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Pourquoi, à votre avis, la modernité est-elle un élément essentiel dans le poème en prose ?

Publié le 22/02/2012

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Ce sujet ne s'intéresse qu'à un aspect, donc semble limité par rapport à vos connaissances sur le poème en prose. Mais c'est à la fois un thème central et la caractéristique formelle la plus importante. Vous pouvez donc aborder tous les aspects de la question. Attention toutefois à ne pas tomber dans le travers habituel à cet exercice, essayer de placer tout ce qu'on a appris, au risque d'un « hors sujet ». Restez prudent On peut opter pour un plan analytique, « analyse, portée, élargissement ». On a mis entre crochets les indications qui peuvent vous aider dans votre travail préparatoire, mais qu'il ne faudra surtout pas garder sur votre copie.

« Rimbaud décrit dans « Ponts » (Illuminations) une architecture moderne et métallique.

De son côté, Stéphane Mallarmé propose dans Proses en 1864, sept poèmes sur les objets du quotidien.

Or, il faut aussi montrer, dans l'ébauche d'une société matérialiste, la résistance des objets au discours.

En décrivant sa « Pipe », il annonce lapoésie de Ponge, qui nous déroute encore. La modernité est également dans l'écriture nouvelle : si, par définition le vers classique est rejeté, on conserve le plus souvent une structure strophique.

Quant à la syntaxe, Baudelaire opte pour une langue volontairement plate,dénuée d'effet, comme dans « Le désespoir de la vieille » : « La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie envoyant ce joli enfant à qui chacun faisait fête...

» La phrase s'adapte au sujet, et n'exclut pas le lyrisme commedans la version « prosaïque » de « L'Invitation au voyage » : « Oui, c'est là qu'il faut aller respirer, rêver et allongerles heures par l'infini des sensations...

» Mais ces passages alternent avec des phrases de la conversationquotidienne : « Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche...

» Pour Rimbaud ou Aloysius Bertrand, larecherche s'oriente vers l'expression du rêve, du fantasme, presque de l'inconscient.

Une saison en enfer exprime le rêve et la désillusion d'une expérience poétique nouvelle, dans le désordre de laponctuation, l'accumulation des images, ainsi : « Jadis, si je me souviens bien, ma vie étaitun festin où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient. Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux.

— et je l'ai trouvée amère.

— et je l'aiinjuriée...

» Certes, ces innovations frôlent parfois l'obscurité, mais elles permettront l'audace d'uneécriture libérée, que les Surréalistes feront exploser quelques décennies plus tard. 2.

Mais pas toujours Mais on ne saurait réduire l'inspiration des poètes-prosateurs à ce thème : Lautréamont ou Bertrand sont toujourstournés vers leur monde intérieur tourmenté.

Gaspard de la nuit, poème fondateur du genre, décrit des scènes inspirées des peintres flamands et du romantisme allemand, mais tirées de son imagination et de son universonirique.

Ainsi, après avoir décrit des abbayes, des pénitents, des tortures, des bourreaux, il conclut : « ...et je poursuivais d'autres songes vers le réveil». Rimbaud commence ainsi « L'Alchimie du Verbe » : « À moi.

L'histoire d'une de mes folies.

» C'est ce que Baudelaire aappelé « s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de laconscience », dans la Préface au Spleen de Paris. On trouve aussi la nature « classique » dans les Illuminations, puisque c'est dans « un sentier...

au bas du bois » que le poète rencontre l'« Aube ».

Une saison en enfer décrit l'automne dans un poème d'inspiration assez romantique « Adieu ». Les effets de la poésie classique sont abondamment utilisés, répétitions, anaphores, effets de sonorités, voire versblancs, qui abondent par exemple dans « Aube ».

La primauté est en fait attribuée aux images, associations libres,tendance qui s'accroît de Baudelaire à Rimbaud, pour anticiper parfois l'écriture automatique des Surréalistes.

Ainsi,« Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux detoutes nations et de navires de toutes formes...

» Mais la prose n'a pas l'exclusivité du monde moderne, et dès la fin du siècle, avant Apollinaire arpentant Londres ouParis, Aragon « Paysan de Paris », ou Cendrars entendant la « Prose du Transsibérien », d'autres poètes aux versplus réguliers, ont chanté Les Villes tentaculaires, comme Verhaeren. III.

les causes Comment expliquer cette association étroite de la prose poétique et du monde moderne ? 1.

L'environnement L'artiste n'est pas dans une tour d'ivoire.

Il est étroitement associé au monde dont il est le porte-parole.

À sa façon,il accomplit la mission sacrée que Hugo par exemple a assignée au poète, prophète et guide.

Sa sensibilité lui permetd'observer les humbles, les « choses vues », qui font de certains des poèmes du Spleen de Paris des petites nouvelles, des témoignages, sans réduire pour autant leur portée poétique. En cela, leur esthétique est proche des peintres.

Ainsi, Manet découvre-t-il la géométrie des ponts métalliques.Monet peint tous les effets de lumière de la gare Saint-Lazare enfumée ; et derrière les champs de blé de Van Goghse profilent les cheminées des villes.

L'homme est parfois absent, parfois minuscule, perdu dans ce nouvel univers ;parfois arrogant, il occupe tout l'espace des trottoirs de Caillebotte, marchant vers on ne sait quoi. À l'heure où les romanciers préfèrent le réalisme, voire le naturalisme, le poète se réfugie soit dans le symbolisme,soit dans une grande simplicité et modestie.

On en vient parfois à contester l'étiquette de « poésie » à une écriture. »

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