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Le présent existe-t-il ?

Publié le 17/01/2004

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EXISTER / EXISTENCE: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait. Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister. Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée.

Le présent est le premier terme qui peut surprendre dans ce sujet. Si nous avions à le définir, nous le considérerions d’abord comme une partie du temps. Généralement, le temps étant défini en trois parties (passé, présent, avenir) le présent serait  un moment déterminé du temps. A partir de là, la question semble d’avance résolue : le présent existerait comme le passé et le futur existent également. Or, rapidement, nous pouvons nous rendre compte que le passé, comme son nom l’indique, n’existe plus. Tout au plus se retrouve -t-il par bribes à travers la mémoire. Il reste néanmoins impossible à revivre. De la même façon, l’avenir lui, n’existe pas non plus, puisqu’il n’a pas encore eu lieu. Or, si, ni passé, ni avenir n’existent véritablement, en quoi le présent lui, pourrait-il exister ? Nous pourrions bien dire que  lui aussi tend toujours à nous échapper et que donc nous ne pouvons pas non plus lui conférer une primauté quelconque. Il ressemble plutôt à un mouvement qu’à quelque chose de bien déterminé que nous pourrions cerner et définir. Cependant, la notion d’existence, qui est aussi présente dans ce sujet, peut à son tour cacher une ambiguïté. Si nous pouvons dire de quelque chose que cela existe au sens où cela est  (il existe tel concours, telle situation possible…), nous pouvons également opposer essence et existence. L’essence serait ce qui pourrait être cerné et défini, alors que l’existence serait justement ce qui s’accomplit à travers des possibles, ce qui se construit à chaque instant. Or, le présent n’est-il définissable autrement que par la saisie que nous en avons ? 

« représenté géométriquement soit valable.

Comme la succession du passé, du présent et de l'avenir se fait de façonininterrompue, peut-être faut-il rappeler, par le concept de durée , cette continuité.

Suivons ici Bergson, dans la Pensée et le Mouvant , « C'est justement cette continuité indivisible de changement qui constitue la durée vraie(…)La durée réelle est ce que l'on atoujours appelé le temps, mais le temps perçu comme indivisible .

Quand nous écoutons une mélodie, nous avons la plus pure impression de succession quenous puissions avoir.

Si nous la découpons en notes distinctes, en autantd'avant et d'après qu'il nous plaît, c'est que nous y mêlons des images spatialeset que nous imprégnons la succession de la simultanéité : dans l'espace, et dansl'espace seulement, il y a distinction nette de parties extérieures les unes auxautres.

(…) C'est grâce à la durée que prennent place dans un seul et mêmetemps les changements plus ou moins longs auxquels nous assistons en nous etdans le monde extérieur.

» Ainsi, si nous ne divisons pas le temps, le présentn'a plus le statut spécifique d'un moment à part entière dans lequel seraientcontenus passé et avenir.

A l'inverse, le passé étant présent par la mémoire etl'avenir par l'imagination, le présent ressemble à un trait d'union qui nous permetd'unir ces deux capacités par la conscience que nous en avons.

Il n'y a doncqu'une durée continue dans laquelle le présent ne peut pas prétendre existercomme un moment bien distinct et spécifique de cette continuité.

III/ La continuité doit inviter à saisir le présent S'il n'y a donc qu'une continuité, sans début ni fin, dont nous ne pouvons distinguer les différents momentsque par la représentation spatiale, nous pourrions pousser cette idée jusqu'au bout au point de dire que le tempsn'est qu'un éternel recommencement.

L'idée d'une avancée dans le temps ressemblerait alors à une illusion dans lamesure où le temps pourrait être assimilé à un éternel retour.

Nous retrouvons ici les conceptions mythiques dutemps qui lui confèrent le seul statut d'illusion.

Cependant, nous ne pouvons nier notre propre capacité de nousprojeter dans l'avenir et d'agir dans le présent en vue de ce projet.

Cette possibilité d'agir nous fait donc sortir de ladimension proprement circulaire d'un temps qui se répéterait éternellement.

C'est bien là que nous pourrions alorsretrouver le statut spécifique de l'existence, qui consiste à « sortir » de ce qui ne fait qu'être pour s'ouvrir à ce quiest possible et le réaliser.

Par cette projection qui nous constitue essentiellement (les animaux, de fait, ne formentpas de projets) nous avons la possibilité d'exercer notre volonté et d'agir conformément à cette dernière.

Il nous estalors permis de nous construire nous-mêmes, de décider de ce que nous serons pour toujours par nos actionseffectuées dans le présent.

Nous devons donc être des êtres existants pour pouvoir avoir un présent qui nous estpropres.

En ce sens, c'est en saisissant le présent, en nous construisant nous-mêmes à travers lui que nous lefaisons à proprement parler exister.

Il n'a de sens que pour des existants qui le saisissent et lui donnent par là mêmeson existence propre.

C'est pourquoi la phrase de Marc-Aurèle pourrait ici prendre tout son sens : « Jette donctout, ne garde que ce peu de chose.

Et encore souviens-toi que chacun ne vit que par l'instant présent, par lemoment ; le reste, c'est le passé ou un obscur avenir.

» En jetant quelque peu de lumière sur cet obscur avenir, parnos projets, le présent s'ouvre à nous comme saisie propre de notre existence.

Conclusion : -Le présent contient en lui le temps tout entier : il est le seul temps qui soit.-Son essence n'en est pourtant pas une : il appartient à la continuité de la durée.-Il est pourtant moment d'action où nous nous construisons nous-mêmes.Le présent n'existe que lorsque l'homme le fait exister.. »

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