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PREFACE DES OEUVRES COMPLETES DE VICTOR HUGO

Publié le 23/01/2011

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hugo

« Notes et préface sont quelquefois un moyen commode d'augmenter le poids d'un livre, et d'accroître, en apparence du moins, l'importance du travail ; c'est une tactique semblable à celle des généraux d'armée, qui, pour rendre plus imposant leur front de bataille, mettent en ligne jusqu'à leurs bagages. Puis tandis que les critiques s'acharnent sur la préface et les érudits sur les notes, il peut arriver que l'ouvrage lui-même leur échappe et passe intact à travers leurs feux croisés, comme une armée qui se tire d'un mauvais pas entre deux combats d'avant-postes et d'arrière-garde. « HUGO V., Préface de Cromwell. Ici il est question que rien ne nous échappe et d'avoir bien en joue les thèmes de l'auteur, cette préface ayant pour but de vous donner les éléments, la boussole, l'astrolabe, le compas, et la carte pour vous permettre de vous guider dans les hautes régions de l'art que constitue la province hugolienne. De tout oeuvre, quelle qu'elle soit, chétive ou illustre, se dégage une figure, celle de l'écrivain. L'oeuvre de Hugo construit l'image d'un géant, un géant de prose et de vers, qui comme l'homme a traversé son siècle, traversera les millénaires. Immense, indicible, ineffable, telle est l'oeuvre de ce démiurge prolifique du 19ème siècle, suivant à tout hasard ce qu'il prend pour son inspiration, changeant de moule autant de fois que de composition, fuyant dans l'art les dogmes et les superstitions. Ecrivain, romantique, poète, dramaturge, romancier, homme politique, homme, c'est au travers des différents substantifs qui définissent Hugo que nous allons vous présenter l'oeuvre d'une vie. Cette préface vous servira d'amuse-gueule, de mise en bouche avant de déguster l'oeuvre d'une vie. Bon appétit, messieurs ! Avant d'aborder l'oeuvre littéraire en elle-même, il est bon de rappeler brièvement le rapport qu'entretient Hugo avec son siècle. « Je suis une force qui va ! Agent aveugle et sourd de mystères funèbres ! Où vais-je ? Je ne sais. Mais je me sens poussé d'un souffle impétueux, d'un destin insensé. « HUGO V., qui met ses paroles dans la bouche d'Hernani. Ce colosse de la littérature a traversé tout le XIXème siècle et s'est ancré définitivement dans notre culture. Avant d'aborder son oeuvre, il est nécessaire de préciser le contexte de l'écriture. Né en 1802 et mort en 1885, Hugo, auteur d'une stature incomparable et inégalée, a traversé son siècle de bout en bout et a laissé une trace imposante et indélébile dans son siècle. Fils d'un républicain général d'armée et d'une catholique royaliste, cette contradiction le prédispose, dira-t-il, à comprendre et à incarner les grandes contradictions politiques du siècle. Du catholicisme et du légitimisme vers le culte napoléonien, la liberté et la compassion pour le peuple, Hugo est en constante évolution comme son siècle qui reste l'un des plus instables politiquement de l'Histoire de France, la Révolution française ayant donné le coup de départ à la foire idéologique où se mêle restauration monarchique, monarchie modérée, éclaire républicain et empire. Bien qu'ayant des convictions fermes, Hugo ne sera jamais bêtement partisan, préférant de loin regarder cette agitation politique. Il se rend bien vite compte qu'évoluer sur le plan littéraire et partager des choix politiques réactionnaires (royaliste) sont incompatibles. Etant le symbole de l'homme évolutif, Hugo ne tardera pas à accorder ses convictions politiques avec ses choix littéraires, qui restent particulièrement novateurs. Le XIXème siècle est aussi le siècle des combats, d'abord le romantisme tentant d'imposer sa voie face au classicisme, puis le tournant la bataille d'Hernani, et enfin l'arrivée des naturalistes et des réalistes profitant de la désuétude des deux autres pour s'établir. Profondément romantique mais sans jamais s'inscrire dans un effet de mode, Hugo navigue sur tous les bords et observe scrupuleusement son époque, retranscrivant son avis dans son oeuvre. Premier roman à seize ans, chef de file de la jeune école romantique à l'âge de trente ans, académicien, pair de France, bourgeois libéral, aisé et influent, en exil par « Napoléon le petit « où il écrit le plus beau morceau de son oeuvre, sa barbe blanche, patriarche national des lettres, un acharnement à combattre la misère, la peine de mort, à défendre la dignité humaine et la paix, jusqu'à son dernier souffle, l'inflexible Hugo aura marqué son siècle. Balloté par les vents de l'histoire, Hugo demeure sur son navire jusqu'au bout. L'énergie de son époque se transmet dans son oeuvre, le contexte apportant énormément à la production d'Hugo, l'évolution de ses convictions déteignant sur elle. Par ailleurs, sa vie est aussi un drame familial, entre folie et mort prématuré, Hugo rencontre des chocs psychologiques qui le bouleversent intérieurement notamment la mort de sa fille aîné Léopoldine qui provoque une cassure et une césure. Celle-ci crée à sa suite une décade de vide littéraire