistre qu'il nous donne de la condition humaine.

L'exorciser, mais aussi l'enrichir, l'approfondir, lui donner du relief.

Lire Flaubert permet d'assister à la naissance dans l'art des sciences de l'introspection, de la psychologie ou de la psychanalyse.

De préparer la lecture de Proust comme celle de Freud.

Celle de Zola ou de Camus.

Mais cela permet également de comprendre l'entre­ prise de déconstruction et de refondation de Céline, puis des nouveaux romanciers.

Les uns et les autres empruntant à Flaubert sa religion du style, sa narration en forme de dérive, ou l'éblouissante acuité de ses des­ criptions.. »

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