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Pourquoi travailler ?

Publié le 29/10/2009

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• Travailler : étymologiquement, ce verbe vient du latin tripalium, qui signifie instrument de torture. Cette étymologie donne à voir un des premiers sens (fondamentaux) de ce verbe. Travailler, c'est extérioriser et manifester une activité exigeant un effort pénible et douloureux, fournir un certain labeur provoquant fatigue et épuisement. Tout travail apparaît, originellement, comme cet effort pénible. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front! «, est-il dit dans la Bible, qui fait de cette opération le fruit d'un châtiment divin. Ainsi, travailler semble une activité forcée imposée à l'homme. Quant à l'adverbe « pourquoi «, il signifie, dans l'interrogation directe, « pour quelle raison « ou « dans quelle intention? «. Dans le «pourquoi«, il y a, à la fois, l'idée d'intention et de but, mais aussi celle de cause. C'est cette double signification qu'il faut élucider.

Quel est le problème (premier) soulevé par la question? Si le travail est, fondamentalement, effort douloureux pour sortir d'une situation, la question posée comporte une difficulté puisque toute réponse à cette question semble renvoyer à un élément purement négatif, non point à une réelle positivité. Comment l'instrument de torture pourrait-il déboucher sur une finalité positive, sur une authentique création? Tel semble être le problème initial surgissant de la question.

« contenter.

Si l'humanité ne s'était mise à travailler la terre, elle aurait dû affronter précocement la mort.

C'est lamort qui, en définitive, est la raison d'être de cette torture qu'est le travail.

L'humanité ne travaille que sous lamenace de la mort, ce maître absolu de nos existences.

Les hommes entreprennent des travaux de plus en plusdifficiles et pénibles à mesure qu'ils se multiplient et que la menace de mort devient de plus en plus manifeste etcontraignante.

C'est la dialectique de la pénurie et de la mort qui fournit son sens, son intention, sa finalité et sacause au travail.Le travail se comprend donc initialement à partir d'un processus fondamental de négativité : se sauver, échapper àl'imminence de la mort.

Le travail apparaît comme cette souffrance liée à la finitude de l'homme plongé dans unesituation de pénurie.

C'est parce que l'homme est un être fini et mortel qu'il travaille, pour dompter sa finitude et samort. B) Pourquoi travailler? Pour effectuer une production de soi-même. Néanmoins, le concept de travail ne se comprend-il que dans cette acception négative? L'effort douloureux poursortir d'une situation de pénurie et pour fuir l'imminence de la mort est, aussi, et d'un même mouvement, activitétransformatrice pour se rendre maître de la nature.

La tension pénible pour survivre dans une nature hostile quiconfronte l'homme à une mort imminente devient bien autre chose que la souffrance du chevalet de torture : uneaction intelligente et ordonnée de l'homme sur la matière.

Si le travail est originellement le signe de l'aliénation et dela souffrance, il se transmute lui-même à travers la lutte contre la pénurie et la rareté.

Ainsi, une seconde définitiondu travail peut ici être produite : le travail, c'est l'activité spirituelle pénétrant la matière.

Comme l'écrit justementJean Lacroix, « l'activité vitale de l'animal n'est pas travail, la contemplation de l'esprit pur n'est pas travail.

Letravail, c'est toujours l'esprit pénétrant difficilement dans une matière ».

Il apparaît donc comme une transformationintelligente et spirituelle de la nature des choses.

Or, pris en ce deuxième sens, comme activité consciente,intelligente et spirituelle, le travail trouve une finalité nouvelle et une pleine positivité.

Travailler, c'est produire sonessence, effectuer une production spirituelle de soi-même.

Ainsi, le travail humain n'est pas seulement unesouffrance, une torture, une contrainte appartenant à la sphère du châtiment, mais une production de l'homme àtravers la transformation et la négation du monde.

Pourquoi travailler? Pour se créer et créer son essence, commeHegel et aussi Marx l'ont souligné en des analyses célèbres.

La finalité (négative) du travail laisse alors la place àune intention pleinement positive.

Nous travaillons pour nous produire et parce que cette production de nous-mêmesn'est possible qu'à travers la médiation du labeur intelligent.

Travailler pour survivre, mais aussi pour se faire et seconstruire : tel est l'enseignement de la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel, et en particulier de la célèbredialectique du maître et de l'esclave, où la finalité et l'intention du travail sont remarquablement dégagées.

On saitque, dans la lutte à mort des consciences de soi opposées, l'esclave n'a pas osé affronter la mort et que le maître lecontraint à travailler pour lui.

Or, le serviteur, en œuvrant pour le maître, objective ses qualités physiques etmorales dans le monde qu'il élabore et qu'il crée.

En travaillant et en imprimant sa marque sur les choses, il dégage,exprime ou modifie sa nature et son essence.

Faire et, en faisant, se faire.

Il se produit en produisant les choses.

Ilforme ses qualités en agissant sur le monde et acquiert ainsi une supériorité décisive sur le maître.

Les objetsfabriqués portent en effet la marque du spirituel, de la conscience maîtrisant le monde.Dès lors, le travail, comme activité intelligente, apparaît comme une production de l'homme par lui-même lorsqu'ilproduit les choses.

Pourquoi travailler? Pour nous faire et acquérir une permanence dans le réel, un « en-soi », pournous objectiver dans le monde.

Le travail a pour fin fondamentale la recherche de notre essence véritable, la quêtede l'unité entre le sujet et l'objet.

Travailler pour assurer la synthèse du pour-soi et de l'en-soi. C) Pourquoi travailler? La conquête de l'autonomie et le dépassement de l'angoisse. a) L'autonomie.Ainsi, toutes les analyses précédentes convergent vers le même thème.

Nous travaillons pour nous construire, pourdévelopper nos facultés ou les créer, pour développer notre conscience claire et distincte des objets.

Or cesdifférents éléments s'unifient sous un même thème : produire ses moyens d'existence, se construire, construire saconscience, c'est, progressivement, conquérir son autonomie et sa liberté.

Pourquoi travaille-t-on? Pour atteindreson autonomie véritable.

Si cette formule du travail libérateur a pris par moments une signification tragique etdérisoire (à l'entrée des camps nazis, ne célébrait-on pas le travail libérateur?), il est bien vrai que, d'une manièregénérale, l'homme développe sa liberté en s'affrontant au monde.

Pourquoi travailler? Pour parvenir à la conscience-de-soi autonome. b) Le dépassement de l'angoisse.Travailler, disions-nous, permet de parvenir à une conscience-de-soi autonome.

Ajoutons que le travail permet laproduction de cette autonomie et, en même temps, le dépassement de l'angoisse fondamentale de l'être humain.

Eneffet, par le travail, non seulement je me libère de la mort au sens physique du terme (telle que nous l'avonsanalysée dans la première partie), mais aussi de l'idée de la mort, ce qui est tout aussi important.

Et, en effet,quand nous travaillons et nous extériorisons, nous contemplons avec jouissance notre pour-soi extériorisé, et cettecontemplation nous permet de surmonter l'angoisse de la mort.

Travailler pourquoi ? Pour nous affranchir del'angoisse paralysante de la mort.

C'est en nous extériorisant, en façonnant les choses que nous nous libérons de laterreur asservissante qu'inspire l'idée de la mort.

Au lieu de contempler stupéfait et pétrifié cette mort qui est sonlot, l'homme qui travaille se libère de l'angoisse et de la souffrance de son mortel destin. 3.

Conclusion Pourquoi travailler? Intention, finalité et cause du travail se dessinent pour nous comme formes positives et non. »

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