chez Hugo et définie le second versant de sa vie où il est plus solitaire et méditatif. L'homme est indéniablement changé. Tout n'est pas noir dans la vie de Victor Hugo, nous pensons tout particulièrement à Juliette Drouet qui fut pour lui une sorte de Muse qui lui a fait rapprocher à ses yeux de bourgeois d'en haut la société dans bas. Pour terminer, Hugo entretient une relation étroite avec son siècle et ancre l'Histoire elle-même dans son oeuvre à l'image des Châtiments. L'Histoire comprise, non comme le blocage du présent dans la survivance du passé comme les classiques le défendaient mais comme son ouverture à l'avenir, en d'autres termes interpréter le passé pour mieux comprendre le présent et prédire l'avenir. « L'avenir arrivera-t-il ? (…) Faut-il continuer de lever les yeux vers le ciel ? Le point lumineux qu'on y distingue est-il de ceux qui s'éteignent ? L'idéal est effrayant à voir ainsi perdu dans les profondeurs, petit, isolé, imperceptible, brillant, mais entouré de toutes ces grandes menaces noires monstrueusement amoncelées autour de lui ; pourtant pas plus en danger qu'une étoile dans les gueules des nuages. « HUGO V. Commençons l'oeuvre littéraire par le genre romantique auquel le principal de son oeuvre s'y rattache. « Jetez dans l'art, comme dans la flamme, les poissons, les ordures, les rouilles, les oxydes, l'arsenic, le vert de gris, faites passer les incandescences à travers le prisme ou à travers la poésie, vous aurez des spectres splendides, et le laid deviendra grand, et le mal deviendra beau. « HUGO V. Pour ceux qui viennent de naître après la Révolution et qui naissent dans la genèse d'un monde nouveau, le monde, l'homme, les valeurs, la culture sont refaire et c'est à l'art à réinventer. Le romantisme a cette prétention et cette prétention est porté avec force par Hugo. Hugo ne soumet plus au règles rigoristes classiques et manifeste ce qu'il y a en lui d'unique dans son tempérament artistique, il écrit ce que bon lui semble jusqu'à faire du romantisme jusqu'à la fin du siècle ou le réalisme est dominant. Il exprime particulièrement dans la poésie ce qu'il y a d'intime en lui, ses émotions, ses sentiments autant que ses idées, son moi donc. L'amour prend également une place prépondérante à l'image de Dona Sol dans Ruy Blas, un amour vu du dedans tel que le coeur l'éprouve. Même s'il dérive parfois dans l'exposition exacerbée des sentiments humains, Hugo fait vrai, plus que le classicisme, voyant le monde qu'à travers les livres et les traditions, mais moins que le réalisme, qui peint avec plus de maîtrise et de perspicacité. Ce vrai, il le trouve en soi, à l'état brut à l'image des sentiments qui naissent en sa personne après la mort tragique de sa fille et qu'il exprime dans les Contemplations, il le trouve dans l'histoire à l'image des évènement terribles de la Révolution décrite dans Quatre-vingt-treize et dans l'observation directe des choses à l'image des personnages des Misérables pris dans le peuple. De plus Hugo utilise dans l'histoire passée ou présente tout ce qui puisse toucher l'âme des français, il ne s'agit plus de Grecs et de Romains comme auparavant : la répression du Second-Empire, un développement de la misère inhérente au développement industriel, Notre-Dame de Paris, Quatre-vingt-treize. La partie la plus romantique d'Hugo s'intègre dans la vie nationale et s'animent des émotions de la patrie. Quasimodo se laissant mourir en embrassant le cadavre putréfié d'Esméralda ou Jean Valjean mourant comme un ange montant au ciel sont d'autant d'exemples qui montrent le talent d'Hugo propre au romantisme de transformer le laid en beau, de transformer une situation mauvaise, hideuse en quelque chose de sublime et grandiloquente. C'est cette caractéristique qui s'ajoute à une attention accrue pour l'individu qui inscrit véritablement Hugo dans le mouvement romantique. « La liberté dans l'art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d'un même pas tous les esprits conséquents et logiques «. Fer de lance du romantisme, Hugo s'efforce d'en montrer l'exemple, il pense et par son oeuvre éclaire la société, il doit tout à la fois instruire et divertir, le combat littéraire ne pouvant se séparer du combat politique et social. Etant un observateur aigu de la société, le romantisme hugolien exprime parfaitement la réalité tout en se détachant du réalisme, ses oeuvres expriment un souffle plus grand que la simple expiration de l'homme. Hugo ne s'isole pas seulement dans la contemplation de son « moi « mais réfléchit à la misère sociale. Pour Hugo, il faut qu'il y ait beaucoup de choses senties, beaucoup de choses observées et que les choses devinées dérivent logiquement et simplement des choses senties et des choses observées. Un travail préparatoire colossal domine sa construction, une même exigence anime tous ses écrits, exprimant avec force sa conception de la littérature, une littérature libre refusant le cloisonnement, une littérature utilisant l'argot pour décrire la misère dans Les Misérables, une littérature repoussant avec force l'art pour l'art. « Ainsi le but de l'art est presque divin, ressusciter s'il fait de l'histoire ; créer s'il fait de la poésie «. Aucune oeuvre écrite d'une belle écriture n'est complète si la beauté de son sens ne la vivifie. La beauté de son sens se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté superficielle de l'écriture. Le scrupuleux Hugo nous offre une oeuvre d'une beauté aussi profonde qu'esthétique. Les écrivains et les poètes du 19ème siècle et Hugo en premier plan sont véritablement les organes d'un recommencement face à un classicisme tombé en décrépitude, prisonnier des traditions qu'ils célèbrent. Abordons les caractéristiques qui font d'Hugo notre plus grand poète. « Est-ce donc la vie d'un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n'a l'honneur d'avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! Insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! « HUGO V., préface des Contemplations. Le poète Hugo dialogue avec nous avec intimité, utilisant le moi intime et lyrique, tombant souvent dans la confidence personnelle, croyant à tort ou raison que lui c'est nous. Le poète Hugo explore le domaine du rêve, l'imaginaire, le moi intime exprimant ses tourments. Qu'il exprime le goût de la solitude et la mélancolie, l'émotion, l'idéal de pureté, l'expérience désenchantée du monde, l'épopée, le temps et l'espace, que le « je « poétique écoute, retranscrit, interprète, interroge, qu'il se fait procureur, juge et exécuteur du Second Empire, qu'il dénonce Napoléon III, l'usurpateur de la République, qu'il se contemple ou contemple la nature, qu'il avance de l'ombre à lumière, qu'il décortique le meurtre de Caïn, qu'il passe de la clarté aux ténèbres, qu'il magnifie l'homme, qu'il annonce l'avenir, la liberté de création domine chez le poète. « Ô Idéal, toi seul existes ! « « Tout ce que vous voyez est larve ; tout vous leurre Et tout rapidement fond dans l'ombre ; car tout Tremble dans le mystère immense et se dissout ; La nuit reprend le spectre ainsi que l'eau la neige… « HUGO V. L'Océan d'en haut. Que ce soit dans la métaphysique comme ici, Hugo aborde des thèmes aussi variés que profond. Avec lui la poésie n'est plus dans la forme mais dans les idées, il n'est plus question d'utiliser l'artifice, les manières fleuries et les tournures agréables pour que le fond, le sens du poème se dégage, il doit se dégager naturellement. Le dialogue intime que crée Hugo avec Léopoldine dans Demain dès l'aube où la forme poétique est inexistante et écrasée face au fond poétique qui réussit à transmettre la mélancolie de l'auteur dans notre coeur exprime parfaitement cette notion. D'ailleurs on peut y voir un autre thème hugolien, celui du spiritisme : Hugo à travers la poésie garde un contact fort avec l'âme de sa fille. Le fond de sa poésie est avant tout le sentiment, cette poésie est sentie plutôt que comprise, elle s'adresse au coeur plutôt qu'à l'esprit. D'autre part, dans la prodigieuse carrière poétique d'Hugo, le poète s'est constamment renouvelé, passant à un éloge de la royauté et de la religion à l'image d'Odes et poésies diverses à une poésie baigné d'occultisme où l'amour de la nature, de l'espace, de l'immensité, de l'infinie et la présence de l'être suprême sont les thèmes prédominants à l'image de la Légende des siècles. Il a trouvé dans l'incroyable variété de ses dons le moyen de représenter tous ses goûts et ses idées. « Tout est sujet ; tout relève de l'art ; tout a droit de cité en poésie. (…) Le poète est libre. « HUGO V. Nous allons nous attarder sur le dramaturge qui avec provocation a animé les passions entre les Modernes romantiques et les Anciens classiques. « Le drame est un miroir où se réfléchit la nature. Mais si ce miroir est un miroir ordinaire, une surface plane et unie, il ne renverra des objets qu'une image terne et sans relief, fidèle, mais décolorée ; on sait ce que la couleur et la lumière perdent à la réflexion simple. Il faut donc que le drame soit un miroir de concentration qui, loin de les affaiblir, ramasse et condense les rayons colorants, qui fasse d'une lueur une lumière, d'une lumière une flamme. Alors seulement le drame est avoué de l'art. « HUGO V., préface de Cromwell. Hugo s'exprime au théâtre par le drame romantique, dont la définition se rattache à un mélange de tragédie et de comédie dont en retire souvent l'arôme de l'épopée, le but étant de rendre compte de toute la réalité. Au nom du respect de la vie et de ses hasards, le drame romantique rejette les contraintes qui figeaient la tragédie dans des limites précises. Hugo ironise sur l'invraisemblable « péristyle « où se rencontrent les personnages, sur l'unité de temps de vingt-quatre heures. Il se moque aussi des événements intéressants qui se passent en coulisse, refuse que les personnages soient uniquement d'origine noble et que le langage ne soit que de la langue soutenue. Il assouplit la règle de l'unité d'action en acceptant des actions secondaires. Libéré des conventions, le drame repose sur le mélange des genres, des formes et des tonalités, il met en scène des héros déchirés entre leurs passions et leurs engagements, pris au piège de situations qu'ils n'ont pas voulues sur une même veine tragique, l'amour heureux ne pouvant se réaliser. Ils sont nobles ou proscrits, parfois les deux, ou simples domestiques. Ils ne sont tenus par aucune ligne de comportement répondant à la bienséance. Leur langage est celui de leur condition sociale. Ils illustrent la nature humaine dans sa grandeur et dans ses faiblesses, à la fois sublimes et grotesques, tragiques et comiques. Chaque drame est l'occasion d'un nouvel engagement et l'enjeu de vifs affrontements, la jeunesse, les audaces et les outrances de ces compositions déchaîne le publique et la critique cachant souvent une faiblesse dramatique. Au milieu d'excès flamboyants et de fantaisies et autres goûts prononcés pour le lyrisme, le pathétisme, et un démontage des alexandrins classiques, l'ensemble dramatique qu'Hugo construit est remarquable par sa rigueur et ferait presque penser au théâtre classique si ce n'est que le hasard substitue aux dieux. Hernani et Ruy Blas provoquent les effets qu'on attend d'une représentation théâtrale, c'est à dire un plaisir des yeux, du coeur et de l'esprit. Le subtile Hugo marque le théâtre français, restant toutefois moins producteur de bons fruits qu'on aurait pu le croire.
Extrait d'Hernani HERNANI Oh ! mes amis sont morts ! oh ! je suis insensé ! Pardonne. Je voudrais aimer, je ne le sai ! Hélas! J'aime pourtant d'une amour bien profonde ! Ne pleure pas, mourons plutôt ! Que n'ai-je un monde? Je te le donnerais! Je suis bien malheureux ! DONA SOL se jetant à son cou. Vous êtes mon lion superbe et généreux ! Je vous aime. HERNANI Oh ! l'amour serait un bien suprême Si l'on pouvait mourir de trop aimer ! DONA SOL. Je t'aime! Monseigneur! Je vous aime et je suis toute à vous. HERNANI laissant tomber sa tête sur son épaule. Oh! qu'un coup de poignard de toi me serait doux! DONA SOL suppliante. Ah! ne craignez-vous pas que Dieu ne vous punisse De parler de la sorte? HERNANI toujours appuyé sur son sein. Eh bien ! qu'il nous unisse ! Tu le veux. Qu'il en soit ainsi ! J'ai résisté ! Tons deux, dans les bras l'un de l'autre, se regardent avec extase, sans voir, sans entendre et comme absorbés dans leur regard. Entre don Ruy Gomez par la porte du fond. Il regarde, et s'arrête comme pétrifié sur le seuil. Hernani est le tournant du romantisme, avec lui le drame romantique se révèle au grand jour avec toute son impétuosité. Hugo invente un style nouveau, un style neuf composé d'images plus nombreuses mais surtout plus audacieuses, « mon lion superbe et généreux « étant bon nombre de fois boudé par les comédiens qui le citait, un style constitué d'une langue plus riche et plus concrète que les vers classiques. Le ton est aussi plus varié : impulsif, vif, nerveux, méditatif, rêveur, éloquent, majestueux… Le drame accroche le spectateur et est véritablement un spectacle. Néanmoins, à part une exception Ruy Blas, le moule que créé Hugo avec Hernani ne servira qu'à des oeuvres relativement médiocre. Avec du recul, ses deux plus grands drames paraissent infiniment plus proche de la tragédie classique que ne s'en doutait l'auteur lui-même. Les personnages ne sont-ils pas presque tous empruntés aux plus hautes classes de la société, rois et princes, reine et princesses ? Ruy Blas et Hernani s'amourachent de princesses, Don Salluste veut se venger d'une reine, ces intrigues ne sont-ils pas fondées sur les luttes de l'amour et de la politique ? N'y parle-t-on pas plus qu'on y agit ? Le style n'y est-il pas presque toujours noble et élevé ? Avec plus de légèreté et de liberté, certes, mais les points communs avec un Racine et un Corneille sont nombreux. Pour conclure, avec une action plus compliqué et bien ficelé, un lyrique plus épanché, un rythme plus fluide, une richesse plus profonde, Hernani et Ruy Blas font d'Hugo quelqu'un de polygraphe pouvant briller dans tous les genres. « La franchise de Molière, la grandesse de Corneille, l'imagination de Shakespeare, fondues au creuset d'Hugo, forment ici un airain de Corinthe supérieur à tous les métaux. « GAUTIER T, à l'occasion de la représentation de Ruy Blas. Etudions le roman hugolien, siège des remous entre histoire, philosophie et épopée. « C'est de l'histoire écoutée aux portes de la légende. « HUGO V. Roman de la totalité, roman de la solitude, roman d'amour, roman maritime, roman industriel, roman d'aventure, roman historique, roman personnel, roman psychologique, roman social, pamphlet abolitionniste, fresques épiques, romancier hors pair, Hugo explore encore et toujours son imaginaire tout en peignant ses fictions de réalité. Le gothique, le noir, l'épopée, le mélodrame, l'histoire, la passion se vitrifient pour former le récit hugolien. Quoique pittoresque et romanesque, ses romans prennent une orientation très critique, ils demeurent de véritables moyens d'expression, deviennent des pédagogues, enseignent, guident, transmettent. Malgré une tendance de l'écrivain à user et abuser des descriptions et des références historiques, malgré un étalage de connaissances dans lequel Hugo s'enlise parfois, les récits qui émergent de ses romans font d'Hugo l'un des plus grands auteurs romanesque. Un des rares auteurs à comprendre, décrire l'esprit du peuple tel qu'il est dans ses caractères bons et mauvais. Il réussit à attraper le mouvement des masses populaires pour le retranscrire dans ses romans, comme on attrape un poisson pour le relâcher aussitôt. Le goût de l'épopée, des héros aux prises avec les forces de la nature, de la société, de la fatalité, aux prises avec les dogmes, les superstitions, les lois et les préjugés font de ses romans des tragédies, des petites parties de l'ensemble que constitue la tragédie humaine. L'homme dans la pauvreté, l'homme dans la cruauté, l'homme dans la monstruosité, l'homme face aux éléments, l'homme est le véritable héros de ces romans. Ce héros exprime ses inquiétudes et ses espoirs, ses joies et ses douleurs, est amoureux, s'épanche, observe, est dominé par la passion qui agite les plus secrètes parties de son coeur, développe ses états d'âme, est inquiet déchiré devant le monde moderne, marginal, est pris dans le peuple, ce héros est humain. Hugo met des grandes âmes dans des petits gens. En faisant de l'individu et de ses états d'âme personnels un objet de littérature, en prônant le goût du vrai, en montrant un goût pour des passions idylliques remplies d'obstacles et par son sens de l'intrigue à la fois complexe, mouvementé, profonde, et solidement noué, Hugo crée un genre à part entière. Ce qui le distingue des autres auteurs romanesques et qui ressort de façon frappante quand on referme les Misérables est qu'Hugo compose ses romans comme un poète. Sur le papier on croit penser qu'on se rapproche du roman réaliste et pourtant quand y pense franchement, ce genre ne nous vient véritablement pas à l'esprit, on pense plutôt à quelque chose qui vous frappe intérieurement comme un poème émotivement. Extrait des Misérables. L'onde Et L'ombre Un homme à la mer ! Qu'importe! Le navire ne s'arrête pas. Le vent souffle, ce sombre navire-là a une route qu'il est forcé de continuer. Il passe. L'homme disparait, puis reparait, il plonge et remonte à la surface, il appelle, il tend les bras, on ne l'entend pas ; le navire, frissonnant sous l'ouragan, est tout à sa manoeuvre, les matelots et les passagers ne voient même plus l'homme submergé ; sa misérable tête n'est qu'un point dans l'énormité des vagues. Il jette des cris désespérés dans les profondeurs. Quel spectre que cette voile qui s'en va! Il la regarde, il la regarde frénétiquement. Elle s'éloigne, elle blêmit, elle décroît. Il était là tout à l'heure, il était de l'équipage, il allait et venait sur le pont avec les autres, il avait sa part de respiration et de soleil, il était un vivant. Maintenant, que s'est-il donc passé ? Il a glissé, il est tombé, c'est fini. Il est dans l'eau monstrueuse. Il n'a plus sous les pieds que de la fuite et de l'écroulement. Les flots déchirés et déchiquetés par le vent l'environnent hideusement, les roulis de l'abîme l'emportent, tous les haillons de l'eau s'agitent autour de sa tête, une populace de vagues crache sur lui, de confuses ouvertures le dévorent à demi; chaque fois qu'il enfonce, il entrevoit des précipices pleins de nuit ; d'affreuses végétations inconnues le saisissent, lui nouent les pieds, le tirent à elles; il sent qu'il devient abîme, il fait partie de l'écume, les flots se le jettent de l'un à l'autre, il boit l'amertume, l'océan lâche s'acharne à le noyer, l'énormité joue avec son agonie. Il semble que toute cette eau soit de la haine. Il lutte pourtant. Il essaye de se défendre, il essaye de se soutenir, il fait effort, il nage. Lui, cette pauvre force tout de suite épuisée, il combat l'inépuisable. Où donc est le navire ? Là-bas. A peine visible dans les pâles ténèbres de l'horizon. (…). La nuit descend, voilà des heures qu'il nage, ses forces sont à bout ; ce navire, cette chose lointaine où il y avait des hommes, s'est effacé; il est seul dans le formidable gouffre crépusculaire, il enfonce, il se roidit, il se tord, il sent au-dessous de lui les vagues monstres de l'invisible; il appelle. Il n'y a plus d'hommes. Où est Dieu? Il appelle. Quelqu'un ! Quelqu'un ! Il appelle toujours. Rien à l'horizon. Rien au ciel. Il implore l'étendue, la vague, l'algue, recueil; cela est sourd. Il supplie la tempête; la tempête imperturbable n'obéit qu'à l'infini. (…). Ô marche implacable des sociétés humaines! Pertes d'hommes et d'âmes chemin faisant! Océan où tombe tout ce que laisse tomber la loi ! Disparition sinistre du secours! Ô mort morale ! La mer, c'est l'inexorable nuit sociale où la pénalité jette ses damné«. La mer, c'est l'immense misère. Hugo possède l'art du conteur et l'art du descripteur. Il réussit comme ici à transposer les idées et les sentiments, une affreuse misère qui dévore et un Jean Valjean rempli de détresse et à bout, en scène et en image symbolique, l'engloutissement d'un homme par l'océan. En élargissement, les Misérables qui est le roman le plus abouti, le plus grand et le plus rayonnent de Victor Hugo se constitue comme oeuvre d'autorité et puissante qui malgré des ralentissements que constituent les études quasiment technique d'un point d'histoire (Waterloo), d'urbanisme (Les Egouts de Paris) ou linguistique (L'Argot), le récit véhicule de grandes idées tel une société injuste qu'une loi trop souvent criminelle et peu éclairé domine et quelques grands sentiments tel que le coeur, la charité et la pitié. Ses romans restent et perdurent tant ils sont admirablement écrits et construits. Hugo créé des véritables chef d'oeuvre particulièrement louables pour la représentation morale des personnages. Terminerons par l'homme engagé, qui par sa détermination, son courage et son engagement littéraire font de lui un porte-parole et un guide de l'humanité. « Echafauds ! Qu'est-ce vous nous voulez ? Ô machines monstrueuses de la mort, hideuses charpentes de néant, apparitions du passé, toi qui tiens à deux bras ton couperet triangulaire, toi qui secoues un squelette au bout d'une corde, de quel droit reparaissez-vous en plein midi, en plein soleil, en plein 19ème siècle, en pleine vie ? (…). Pour civiliser l'homme, pour corriger le coupable, pour illuminer la conscience, pour faire germer le repentir dans les insomnies du crime, nous avons mieux que vous, nous avons la pensée, l'enseignement, l'éducation patiente, l'exemple religieux, la clarté en haut, l'épreuve en bas, l'austérité, le travail, la clémence. « HUGO V. Avant d'être un écrivain, Hugo est un homme. Son oeuvre le montre parfaitement, c'est l'oeuvre d'un homme engagé, combattant par la plume, Hugo, le polémiste, manie le réquisitoire politique, refuse une société obsédée par le pouvoir et l'argent, regarde le mal du siècle et les souffrances des opprimés, s'engage dans l'action politique, par ses écrits, se veut le porte-parole de l'humanité dont il se fait le guide, prenant position contre toutes les formes d'oppression politique dénonçant l'exploitation et la pauvreté nées du développement de l'industrialisation, dévoilant les aspects les plus scandaleux de la réalité sociale et politique et se battant contre la peine de mort et contre les injustices de la justice humaine défendant ceux qu'il croit injustement persécutés. Il se croit chargé d'une mission social et humanitaire, il prétend par son oeuvre diriger les peuples vers un avenir meilleur, il doit faire connaître. Beaucoup reproche ce caractère de poète qui se croit éclairé par une inspiration que ne reçoivent pas les autre hommes et ce don de visionnaire dont le gratifie la « puissance céleste « ajouté à cela à un narcissisme et un orgueil légendaire. Toutefois Hugo ne prédit pas des balivernes, surmonte son « mal du siècle « pour s'impliquer dans la vie politique, il possède une plus grande influence que les autres auteurs du 19ème siècle, il est connu, aimé autant que détesté, et une figure médiatique avant l'heure jusqu'à ce que ses grandioses funérailles nationales que représente son enterrement soit l'occasion pour la toute jeune troisième République de fonder sa légitimité et de célébrer ses valeurs de liberté et de fraternité qu'incarne le personnage. L'artiste se veut penseur et utilise son art pour faire passer ses pensées. Hugo nous fait entrer dans la réflexion profonde, nous convie à aimer, à déplorer, à penser et à vivre. L'oeuvre immense s'offre maintenant à vos yeux ébahis, on saurait la résumer, nous espérons vous avoir donné quelques éléments. Hugo a tout écrit, écrit dans tous les genres, il est notre plus grand poète ; les parcours infinis traversant ses milliers de pages mènent toujours quelque part. Interrogation du monde, réflexion sur l'homme, son destin, méditation sur l'Histoire, la richesse de son oeuvre est indescriptible. Son oeuvre se confond avec le siècle tout entier, les luttes et les rêves de l'écrivain étant celle du 19ème siècle et de toute une nation. Vous allez pouvoir comprendre que « Les livres sont des amis froids et sûrs. « et regarder Hugo comme l'oeil de la conscience regardait Caïn dans sa tombe. Auteur universel et inqualifiable, interprète du passé, il nous laisse une oeuvre inclassable, un objet spirituel puissant et lumineux qui finit par se détacher du texte pour rayonner dans l'esprit et le coeur. Tout l'oeuvre hugolienne est une célébration du monde sensible et sentimentale, une longue et merveilleuse fête où seraient réunis le fond et la forme qui entretiendraient une véritable collaboration. Avec sa carrure imposante, son verbe haut, sa personnalité présomptueuse, sa plume créant un style riche et des intrigues complexes, Hugo s'inscrit dans le panthéon des auteurs français. Voulant être Chateaubriand, il le surpasse. Avec Hugo, la littérature est le moment d'une avancée. Qui donc mieux que le mineur connaît les galeries de la mine ? Nous laissons Hugo conclure cette préface. « De la valeur de l'oeuvre livrée ici dans son ensemble au public, l'avenir décidera. Mais ce qui est certain, a qui dès à présent contente l'auteur, c'est que, dans le temps où nous sommes, dans ce tumulte d'opinions, dans la violence des partis pris, quelles que soient les passions, les colères, les haines, aucun lecteur quel qu'il soit, s'il est lui-même digne d'estime, ne posera le livre sans estimer l'auteur. « HUGO V., préambules des oeuvres complètes.

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« distingue est-il de ceux qui s'éteignent ? L'idéal est effrayant à voir ainsi perdu dans les profondeurs, petit, isolé,imperceptible, brillant, mais entouré de toutes ces grandes menaces noires monstrueusement amoncelées autour delui ; pourtant pas plus en danger qu'une étoile dans les gueules des nuages.

»HUGO V.Commençons l'oeuvre littéraire par le genre romantique auquel le principal de son oeuvre s'y rattache.« Jetez dans l\'art, comme dans la flamme, les poissons, les ordures, les rouilles, les oxydes, l\'arsenic, le vert degris, faites passer les incandescences à travers le prisme ou à travers la poésie, vous aurez des spectressplendides, et le laid deviendra grand, et le mal deviendra beau.

»HUGO V.Pour ceux qui viennent de naître après la Révolution et qui naissent dans la genèse d'un monde nouveau, le monde,l'homme, les valeurs, la culture sont refaire et c'est à l'art à réinventer.

Le romantisme a cette prétention et cetteprétention est porté avec force par Hugo.

Hugo ne soumet plus au règles rigoristes classiques et manifeste ce qu'il ya en lui d'unique dans son tempérament artistique, il écrit ce que bon lui semble jusqu'à faire du romantisme jusqu'àla fin du siècle ou le réalisme est dominant.

Il exprime particulièrement dans la poésie ce qu'il y a d'intime en lui, sesémotions, ses sentiments autant que ses idées, son moi donc.

L'amour prend également une place prépondérante àl'image de Dona Sol dans Ruy Blas, un amour vu du dedans tel que le coeur l'éprouve.

Même s'il dérive parfois dansl'exposition exacerbée des sentiments humains, Hugo fait vrai, plus que le classicisme, voyant le monde qu'à traversles livres et les traditions, mais moins que le réalisme, qui peint avec plus de maîtrise et de perspicacité.

Ce vrai, il letrouve en soi, à l'état brut à l'image des sentiments qui naissent en sa personne après la mort tragique de sa fille etqu'il exprime dans les Contemplations, il le trouve dans l'histoire à l'image des évènement terribles de la Révolutiondécrite dans Quatre-vingt-treize et dans l'observation directe des choses à l'image des personnages des Misérablespris dans le peuple.

De plus Hugo utilise dans l'histoire passée ou présente tout ce qui puisse toucher l'âme desfrançais, il ne s'agit plus de Grecs et de Romains comme auparavant : la répression du Second-Empire, undéveloppement de la misère inhérente au développement industriel, Notre-Dame de Paris, Quatre-vingt-treize.

Lapartie la plus romantique d'Hugo s'intègre dans la vie nationale et s'animent des émotions de la patrie.

Quasimodo selaissant mourir en embrassant le cadavre putréfié d'Esméralda ou Jean Valjean mourant comme un ange montant auciel sont d'autant d'exemples qui montrent le talent d'Hugo propre au romantisme de transformer le laid en beau, detransformer une situation mauvaise, hideuse en quelque chose de sublime et grandiloquente.

C'est cettecaractéristique qui s'ajoute à une attention accrue pour l'individu qui inscrit véritablement Hugo dans le mouvementromantique.

« La liberté dans l'art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d'un mêmepas tous les esprits conséquents et logiques ».

Fer de lance du romantisme, Hugo s'efforce d'en montrer l'exemple, ilpense et par son oeuvre éclaire la société, il doit tout à la fois instruire et divertir, le combat littéraire ne pouvantse séparer du combat politique et social.

Etant un observateur aigu de la société, le romantisme hugolien exprimeparfaitement la réalité tout en se détachant du réalisme, ses oeuvres expriment un souffle plus grand que la simpleexpiration de l'homme.

Hugo ne s'isole pas seulement dans la contemplation de son « moi » mais réfléchit à la misèresociale.

Pour Hugo, il faut qu'il y ait beaucoup de choses senties, beaucoup de choses observées et que les chosesdevinées dérivent logiquement et simplement des choses senties et des choses observées.

Un travail préparatoirecolossal domine sa construction, une même exigence anime tous ses écrits, exprimant avec force sa conception dela littérature, une littérature libre refusant le cloisonnement, une littérature utilisant l'argot pour décrire la misèredans Les Misérables, une littérature repoussant avec force l'art pour l'art.

« Ainsi le but de l'art est presque divin,ressusciter s'il fait de l'histoire ; créer s'il fait de la poésie ».

Aucune oeuvre écrite d'une belle écriture n'estcomplète si la beauté de son sens ne la vivifie.

La beauté de son sens se répand comme une lumière mystérieuse surla beauté superficielle de l'écriture.

Le scrupuleux Hugo nous offre une oeuvre d'une beauté aussi profondequ'esthétique.

Les écrivains et les poètes du 19ème siècle et Hugo en premier plan sont véritablement les organesd'un recommencement face à un classicisme tombé en décrépitude, prisonnier des traditions qu'ils célèbrent.Abordons les caractéristiques qui font d'Hugo notre plus grand poète.« Est-ce donc la vie d'un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi.

Nul de nous n'a l'honneur d'avoir une viequi soit à lui.

Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une.

Prenezdonc ce miroir, et regardez-vous-y.

On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi.

Parlez-nous de nous, leurcrie-t-on.

Hélas ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.

Comment ne le sentez-vous pas ? Ah !Insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! »HUGO V., préface des Contemplations.Le poète Hugo dialogue avec nous avec intimité, utilisant le moi intime et lyrique, tombant souvent dans laconfidence personnelle, croyant à tort ou raison que lui c'est nous.

Le poète Hugo explore le domaine du rêve,l'imaginaire, le moi intime exprimant ses tourments.

Qu'il exprime le goût de la solitude et la mélancolie, l'émotion,l'idéal de pureté, l'expérience désenchantée du monde, l'épopée, le temps et l'espace, que le « je » poétiqueécoute, retranscrit, interprète, interroge, qu'il se fait procureur, juge et exécuteur du Second Empire, qu'il dénonceNapoléon III, l'usurpateur de la République, qu'il se contemple ou contemple la nature, qu'il avance de l'ombre àlumière, qu'il décortique le meurtre de Caïn, qu'il passe de la clarté aux ténèbres, qu'il magnifie l'homme, qu'ilannonce l'avenir, la liberté de création domine chez le poète.« Ô Idéal, toi seul existes ! » « Tout ce que vous voyez est larve ; tout vous leurre Et tout rapidement fond dansl'ombre ; car tout Tremble dans le mystère immense et se dissout ; La nuit reprend le spectre ainsi que l'eau laneige… »HUGO V.

L'Océan d'en haut.Que ce soit dans la métaphysique comme ici, Hugo aborde des thèmes aussi variés que profond.

Avec lui la poésien'est plus dans la forme mais dans les idées, il n'est plus question d'utiliser l'artifice, les manières fleuries et lestournures agréables pour que le fond, le sens du poème se dégage, il doit se dégager naturellement.

Le dialogueintime que crée Hugo avec Léopoldine dans Demain dès l'aube où la forme poétique est inexistante et écrasée faceau fond poétique qui réussit à transmettre la mélancolie de l'auteur dans notre coeur exprime parfaitement cette. »

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